Caractérisé par sa silhouette massive et ses impressionnantes défenses, le morse se reconnaît également par ses vibrisses donnant l’impression d’une épaisse moustache plantée sur le museau du mammifère marin. Le morse est actuellement le seul représentant actuel de son genre, et se divise en une poignée de sous-espèces qui se partagent le nord du Pacifique, le nord de l’Atlantique et l’océan Arctique.
S’il reste relativement maladroit, en particulier sur la terre ferme où il se rassemble en groupes de plusieurs centaines d’individus, sa corpulence lui permet de ne craindre que deux prédateurs naturels : l’orque, et l’ours blanc. La chasse dont il est la cible et le réchauffement climatique font toutefois peser des menaces plus ou moins récentes, qui ont fait entrer l’espèce dans le classement des animaux vulnérables.
Le morse se divise en plusieurs populations de taille variable, toutes réparties autour de la zone polaire arctique. C’est dans le Pacifique que se rencontrent les groupes les plus importants, du détroit de Béring au nord de l’Alaska et jusqu’à la rive orientale des côtes sibériennes.
Dans l’Atlantique, le morse évolue plutôt entre l’Arctique canadien, le Groenland et l’Arctique russe tandis qu’un autre groupe, plus réduit et plus isolé, se rencontre encore dans certaines régions de la Sibérie.
Le morse est étroitement lié aux traditions et à la culture des peuples autochtones des régions qu’il occupe. Chassé très tôt par l’Homme, l’exploitation commerciale de sa graisse et de son ivoire entre le XIXe et le XXe siècle ont conduit l’espèce au bord de l’extinction.
Si ses populations se sont relativement reconstituées depuis, en particulier dans le Pacifique, la réduction de son habitat sous l’effet des activités humaines et du changement climatique ne peut qu’entraîner la surpopulation le long des rivages et diminuer son rythme de reproduction.
Depuis les Vikings qui se sont intéressés à l’animal dès les premiers siècles après J-C, la chasse au morse n’a pratiquement jamais connu de répit. Après l’extermination des populations du Labrador dont les derniers représentants se sont éteints au cours du XVIIe siècle, l’espèce, retranchée plus au nord, a fait l’objet d’une exploitation croissante qui a conduit à la mort de plusieurs milliers d’individus chaque année, jusqu’au XIXe siècle.
La graisse de l’animal est alors utilisée pour le chauffage ou l’éclairage, tandis que l’ivoire est transformé en objets de décoration ou en pièces de jeux d’échecs.
Si la chasse commerciale au morse est désormais interdite à travers toute son aire de répartition, la traque a toujours cours pour les Tchouktches, les Inuits ou les Yupiks, pour qui la viande de morse constitue encore une importante part de l’alimentation locale. Nageoires, os, vibrisses, pratiquement toutes les parties de l’animal sont alors exploitées à la différence du braconnage, qui sévit toujours, et qui ne s’intéresse qu’à l’or blanc de ses défenses.
Le recul de la banquise, en surface et en épaisseur, a atteint un rythme record depuis le début du XXIe siècle. Or, c’est sur la glace que les morses se regroupent en période de reproduction, et que la mise-bas s’effectue.
La banquise constitue également un lieu de repos pour le mammifère, non loin des zones d’alimentation. Sa disparition pousse désormais les femelles allaitantes à abandonner plus longtemps leurs petits dans leur quête de nourriture, causant potentiellement un stress nutritionnel chez les jeunes individus qui pourra affecter les taux de reproduction.
Plutôt mal à l’aise sur la terre ferme, le morse se voit également forcé de s’entasser en nombre le long des rives des mers et des océans qu’il fréquente, conséquence de la disparition de la glace côtière. Les bousculades, de plus en plus fréquentes, peuvent alors entraîner la mort de plusieurs centaines d’animaux.
Au-delà de la surpêche qui prive le morse de certaines de ses proies, les effets de la pollution marine et sonore ne sont pas à négliger. Les marées noires, en plus de permettre l’accumulation d’hydrocarbures lourds au fond des eaux, posent de vrais problèmes de santé par inhalation des vapeurs ou contact cutané.
L’exploitation pétrolière et l’augmentation des activités marines au cœur des habitats du morse, favorisées par la fonte des glaces, accroissent aussi le dérangement des colonies très sensibles aux bruits et au stress.
Les mesures mises en place ces dernières années par les pays du cercle polaire arctique ont aidé à la reconstitution progressive des populations du morse. Si la chasse et le commerce d’ivoire sont désormais soumis à des réglementations strictes, c’est avant tout le changement climatique qui promet d’impacter le mammifère dans les décennies à venir.
Alors que l’on comptait en 1990 environ 200 000 individus à travers le monde, l’espèce considérée comme vulnérable depuis 2016 n’a cessé de régresser depuis. Nos connaissances actuelles du statut du morse étant encore relativement faibles aujourd’hui, il s’agira dans un premier temps de rassembler les données climatiques suffisantes qui permettront demain d’anticiper son évolution démographique et de mettre en place les programmes de protection adaptés.