Reconnaissable à sa fourrure rousse rayée de noir, le tigre a de tous temps été un symbole de force et de puissance. Ses techniques de chasse crépusculaires et ses sens développés en ont fait un super-prédateur et l’un des plus redoutables carnivores terrestres. Pourtant, s’il est reconnu comme le plus grand félin sauvage, le tigre est aussi l’un des plus menacés. La perte de son habitat et le braconnage qui ont poussé l’espèce au bord de l’extinction au siècle dernier se poursuivent encore, l’empêchant de quitter la liste rouge des espèces en danger malgré les mesures de protection prises depuis dix ans.
À l’état sauvage, les 5 sous-espèces actuelles de tigre ne se rencontrent qu’en Asie, à travers l’Inde, le Bangladesh, le Népal, la Chine mais aussi la Thaïlande ou la Russie. Capable de s’accommoder d’une multitude d’habitats différents, nous observons chez le félin une préférence marquée pour les milieux où la végétation dense peut constituer à la fois un terrain de chasse et un abri tels que les forêts tropicales humides, les mangroves et les forêts froides de conifères.
La situation du tigre dans le monde a atteint un stade si critique qu’il devient difficile d’affirmer que l’espèce existera encore à l’état sauvage d’ici à 50 ans. De 100 000 individus il y a environ un siècle, seuls 4000 survivent encore aujourd’hui à travers une poignée de pays. Trois sous-espèces se sont d’ores et déjà éteintes : le tigre de Java, le tigre de Bali et le tigre de la Caspienne.
Tout autant craint qu’admiré, le tigre a toujours constitué un formidable trophée de chasse. Au cours du XXème siècle, colons anglais et maharadjas en ont fait un véritable loisir, organisant des battues régulières où la mise à mort d’un individu était un véritable symbole de prestige.
Désormais interdite dans tous les pays où vit le félin, c’est le braconnage qui représente aujourd’hui encore sa principale menace.
On recherche activement le tigre pour sa peau utilisée en décoration d’intérieur mais également pour ses griffes, ses crocs, ses os et ses organes, censés posséder selon la médecine traditionnelle chinoise d’étonnantes vertus.
Ce trafic illégal ouvert à l’international a désormais tout d’un véritable business exercé par de puissantes mafias, et génère parfois jusqu’à plus de 3,5 millions d’euros par an. Une centaine de tigres disparaissent ainsi chaque année.
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La croissance démographique, l’expansion de l’agriculture, la construction de routes et d’infrastructures, les incendies de forêts, nos activités humaines ne cessent de grignoter le territoire initial du félin. Le tigre a déjà perdu 93% de son aire de répartition traditionnelle, et ne survit plus que sur des parcelles dégradées et éloignées les unes des autres, où les individus peinent à se rencontrer et à se reproduire.
Chassées par le défrichage, la pollution et l’utilisation de poison, bon nombre de ses proies ont également disparu, contribuant encore davantage aux incertitudes concernant la survie à long terme des individus restants.
Les conflits entre les êtres humains et la faune sont de plus en plus fréquents partout à travers le monde et découlent directement de l’accroissement de nos populations qui nous mènent à coloniser des régions autrefois exclusivement occupées par les animaux sauvages.
Dans le cas du tigre, la diminution de l’habitat naturel et du nombre des proies disponibles pousse le félin à se rapprocher toujours plus près des communautés humaines. Cela donne lieu à une rude compétition pour l’espace et la nourriture, d’autant que c’est généralement vers les troupeaux de bétail dont dépendent bon nombre de communautés rurales que se tourne le félin affamé.
En représailles, l’animal sera tué ou capturé, parfois même par simple mesure de précaution, et envoyé dans des zoos ou revendu à prix d’or au marché noir.
Depuis les années 1970 et la reconnaissance de la vulnérabilité de l’espèce, de nombreuses réserves protégées ont vu le jour et beaucoup de programmes ont fait leur apparition pour lutter contre le commerce illégal du tigre. Des recensements réguliers sont désormais effectués afin d’apprécier les progrès, encore faibles, permis par ces programmes. En ligne de mire notamment, l’objectif TX2 proposé par le WWF qui vise à doubler la population mondiale des tigres à l’état sauvage d’ici à 2022.