16 animaux d’eau douce en voie de disparition

Dans les eaux douces qui ne couvrent pourtant que 1% de la surface de notre planète vivent environ un tiers des espèces de vertébrés connues. Dauphins d’eau, crocodiles ou castors y côtoient la moitié des populations de poissons du monde dans des écosystèmes multiples entièrement intégrés au grand cycle de l’eau.

Malheureusement, le déclin des espèces d’eau douce observé ces dernières années se poursuit encore. Les grands animaux étant les plus vulnérables du fait de besoins plus spécifiques et d’un rythme de reproduction souvent plus faible, ce sont en tout 88% des espèces de la mégafaune qui se sont effondrées en l’espace de 40 ans.

Un déclin deux fois plus rapide que pour les animaux terrestres ou marins et qui met encore en péril près d’un tiers des espèces d’eau douce.

Bien sûr, certains programmes de conservation ont d’ores et déjà porté leurs fruits. Les populations d’esturgeons verts se sont globalement stabilisées aux États-Unis et le castor d’Europe a pu être réintroduit dans les régions où il était autrefois menacé. 

Mais l’exploitation des rivières et la construction de barrages, responsables de la destruction des habitats naturels, ne faiblissent pas. L’assèchement des zones humides et l’altération des milieux naturels représentent aujourd’hui les principales menaces pour les écosystèmes d’eau douce.

Omble chevalier, lote de rivière, esturgeon européen, rien qu’en France métropolitaine, près d’une espèce de poissons sur cinq est déjà menacée d’extinction.

Axolotl

Tantôt noir profond ou blanc rosé, l’axolotl est une véritable énigme pour la science. 30 centimètres de long à peine et un état de larve qu’il conserve tout au long de sa vie et pourtant, l’espèce présente la capacité de résister au cancer et de régénérer ses yeux ou certaines parties de son cerveau.

Présent généralement dans les zones lacustres mexicaines, l’axolotl a vu ses populations passer de 1000 individus par km² il y a 25 ans, à 0,3 individus seulement ce qui le place aujourd’hui en danger critique d’extinction.

En ligne de mire, la pollution des eaux par les zones urbaines environnantes et l’introduction de plusieurs milliers de poissons destinés à la pêche mais très friands des œufs d’axolotl. Le nombre exact de spécimens restants ne nous est plus connu. 

Hippopotame

On l’imagine généralement doux et pacifique mais il arrive que l’hippopotame nous révèle un tout autre visage. Étonnamment agile pour sa corpulence, la recherche de nourriture le transforme parfois en un prédateur redoutable et le pousse à se rapprocher des villages bien loin des plans d’eau où nous avons l’habitude de le voir se prélasser. 

Ils n’en rendent pas moins des services écologiques essentiels au sein de leur écosystème puisque leurs excréments par exemple renferment une quantité formidable de nutriments indispensables à la croissance de certaines plantes qui serviront ensuite de nourriture à de nombreuses espèces de poissons.

Classé parmi les animaux vulnérables depuis quelques années, l’hippopotame a perdu en Afrique 95% de ses effectifs en l’espace d’une douzaine d’années.

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Lamantin

Exclusivement adapté au milieu aquatique, le lamantin est pourtant bel et bien un mammifère. Les petits sont allaités par leur mère dès la naissance tandis que les poils qui recouvrent leur corps constituent d’étonnants capteurs de vibrations grâce auxquels l’animal peut se déplacer en toute tranquillité même en l’absence de lumière.

Habitué à tous les types d’eau au-delà de 20°C, le lamantin est en effet incapable de résister aux températures froides ce qui cause chaque année la disparition d’une centaine d’individus.

Les collisions avec des bateaux et l’intoxication par les algues qu’ils ingèrent, rendues nocives par le réchauffement climatique, restent les principales menaces. L’année 2018 aura été la seconde année la plus meurtrière pour le lamantin de Floride avec la disparition de 13% de cette sous-espèce.

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Tortue-alligator

Un cou très agile, une mâchoire puissante terminée par un bec redoutable, la tortue-alligator, réputée comme dangereuse, est la plus grosse de toutes les tortues d’eau douce. Camouflée au fond des rivières, des cours d’eau et des zones humides des États-Unis où elle est endémique, sa carapace recouverte d’algues en fait un prédateur invisible qui ne rate que très rarement sa proie.

C’est aujourd’hui la réduction de son habitat naturel, asséché ou drainé pour les besoins agricoles, qui met en péril la tortue-alligator. Son commerce, sujet à des dérives par le passé, est désormais strictement encadré.

Dragon d’eau

Sans surprise, le dragon d’eau est une espèce de lézard que l’on retrouve majoritairement dans les zones chaudes et humides d’Asie du Sud-Est. Petit, plutôt docile et facilement manipulable, il est aujourd’hui très populaire parmi les reptiles domestiques, et ce malgré une santé parfois fragile. 

Un commerce malheureusement très peu réglementé et qui s’effectue en l’absence de toute protection internationale dont certaines espèces auraient pourtant besoin. À l’image de la biodiversité des zones humides dans son ensemble, le dragon d’eau souffre aussi désormais de l’altération et de la destruction de son habitat naturel.

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Dauphin Rose

Difficile de l’imaginer et pourtant, l’Amazone abrite une faune très diversifiée qui inclut même quelques cétacés. C’est avec l’âge que le dauphin rose adopte généralement sa couleur si caractéristique, et les plus gros individus peuvent mesurer jusqu’à 2,80 mètres.

Les années les ont intégrés au folklore local où on les imagine dotés d’étranges pouvoirs et peuplant un extraordinaire royaume sous les flots. La réalité est toute autre.

Sous l’effet de la chasse et de la pêche notamment, principales responsables de leur déclin, les populations de dauphin rose se seraient effondrées de 94% en 20 ans. Autrefois immanquable dans les eaux amazoniennes, il devient de plus en plus rare de pouvoir les observer.

Vison d’Europe

D’apparence plutôt semblable à une belette, le vison d’Europe est un animal semi-aquatique que l’on retrouve proche des zones humides, dans les massifs végétaux denses qui lui offrent un abri entre deux recherches de nourriture. 

Sa zone de chasse ? Les marais et les cours d’eau répartis entre la Russie, l’Ukraine, la Roumanie mais aussi l’Espagne ou la France. Une aire de répartition assez étendue mais qui n’a cessé de se réduire au cours du siècle dernier. Par le drainage ou l’assèchement des milieux naturels ou bien par l’étalement urbain, on parle d’une disparition d’environ 90% de son lieu de vie initial. 

S’ajoutent également les collisions avec les voitures qui pèsent un peu plus sur la survie de l’animal, alors même que le vison d’Europe est une espèce protégée depuis les années 1970.

Babiroussa

Reconnaissable à ses impressionnantes défenses qui peuvent atteindre chez les mâles une trentaine de centimètres de longueur, le babiroussa se plaît tout particulièrement dans les forêts tropicales humides que l’on rencontre en Nouvelle-Guinée et en Indonésie. Là, toujours à proximité d’un point d’eau, il avale en grandes quantités larves, fruits et champignons qui constituent la base de son alimentation.

Mais la déforestation fait peser de lourdes menaces sur les forêts du monde et la réduction progressive de son lieu de vie en fait aujourd’hui une espèce vulnérable. On estime qu’il reste environ 4000 babiroussas à l’état sauvage, la plupart étant encore chassés pour leur viande par les communautés locales.

Chat Pêcheur

Il paraît que les félins n’aiment pas l’eau mais le chat pêcheur nous force à reconsidérer nos vieilles connaissances. Présent en Asie du sud-est où nous le retrouvons près des mangroves et des rivières jusqu’à une altitude de 1500 mètres, il ne se contente pas de chasser sur les rives des cours d’eau. Les poissons et les crustacés dont il est très friand l’incitent également à pénétrer dans l’eau et même à plonger pour les attraper. 

Menacé par la disparition des zones humides, le braconnage et la surpêche de sa principale source de nourriture, l’espèce a déjà vu ses populations reculer de 30% en 15 ans.

Salamandre géante

Pas si facile d’apercevoir la salamandre géante dans la nature. Le plus grand amphibien au monde passe la plupart de son temps au fond de l’eau, dans les cavités formées dans les marais et les étendues d’eau chinoises. 

Essentiellement active la nuit, elle se nourrit principalement de poissons, de larves et de petits crustacés, ne remontant à la surface que pour rassembler un peu d’oxygène. Les signaux sensoriels de son front en font une chasseuse redoutable alors même que ses yeux ne lui permettent quasiment pas de voir.

Très convoitée pour sa viande, la salamandre géante doit aussi faire face à la pollution et à l’aménagement des cours d’eau. 

Hippopotame Nain

De par son mode de vie et les zones forestières denses qu’il fréquente, l’hippopotame nain n’a été découvert qu’au cours du XIXe siècle et reste encore très mal connu. Mieux adapté aux milieux terrestres que son cousin commun, les environnements aquatiques dont il ne s’éloigne que rarement lui fournissent fraîcheur et nourriture. 

Nous le retrouvons ainsi à la tombée de la nuit en quête de nourriture qu’il va parfois chercher jusqu’aux abords des habitations et des jardins potagers. Cela lui vaut d’être chassé par les populations locales, en plus du braconnage dont il est déjà victime pour sa viande et son ivoire.

S’ajoutent aussi l’exploitation forestière et les guerres civiles qui ont réduit ses populations à quelques milliers d’individus.

Bec-en-sabot

Avec son plumage gris bleuté, sa taille imposante et son bec si caractéristique, le bec-en-sabot est un oiseau unique en son genre que l’on croirait sorti tout droit du passé. Indissociable des cours d’eau que l’on retrouve à travers l’Afrique tropicale, l’état actuel de ses populations est encore vague mais il est certain qu’elles sont en déclin partout où les zones humides sont asséchées ou détournées pour les besoins de l’Homme. 

En parallèle, ce sont les incendies et les inondations qui font aussi des ravages tout comme le piétinement des nids par les troupeaux ou la chasse, pratiquée pour alimenter les parcs zoologiques.

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Desman des Pyrénées

Mi-rat, mi-fourmilier, le desman des Pyrénées est un animal si discret qu’aucune étude moderne n’a pu combler sa découverte tardive. On sait tout de même que le petit mammifère est insectivore, principalement nocturne et qu’il fréquente les zones humides et les rivières pyrénéennes et situées au nord de la péninsule ibérique.

Ce que l’on connaît moins en revanche, c’est l’état exact de ses populations et le rythme de leur disparition. Car le desman des Pyrénées est aujourd’hui menacé, comme de nombreuses autres espèces, par la fragmentation et la destruction de ses aires de répartition étendues pourtant parfois jusqu’en altitude.

Loutre géante

Sous sa fourrure toute douce et son physique attendrissant, la loutre géante est un prédateur hors pair que l’on retrouve au sommet des chaînes alimentaires de toutes les zones humides où elle a élu domicile. Comme son nom le suggère, la loutre géante est d’ailleurs la plus imposante de son espèce et vit généralement en groupe d’une petite poignée d’individus dans les rivières, les savanes inondées ou le long des cours d’eau d’Amérique du Sud.

Peu sauvage face à l’Homme, sa curiosité lui a régulièrement joué des tours en l’exposant au braconnage. On note également le rejet de polluants dans les rivières qu’elle occupe et qui mettent en danger la moitié de ses effectifs.

Fuligule milouin

Présent majoritairement en Russie et en Europe Centrale, le fuligule milouin est un canard plongeur que l’on observe sur les grandes étendues d’eau libre durant les saisons froides, là où la nourriture lui est accessible sans difficulté. 

Durant la période de nidification, il privilégiera les étangs et les réservoirs entourés d’une végétation dense et ne sera pas contre quelques excursions dans nos parcs aménagés où il sera fréquemment nourri.

Pas de quoi mettre un terme à son déclin cependant. La perte de ses zones habitables et le développement croissant des activités humaines sont autant de menaces à sa survie sur le long terme.

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