De toutes les espèces de requins présentes dans les mers et les océans du globe, le requin baleine est de loin le plus imposant avec une taille dépassant généralement les 10 mètres de long, ce qui en fait le plus grand poisson au monde. Reconnaissable à son dos tacheté de points blancs, sa large bouche caractéristique lui permet de filtrer plus de 2000 tonnes d’eau par heure afin de capturer plancton et petits crustacés.
S’il ne connaît quasiment aucun prédateur naturel dans son milieu, ce sont aujourd’hui la pollution et la surpêche qui font peser de lourdes menaces sur le requin baleine. Pacifique et peu farouche, l’espèce tend régulièrement à faire preuve d’imprudence face à l’Homme.
Reconnu comme une espèce pélagique, le requin baleine vit plutôt au large, en eaux profondes. La recherche de nourriture le pousse cependant à remonter vers la surface durant la journée, ou à fréquenter les récifs coralliens riches en biodiversité. Nous le rencontrons essentiellement dans les mers et les océans tropicaux à tempérés, où la température globale dépasse les 20 degrés. 75% de ses populations sont regroupées dans l’océan Indien.
À la surpêche et la pollution marine s’ajoutent aussi les activités touristiques dont les répercussions sont encore trop peu connues. Inscrit sur la liste rouge des espèces menacées depuis 2002, le requin baleine a vu ses effectifs reculer de plus de 60% dans certains océans du monde en l’espace de 75 ans. Et les chiffres réels pourraient être plus importants encore, compte tenu de la mobilité de l’espèce à travers la planète qui tend à compliquer les observations.
Recherché pour ses ailerons vendus parfois jusqu’à 10 000€ l’unité sur les marchés asiatiques et pour sa chair considérée dans la cuisine taïwanaise comme un mets raffiné, le requin baleine fait face depuis de nombreuses années à une surpêche qui ne faiblit pas. La France n’y est d’ailleurs pas étrangère puisque le pays est aujourd’hui le deuxième plus gros consommateur de requins à l’échelle européenne, juste derrière l’Espagne.
Chaque année, ce sont environ 100 millions de requins, toutes espèces confondues, qui sont sortis des eaux, la plupart encore bien trop jeunes pour avoir eu le temps de se reproduire. Il faut dire que l’espèce nage régulièrement en surface, là où la nourriture est la plus abondante, ce qui la rend d’autant plus vulnérable face aux harpons des pêcheurs.
L’huile de foie du requin baleine servira de son côté de complément alimentaire ou entrera dans la composition de cosmétiques ou de cire pour chaussures.
Quant à la pêche accidentelle, elle est fréquente quoique difficile à quantifier avec précision, et principalement dûe aux gigantesques filets déployés sous les eaux pour capturer un maximum de poissons. Même relâchés vivants dans l’océan, bon nombre de requins baleine auront du mal à se remettre de leur mésaventure.
Comme la plupart des espèces marines, le requin baleine est directement menacé par la pollution des mers et des océans. En tant que poisson filtreur, l’espèce y est d’ailleurs particulièrement exposée. En ouvrant grand la bouche pour filtrer l’eau de mer et ne retenir que ce qui l’intéresse, le requin baleine se condamne lui-même à ingérer une large quantité de déchets, plastiques notamment. On estime ainsi que le poisson pourrait avaler jusqu’à 137 morceaux de plastique par heure.
Également sensible aux marées noires, le requin baleine court alors le risque que du pétrole ne vienne se coller à ses branchies, ce qui peut aller jusqu’à entraîner la mort.
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Reconnu comme une espèce curieuse et docile, le requin baleine intrigue les touristes et a vu se développer autour des milieux qu’il fréquente de nombreuses excursions en bateau ou en plongée afin d’aller à sa rencontre. Si les effets de la pratique n’ont encore été que peu observés, on sait que celle-ci manque pour l’heure d’encadrement et qu’il serait judicieux à l’avenir d’imposer certaines règles afin d’éviter que l’espèce ne soit dérangée.
L’augmentation de la navigation marine, qu’elle soit touristique ou commerciale, expose dans tous les cas le requin baleine à des collisions avec les navires ou avec leurs hélices, entraînant des blessures potentiellement mortelles.
Témoin symbolique de l’état de santé des océans, le requin baleine profite d’une aire de répartition mondiale qui impose à de nombreux pays de s’unir en faveur de sa protection. Si un trafic illégal important continue d’exister, les Maldives, les Philippines, l’Inde ou Taïwan ont tour à tour prohibé sa pêche et placé l’animal sous le statut d’espèce protégée.
De nombreux programmes de recherche devront encore être mis en place en parallèle afin de réunir davantage d’informations sur l’espèce et de transformer dans le futur certains sites clés en réserves protégées.