Reconnaissable à son pelage rougeâtre et à ses bras étonnamment longs, l’orang-outan de Bornéo est l’une des trois espèces restantes d’orang-outans dans le monde. Comme la plupart des grands singes, il se révèle essentiellement arboricole, préférant de loin la cime des arbres au sol des forêts tropicales pour ses déplacements quotidiens.
Ses facultés cognitives remarquables, telles que la capacité à fabriquer des outils ou à se reconnaître dans un miroir font de l’orang-outan de Bornéo un sujet d’étude privilégié. Mais la déforestation et l’exploitation des ressources naturelles sur l’île de Bornéo continuent de causer un véritable effondrement de ses populations. L’espèce est désormais considérée comme en danger critique d’extinction.
Endémique de l’île de Bornéo, l’orang-outan se répartit entre la Malaisie et l’Indonésie, à travers les régions de Kalimantan, de Sabah et de Sarawak. S’il est possible de le croiser jusqu’à 1500 mètres d’altitude, le mammifère manifeste une nette préférence pour les forêts humides, les basses terres marécageuses et les plaines inondables.
Peu habitué à l’eau, les fleuves qui parcourent l’île sont autant de limites naturelles qui empêchent l’expansion de son habitat.
Avec l’île voisine de Sumatra, Bornéo est l’un des derniers refuges des orangs-outans à l’état sauvage. La biodiversité y est tout à fait exceptionnelle et la plupart des espèces animales et végétales ne se retrouvent nulle part ailleurs. De quoi expliquer sans doute que les crimes contre la faune et la flore y soient si fréquents, et leurs conséquences si dramatiques. Sous l’effet cumulé de plusieurs menaces, l’orang-outan de Bornéo risque ainsi l’extinction d’ici à 10 ans.
Spécifiquement adapté à la vie en milieu forestier, l’orang-outan de Bornéo fait face depuis de nombreuses années à une déforestation massive que ce soit pour l’exploitation du bois, l’exploitation minière ou la conversion des terres en plantations de palmiers à huile. Si plusieurs décrets ont été promulgués pour préserver les habitats naturels des orangs-outans, dans les faits, leur application se révèle plus délicate.
Entrent en jeu la corruption et la pauvreté, les forêts tropicales de l’île constituant l’unique richesse pour bon nombre de populations locales. Aussi l’orang-outan a-t-il perdu près de 25% de son territoire en une quarantaine d’années, ce qui a conduit à la diminution de sa population de plus de moitié.
Une situation d’autant plus préoccupante que la forêt ne recule pas sur un seul front mais de tous les côtés en même temps, par un procédé d’encerclement le long des routes et des rivières. Pour tenter d’aller toujours un peu plus vite dans l’exploitation des richesses, de nombreuses parcelles sont aussi brûlées, donnant lieu à de gigantesques incendies qui se propagent jusque dans les parties encore saines de la forêt.
Plutôt lents et très mauvais nageurs, les orangs-outan de Bornéo n’ont nulle part où fuir et doivent composer avec une terre de plus en plus fragmentée et dégradée. 50% d’entre eux vivent aujourd’hui hors des zones protégées.
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Une récente étude de la revue Current Biology a rapporté qu’entre 1999 et 2015, plus de 100 000 orangs-outans ont été tués sur l’île de Bornéo. Là où les forêts sont encore intactes, c’est en effet la chasse qui constitue une autre menace.
Chassé en représailles suite à des conflits avec les Hommes ou bien traqué pour sa viande, l’orang-outan constitue une cible facile pour les chasseurs. Sa maturité sexuelle tardive et le rythme extrêmement bas des naissances (environ une naissance tous les 10 ans) participent d’autant plus à la vulnérabilité de l’espèce.
Les petits seront généralement capturés et vendus comme animaux de compagnie mais mourront pour la plupart avant d’avoir atteint leur nouvelle destination. Les récents durcissements de la législation à Taïwan n’ont pour l’heure diminué que très légèrement les importations.
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Autres menaces, les modifications du climat qui perturbent les conditions de vie de l’orang-outan de Bornéo. Avec l’accroissement du taux de précipitations, les inondations et les glissements de terrain se multiplient et les pluies annuelles devraient encore gagner en intensité dans les années à venir.
Cela impactera forcément la végétation dont se nourrit l’espèce, et la quantité de nourriture disponible pourrait ainsi s’en trouver réduite. Ce qui ne favorisera pas la reproduction des femelles.
En parallèle, des sécheresses de plus en plus intenses sont également attendues, avec le risque d’un nombre non négligeable de feux de forêts. Les incendies observés ces dernières années ont toujours causé la disparition d’un grand nombre d’individus.
Face à la situation précaire des orangs-outans, sanctuaires protégés et programmes de restauration forestière ont progressivement vu le jour. Plusieurs centaines de milliers d’arbres ont d’ores et déjà été plantés et quelques résultats se révèlent même encourageants.
Beaucoup reste toutefois à faire pour extraire l’orang-outan de la liste des espèces menacées et pour stabiliser définitivement les populations du plus grand mammifère arboricole de la planète.
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