Céleste, sanguin, bronzé, le terme « mérou » englobe plus de 150 espèces différentes réparties à travers les eaux du globe, le plus commun étant le mérou brun que l’on rencontre en mer Méditerranée.
Reconnaissable à son corps trapu et sa bouche épaisse, le mérou possède également la particularité de changer de sexe au cours de son existence, passant tour à tour de femelle entre 5 et 12 ans à mâle jusqu’à la fin de sa vie.
Étonnamment rapide en dépit de sa taille et de son poids, l’espèce se révèle être un prédateur rapide et redoutable menacé toutefois par la surpêche qui a déjà causé l’effondrement de près de 80% de ses populations dans certaines régions du monde.
Plutôt habitué aux eaux tropicales et tempérées, le mérou se rencontre jusqu’à 300 mètres de profondeur et dans une multitude d’habitats différents. C’est au large que les larves voient le jour avant de regagner les mangroves et les estuaires puis les habitats rocheux à l’âge adulte, qui leur offriront de nombreuses cachettes.
Très présent en Méditerranée, le mérou est une espèce particulièrement facile à approcher, largement menacée aujourd’hui par la surpêche. Un déclin accentué par la dégradation de son habitat naturel qui complique le renouvellement de ses populations.
Très recherchés pour la pêche et la chasse sous-marine en tant que poissons tropicaux, ce sont aujourd’hui près d’un quart des espèces de mérous qui sont menacées d’extinction à travers le monde. Les plus recherchés étant les plus gros, et donc la plupart du temps les mâles, cela crée parfois un vaste déséquilibre au moment de la reproduction.
Depuis la fin des années 1990, la pêche au mérou a ainsi connu un bond de près de 30%, jusqu’à atteindre les 20 millions d’individus pêchés à la fin des années 2010. Là où seuls 16 000 poissons avaient été capturés en 1950.
Beaucoup d’espèces de mérous apprécient les mangroves et les récifs coralliens, aujourd’hui mis en péril par l’agriculture, l’urbanisation ou l’aménagement côtier impulsé par le tourisme notamment. Leur recul et leur dégradation impactent désormais de manière préoccupante la survie du poisson.
Très sensible à l’altération de la qualité des eaux qu’il fréquente, le mérou est aussi vulnérable aux pollutions diverses et au réchauffement climatique qui entraînent déjà d’importants bouleversements dans les océans.
Une menace secondaire, mais que doivent malgré tout redouter les œufs et les jeunes individus. Murènes et poissons divers les prennent ainsi régulièrement pour proies. À l’âge adulte en revanche, le mérou ne craint pratiquement plus de prédateur naturel.
Si elles ne sont pas encore protégées de la même façon dans toutes les eaux du monde, certaines populations de mérous bénéficiant de programmes adaptés montrent déjà des signes encourageants.
L’interdiction de la pêche dans les eaux américaines instaurée depuis les années 1990 permet désormais un léger recouvrement du mérou géant au large de la Floride, et plus encore à travers la Méditerranée, conséquence des réglementations strictes imposées à la pêche sous-marine du mérou dès 1993.
Situé en bout de chaîne alimentaire et donc essentiel aux écosystèmes dont il fait partie, le mérou n’est toutefois pas encore sauvé. Ce sont les effets cumulés d’une meilleure gouvernance des océans et d’une augmentation notable des pratiques de pêche responsable qui permettront à terme de l’extraire définitivement de la liste des espèces menacées.