L’espadon, un superprédateur gravement menacé

L’espadon, un superprédateur gravement menacé

Avec son long rostre aplati, sa nageoire dorsale en forme de voile et son corps aérodynamique, il fend les eaux jusqu’à près de 120 km/h. Cette vitesse, qui fait de l’espadon l’un des poissons les plus rapides au monde, en fait également un superprédateur dans les eaux chaudes qu’il fréquente.

Chasseur nocturne, la surpêche et la chasse au trophée l’ont transformé en proie pour l’Homme, ce qui vaut désormais à l’espèce d’être inscrite sur la liste rouge des animaux menacés.

  • Apparence : corps allongé d’un brun clair à sombre, long rostre aplati
  • Longueur du corps : de 2 à 4 mètres, le rostre constituant généralement un tiers de sa taille
  • Poids : de 100 à 400 kg
  • Longévité : de 9 à 10 ans
  • Distribution : mers et océans tempérés, tropicaux ou subtropicaux
  • Régime alimentaire : calmars, poissons, crustacés

Zones de répartition naturelle de l’espadon

L’espadon est un poisson migrateur que l’on rencontre dans les eaux plutôt chaudes de la planète, entre 18 et 22 degrés. Nous le croisons ainsi à travers les océans Atlantique, Pacifique et Indien tout autant que les mers Méditerrané, Noire et de Marmara au gré de ses voyages. Considéré comme une espace pélagique, l’espadon nage généralement entre 200 et 600 mètres sous la surface.

Pourquoi l’espadon est-il en voie de disparition ?

Sa taille imposante et sa vitesse phénoménale font de l’espadon une cible de choix pour les amateurs de pêche sportive. Couplée à la surpêche commerciale, la pratique continue de contribuer largement au déclin rapide de l’espèce. Les captures, bien que réglementées, sont ainsi deux fois plus élevées qu’elles ne devraient l’être et ont déjà causé l’effondrement d’environ 70% des populations d’espadon en l’espace d’une trentaine d’années.

La pêche sportive

Quiconque cherchera à s’adonner à la pêche sportive à l’espadon n’aura aucun mal à trouver son voyage de rêve tant les offres sont nombreuses. Grande favorite parmi les amateurs de ce « sport », l’espèce revêt en effet des allures de trophée auprès d’une population plutôt aisée, trop souvent inconsciente des dégâts infligés sur l’état déjà critique des stocks du poisson. L’espadon a ainsi pratiquement disparu de la mer Méditerranée.

La surpêche

Très prisé par le Japon, la Chine, le Canada, les États-Unis mais aussi par les pays de l’Union Européenne, responsables à eux seuls de 75% du total des captures, l’espadon est en net recul dans toutes les eaux dans lesquelles il se trouve. Seuls les stocks de l’est de l’océan Pacifique semblent relativement sains désormais. À noter que l’espadon est considéré comme l’un des poissons ayant le plus haut taux de mercure au monde, et que sa consommation ne doit être que très modérée.

Plus préoccupant encore, 70% des poissons capturés le sont avant d’avoir atteint l’âge de se reproduire (vers 5-6 ans). D’autre part, l’espadon étant un prédateur situé au sommet de la chaîne alimentaire, son déclin au sein d’un écosystème n’est généralement pas sans conséquences pour les espèces associées.

La technique de la palangre, la plus couramment utilisée pour capturer l’espadon, reste quant à elle une source non négligeable de prises accidentelles de toutes sortes. Sur une ligne principale sont accrochées d’autres lignes plus courtes munies d’hameçons et complétées d’appât. De quoi attirer bon nombre d’espèces non désirées parmi lesquelles des tortues de mer, des requins et même des oiseaux marins.  

Aucune loi internationale ne réglemente pour le moment la pêche à la palangre.

Celle encadrant la pêche à l’espadon a en revanche fait quelques progrès. En réponse à de nombreuses campagnes de préservation lancées ces dernières décennies, et qui ont notamment permis aux stocks de l’Atlantique Nord de se reconstituer en partie, la pêche à l’espadon fait aujourd’hui l’objet d’une législation particulière. Aucune capture n’est ainsi possible entre le 01 janvier et le 31 mars de chaque année et sans la possession d’une autorisation délivrée par la DIRM, comme pour le thon rouge. L’espadon capturé devra également mesurer 90 cm minimum ou peser au moins 10 kilos, faute de quoi il sera relâché. 

La situation de l’espèce, toujours préoccupante, reste observée de près et les législations en vigueur sont régulièrement affinées en fonction des résultats obtenus. La version actuellement en vigueur date de mars 2020.

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