L'encyclopédie des bambous

Qu’est-ce qu’un bambou ?

Le bambou est une graminée vivace et persistante appartenant à la famille des Poacées. Contrairement aux idées reçues, il ne s’agit pas d’arbres mais bien d’herbes géantes, ce qui explique leur croissance exceptionnellement rapide et leur structure particulière.

Au total, environ 1 480 espèces différentes ont été répertoriées, réparties en 119 genres, témoignant d’une diversité extraordinaire.

Les bambous se classent en deux grandes catégories morphologiques distinctes : les bambous cespiteux (non traçants) qui forment des touffes compactes à croissance lente similaires à des buissons, et les bambous traçants qui développent un système rhizomateux étendu leur permettant de coloniser rapidement de vastes surfaces avec une silhouette arborescente.

Répartition mondiale des bambous

Les bambous sont originaires principalement des régions tempérées chaudes et des zones tropicales humides de quatre continents (Asie, Afrique, Amériques, Océanie). Cette large distribution témoigne de leur remarquable capacité d’adaptation à des conditions climatiques très diversifiées.

Certaines espèces démontrent une résistance altitudinale impressionnante, poussant dans les régions montagneuses jusqu’à 4 000 mètres d’altitude. La tolérance au froid varie considérablement selon les espèces : tandis que la majorité ne survit pas aux températures glaciales, certaines espèces exceptionnelles comme Fargesia rufa ‘Green Panda’ résistent à des températures pouvant atteindre −25 °C environ selon les souches et l’exposition.

Records de croissance

Les bambous détiennent le record absolu de croissance végétale sur Terre. Dans des conditions optimales, les espèces les plus performantes peuvent croître jusqu’à 91 à 122 centimètres en 24 heures, soit un rythme d’environ 4 centimètres par heure. Cette croissance fulgurante dépend du type de sol, des conditions climatiques et de l’espèce considérée. Les spécimens les plus imposants atteignent 30 mètres de hauteur avec un diamètre de 30 centimètres.

Anatomie et physiologie des bambous

Structure des chaumes

Les chaumes (tiges de bambou) présentent une architecture unique : généralement creux entre les nœuds, ils émergent d’un rhizome souterrain épais et robuste. Cette structure confère aux bambous une résistance mécanique exceptionnelle malgré leur souplesse, leur permettant de ployer sous le poids de la neige sans se briser.

Les chaumes portent des rameaux latéraux où se développent les feuilles ; les gaines de chaume protègent les jeunes tiges. Cette architecture végétale distinctive optimise la capture lumineuse tout en maintenant la flexibilité structurelle.

Floraison et reproduction particulières

La reproduction des bambous constitue l’un des phénomènes les plus singuliers du règne végétal. La floraison est rare, souvent grégaire (cycles de 15 à 120 ans selon les espèces) et suivie de la mort de la touffe chez de nombreuses espèces. Il existe aussi des floraisons sporadiques plus irrégulières.

Culture et multiplication des bambous

Technique de multiplication

La floraison irrégulière des bambous impose la division de touffe ou la plantation de sections de rhizome comme méthodes de multiplication privilégiées. La division s’effectue idéalement en fin d’hiver ou début de printemps, avec des sections viables comportant bourgeons et rhizomes actifs.

Plantation

En climat tempéré, la plantation optimale s’effectue de mars à avril dans une terre de jardin riche en humus. Le processus comprend l’humidification préalable du rhizome, l’apport de compost et un paillage protecteur. Les arrosages doivent être copieux mais espacés selon le sol et la météo, en maintenant le sol frais les deux premiers étés.

L’espacement varie selon le type morphologique : 0,5 à 1 mètre pour les variétés cespiteuses ; 1,5 à 2 mètres pour les espèces traçantes, avec barrière anti-rhizomes pour ces dernières (PEHD 1–2 mm, enterrée à 60–70 cm de profondeur, 5–10 cm hors sol, joints chevauchés et solidement fixés).

Entretien et soins des bambous

Les bambous se distinguent par leur facilité d’entretien. Leurs besoins se limitent essentiellement à un apport hydrique régulier et à un sol enrichi. En culture ornementale, ils sont rarement sujets à des traitements phytosanitaires.

Les feuilles mortes qui tombent naturellement fournissent des nutriments lors de leur décomposition, créant un cycle nutritionnel auto-entretenu. Pour les bambous cultivés en pots, une fertilisation régulière avec un engrais de qualité s’avère nécessaire.

La taille se pratique une à deux fois par an. Elle consiste à supprimer au ras du sol une partie des chaumes les plus âgés (à partir de 3–5 ans), puis à raccourcir les branches latérales pour densifier le feuillage et harmoniser la silhouette, surtout sur les formes buissonnantes.

Choix des espèces adaptées

Bambous non invasifs

Les variétés cespiteuses présentent l’avantage de ne pas étendre leurs rhizomes de manière incontrôlée, évitant ainsi le caractère invasif redouté de certaines espèces traçantes.

Bambous d’intérieur

Pour la culture en intérieur, la plupart des vrais bambous souffrent de l’air sec et de la chaleur domestique. Ils prospèrent mieux en véranda fraîche ou à l’extérieur abrité, avec une exposition maximale au soleil et un arrosage très régulier. À noter : le « lucky bambou » couramment vendu n’est pas un bambou mais un Dracaena.

Utilisation et applications des bambous

Usage ornemental

L’aspect décoratif constitue l’une des principales motivations de culture. Le feuillage vert éclatant, parfois agrémenté de panachures blanches ou jaunes, apporte une dimension esthétique raffinée aux aménagements paysagers.

Applications alimentaires

Les jeunes pousses sont consommées fraîches ou intégrées dans des bouillons, particulièrement dans la cuisine asiatique. Les bambous constituent également la base alimentaire de plusieurs espèces emblématiques comme le panda géant, le panda rouge et diverses espèces de lémuriens.

Matériau de construction

Le bambou trouve de multiples applications grâce à ses bonnes propriétés mécaniques. Certains produits de bois d’ingénierie en bambou présentent de très bonnes performances selon les normes d’essai, d’où leur usage croissant dans :

• la fabrication de meubles et parquets
• des instruments de musique traditionnels
• des échafaudages pour gratte-ciel, grâce à sa résistance et sa légèreté
• la construction d’habitations sur pilotis
• la production de pâte à papier

Industrie textile

Le secteur textile utilise les fibres de bambou, mais la « fibre de bambou » du prêt-à-porter est le plus souvent une viscose/rayonne régénérée obtenue par procédé chimique ; la vraie fibre mécanique est rare dans le commerce.

Bénéfices environnementaux des bambous

Les bambous représentent une solution écologique intéressante grâce à leur combinaison de légèreté, résistance et durabilité. Leur système rhizomateux étendu stabilise efficacement les sols et prévient l’érosion, fonction particulièrement précieuse dans les zones sensibles aux glissements de terrain.

Les bambouseraies présentent une forte capacité de séquestration du carbone grâce à leur croissance rapide ; des études rapportent des taux élevés, variables selon les conditions de culture et les espèces. Cette capacité de fixation du carbone améliore la qualité de l’air et contribue à réduire les gaz à effet de serre.

La longévité de la touffe et des cycles de floraison pouvant atteindre plus de 100 ans (alors que la durée de vie d’un chaume individuel est courte, 5 à 15 ans) font des bambous un investissement écologique à long terme pertinent dans le contexte actuel de développement durable.

Importance culturelle et symbolique

Les bambous revêtent une dimension culturelle profonde en Asie. En Chine, leur longévité et leur résistance en font des symboles de droiture et d’honnêteté. En Inde, ils représentent l’amitié et la fidélité.

La rareté de leur floraison a également généré des croyances populaires, certaines cultures y voyant un présage de famine imminente. Cette dimension mystique témoigne de la place particulière qu’occupent les bambous dans l’imaginaire collectif, transcendant leur simple utilité matérielle pour toucher aux aspects les plus profonds de la relation entre l’homme et la nature.

Menaces écologiques sur les plantes

Comme le révèle la liste rouge de l'UICN (l'Union Internationale pour la Conservation de la Nature), 38.4% des plantes sur notre planète sont menacées d'extinction à plus ou moins brève échéance.

Source : données calculées d’après les mesures fournies par l’UICN le 26 mars 2025.

Si le sujet vous intéresse, vous pouvez découvrir notre analyse détaillée pour comprendre les raisons de leur extinction, les enjeux écologiques et les solutions possibles pour que chacun puisse agir à son échelle dès aujourd’hui.

Quelques genres représentatifs

Bambou : liste des différentes espèces