Très proche des requins, la raie manta est un poisson cartilagineux qui englobe deux sous-espèces : la raie manta alfredi et la raie manta géante. Dotée du plus gros cerveau de tous les poissons du monde, ses larges nageoires semblables à des ailes l’aident à propulser l’eau vers l’arrière tandis qu’elle parcourt les eaux tempérées et tropicales à la recherche du plancton dont elle se nourrit.
Depuis 2011, la Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage protège les espèces de raies manta dans les eaux internationales. Et cependant, la pollution marine, la pêche et les filets fantôme continuent de faire peser de lourdes menaces sur un poisson au rythme de reproduction déjà particulièrement lent.
Plutôt habituée à des températures supérieures à 20°C, la raie manta vit principalement dans les eaux tropicales et subtropicales du globe. Ses migrations annuelles de plusieurs centaines de kilomètres la font parfois s’aventurer dans les eaux tempérées de l’Atlantique Nord notamment.
Animal pélagique, c’est essentiellement la nuit qu’elle nage en profondeur, restant plutôt proche de la surface durant la journée où elle reste facilement observable au niveau des stations de nettoyage au-dessus desquelles elle nage en attendant d’être déparasitée.
Son espérance de vie longue, son faible taux de reproduction et sa répartition très ciblée dans les océans du monde sont autant de facteurs qui jouent contre la raie manta. D’autant que les menaces, elles, vont croissant. À la surpêche et aux prises accidentelles qui ne faiblissent pas s’ajoutent aussi depuis de nombreuses années la pollution plastique et la dégradation de son habitat.
La raie manta est un poisson particulièrement prisé, pour de nombreuses raisons. Sa chair, son huile de foie ou sa peau, recherchée pour ses propriétés abrasives, font l’objet d’un important commerce à travers le Mexique, l’Inde et les Philippines notamment mais ce sont essentiellement ses lamelles branchiales qui se vendent à prix d’or sur les marchés internationaux.
Proposées parfois jusqu’à 400 euros le kilo, elles sont ensuite cuites et consommées en bouillon ou bien utilisées dans la médecine traditionnelle chinoise. Bien qu’inscrite à l’Annexe II de la CITES, qui signifie que son commerce est étroitement contrôlé, l’espèce est aujourd’hui confrontée à une demande telle que de nombreux pêcheurs en Indonésie, au Brésil, au Mozambique ou au Pakistan se sont spécialisés dans la capture des raies manta pour leurs branchies. Rien qu’en Inde et au Sri Lanka, on estime ainsi qu’environ 1000 spécimens sont vendus dans les marchés chaque année alors même que moins de 1000 individus ont été recensés dans chacun des sites de regroupement répartis autour de ces pays.
Souvent effectuée par chalutage, cette surpêche se révèle aussi catastrophique pour les écosystèmes marins.
De par sa constitution, la raie manta est particulièrement vulnérable face aux filets et aux lignes de pêche abandonnés en mer. Elle ne peut en effet ni nager en arrière, ni s’arrêter car c’est en nageant qu’elle fait circuler l’oxygène à travers ses branchies.
Une fois prise au piège, ses efforts pour se libérer auront tendance à aggraver son enchevêtrement et ses blessures, ainsi que la suffocation dont elle sera victime.
D’autres filets destinés quant à eux à des poissons plus petits remontent sans le vouloir bon nombre de raies manta.
Comme la plupart des organismes marins, la raie manta subit de plein fouet la pollution plastique qui grandit dans les mers et les océans. Les plus gros morceaux, en obstruant son estomac, l’empêcheront de continuer à se nourrir tandis que les microplastiques de moins de 5 mm finiront à terme par bloquer son tube digestif.
Ce qui modifiera son comportement alimentaire et ralentira encore davantage son rythme de reproduction.
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Avec l’augmentation de la température des mers et l’acidification des océans, le cycle de vie du plancton, principale source de nourriture de la raie manta, est déjà nettement perturbé. La modification des courants gêne quant à elle ses migrations en influant négativement sur ses capacités d’orientation.
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Les randonnées aquatiques régulièrement organisées autour des sites de regroupement de la raie manta jouent enfin contre la tranquillité de vie de l’espèce. D’autant que de nombreuses collisions avec des bateaux ont déjà été enregistrées.
Bien que protégée à l’échelle internationale, la raie manta migre fréquemment vers des zones non réglementées ce qui complexifie les mesures de protection mises en place. Au-delà des refuges et des programmes créés pour limiter sa surpêche, il est aussi possible de contribuer au quotidien avec quelques gestes simples, en évitant les produits de médecine traditionnelle asiatique par exemple, ou en refusant les plastiques à usage unique qui finiront pour la plupart dans les océans.