Depuis sa découverte au cours du XIX siècle, le bec-en-sabot n’a cessé de susciter la curiosité de la communauté scientifique. Il faut dire que l’allure presque préhistorique de l’oiseau est tout sauf commune. Caractérisé par sa grande taille typique des échassiers, son étonnant bec est particulièrement adapté à la pêche dans les eaux vaseuses et encombrées de végétaux des cours d’eau africains aux abords desquels il vit. S’il peut se déplacer d’une région à une autre en fonction de la quantité de nourriture disponible, le bec-en-sabot n’est pas une espèce migratrice et souffre de la destruction progressive de son habitat naturel.
Endémique du continent africain, le bec-en-sabot fréquente notamment les lacs, les marais et les cours d’eau répartis à travers l’Afrique tropicale, là où la végétation dense lui fournit un terrain de chasse optimal. Son aire de répartition inclut par exemple le lac Victoria en Ouganda, l’ouest de la Tanzanie et le Nil Blanc, au niveau du Soudan du Sud.
Depuis 2002, le bec-en-sabot est classé dans la catégorie A1c de l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau d’Afrique-Eurasie, c’est-à-dire parmi les espèces dont il reste moins de 10 000 individus dans le monde. On estime en effet que sa population ne dépasserait plus les 8000 spécimens, à l’état sauvage comme en captivité.
Principale menace, la destruction de son habitat naturel, qu’elle soit due aux activités agricoles ou au réchauffement climatique.
Plutôt habitué aux régions à la végétation dense, toujours à proximité d’un point d’eau, c’est dans des lieux propices aux cultures que le bec-en-sabot choisit le plus souvent d’établir son nid. Les zones de nourrissage qu’il occupe seront généralement asséchées pour mettre en place de nouvelles parcelles agricoles.
De quoi impacter négativement la période de reproduction et freiner massivement le rythme des naissances chez l’espèce.
Face à ces assèchements fréquents, les points d’eau encore restants attirent un nombre croissant de troupeaux. Dans la confusion, tandis que chacun cherche à se désaltérer, bon nombre de nids du bec-en-sabot seront piétinés.
Bien que protégé légalement de la chasse dans certains pays, l’oiseau continue à être traqué pour sa viande comme en Tanzanie, ou pour alimenter les parcs zoologiques. D’autres voleront également ses œufs dans l’espoir de les vendre au plus offrant.
Conséquences du réchauffement climatique, ce sont aussi les inondations et les incendies qui se font de plus en plus fréquents.
Désormais protégé par une poignée de programmes internationaux, le bec-en-sabot fait aussi l’objet de nouvelles mesures adoptées en 2015 lors de la Réunion des Parties (MPO6) de l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateur d’Afrique-Eurasie, organisée par le Programme des Nations Unies pour l’environnement. Gouvernements, ONG et chercheurs en tous genres se sont notamment intéressés à la manière de limiter les perturbations sur son habitat naturel et de réduire significativement le commerce illégal.
Des mesures qui profiteront également à d’autres espèces en danger.