Brûlants, froids, tempérés même parfois avec leurs vastes étendues caillouteuses, les déserts recouvrent environ un tiers de notre planète et partagent tous un taux de précipitations extrêmement faible. Sous le vent glacial ou la chaleur accablante, l’eau douce liquide se raréfie et les conditions essentielles à la vie semblent ne plus être remplies.
Et malgré tout, de nombreuses espèces de plantes parviennent à se frayer un chemin jusqu’au cœur des dunes de sable du Sahara tout comme une faune particulière chez laquelle on observe d’étonnants mécanismes d’adaptation. Dans le désert, beaucoup d’espèces ont adopté un mode de vie nocturne pour profiter d’un air plus frais, d’autres hibernent longuement ou s’enterrent sous la surface du sol.
Dans toutes les régions arides du monde, même l’Homme est parvenu à s’établir et à tirer parti raisonnablement, du moins pour un temps, des nombreuses ressources offertes. Des ressources exploitées désormais sans discernement et qui font des déserts l’un des biomes les plus menacés sur notre Terre.
Tandis que la hausse de température se poursuit encore à un rythme plus effréné dans les zones arides qu’ailleurs sur la planète, l’assèchement des rivières et la disparition de la faune promettent d’aller encore croissant. Les déserts, de par leur nature ou leur biodiversité, pourraient pourtant nous apporter de vraies réponses aux questions énergétiques ou médicales de demain.
Mais la surexploitation des nappes phréatiques, la salinisation, le tourisme ou la croissance démographique pourraient bien ne pas nous laisser le temps de profiter de ces richesses encore inconnues.
Durant la dernière glaciation qui s’est produite il y a environ 10 000 ans, la vaste majorité des mammifères s’est totalement éteinte mais un petit nombre de guépards est parvenu à survivre. Ce sont leurs descendants qui peuplent aujourd’hui certaines régions de l’Afrique et du Moyen-Orient, et qui menacent de disparaître à leur tour.
Relativement craintif et très difficile à étudier, le guépard comptait encore plus de 100 000 individus au début du XXème siècle. Ils ne sont plus qu’environ 7000 désormais, à survivre pour la plupart en dehors des réserves naturelles et sur des territoires de plus en plus morcelés.
La réduction de son habitat est en effet la principale menace à laquelle est confronté le guépard. Spécifiquement taillé pour la vitesse, l’animal le plus rapide de la planète a besoin d’espace pour chasser et pour échapper aux prédateurs plus puissants que lui.
S’ajoutent aussi le braconnage, la diminution du nombre de ses proies et la capture domestique, très en vogue dans les pays du Golfe où la dernière tendance consiste à posséder un animal sauvage de compagnie. Au rythme actuel, le guépard pourrait avoir totalement disparu à l’état sauvage d’ici une vingtaine d’années.
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Plutôt discrète et difficilement observable dans la nature, la panthère est un animal encore mal connu y compris des populations avec lesquelles elle partage son aire de répartition. On la sait très agile, capable de se déplacer et de dormir sur les branches des arbres, mais aussi très solitaire. Seule la période de reproduction permet la formation de couples entre les individus.
Plus qu’un seul animal, le terme panthère désigne en réalité une multitude d’espèces différentes du léopard au puma, aujourd’hui pratiquement toutes sur le déclin. Le léopard du Sinaï est d’ores et déjà considéré comme éteint face aux pressions exercées par l’Homme tandis que la panthère nébuleuse et la panthère d’Arabie, autrefois reines des déserts qui composaient leur habitat naturel, ne survivent plus qu’à travers quelques territoires morcelés et toujours plus réduits. Respectivement, elles ne sont plus que 10 000 environ réparties autour de l’Israël, et pas plus de quelques centaines au Yémen et au Sultanat d’Oman. Rares sont pour le moment les programmes de conservation mis en place, mais le braconnage et l’exploitation des territoires où la panthère a élu domicile, eux, se poursuivent toujours
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Particulièrement résistant aux larges écarts de température qui ont cours dans le désert du Sahara, l’addax est une antilope reconnaissable à son pelage clair et à ses cornes torsadées. Tout comme l’oryx qui partage de nombreuses caractéristiques avec l’espèce, l’addax possède cette faculté de repérer les pluies jusqu’à 400 kilomètres.
Essentiellement nocturne, l’animal passe ses journées à dormir protégé de la chaleur écrasante et du vent dans de larges cuvettes creusées dans le sable. S’il est capable de parcourir de longues distances privé d’eau et de nourriture, c’est en cas de forte humidité qu’il devient vulnérable. La plupart des espèces typiquement désertiques sont en effet sensibles à un parasite présent dans l’eau, et qui peut s’avérer mortel sur le long terme.
Les forages et la circulation humaine liées à l’installation d’activités pétrolières au cœur du désert, en plus d’empiéter sur son territoire, ont aussi ouvert la voie au trafic d’espèces menacées, dont l’addax. Il n’en resterait plus que 200 aujourd’hui à l’état sauvage, répartis entre le Tchad et le Niger.
On le considère souvent comme le dernier cheval sauvage vivant dans le monde et pourtant, les populations de cheval de Przewalski que l’on observe aujourd’hui descendent en réalité d’un groupe reproducteur captif, l’espèce s’étant pratiquement éteinte dans la nature au cours du XXème siècle.
Avec sa robe gris-beige et son physique trapu, le cheval de Przewalski est un petit cheval à l’allure primitive parfaitement adapté au climat rude des régions continentales d’Asie centrale.
S’il doit son nom au colonel polonais Nikolaï Prjevalski, c’est que le naturaliste fut le premier à rencontrer l’animal sauvage en 1879, au cours d’une expédition en Mongolie.
Une cinquantaine d’années plus tard, l’espèce avait déjà largement décliné sous l’effet de la chasse intensive, de la proximité avec les troupeaux et des nombreuses captures à destination des jardins zoologiques. Face à la rapide extinction de l’animal, ce sont certains de ces zoos qui ont finalement mis en place des programmes de réintroduction.
Le cheval de Przewalski se croise désormais essentiellement dans divers élevages en semi-liberté y compris en France où un troupeau évolue sur plusieurs hectares au cœur du Parc national des Cévennes. Son aire de répartition initiale en Mongolie ne cesse quant à elle de se réduire face aux pressions humaines.
Avec le lion, le léopard, l’éléphant et le buffle d’Afrique, le rhinocéros noir fait partie des “big five” qui fait référence à ses espèces autrefois craintes et respectées par les chasseurs africains. La chasse intensive dont il est victime depuis plusieurs années le classe désormais parmi les animaux rares et menacés d’extinction.
Bien qu’étant le plus petit des rhinocéros africains, le rhinocéros noir peut atteindre une longueur maximale de 3,50 mètres et dépasser les 50 km/h de vitesse de pointe. Le mâle le plus lourd jamais étudié atteignait le poids record de 2896 kilos.
Doté d’une vue très limitée, l’animal compense avec un odorat et une ouïe parfaitement développés qui l’aident à se repérer dans son environnement. La forme particulière de sa lèvre supérieure lui permet quant à elle à saisir sans difficulté les branchages et les végétaux dont il se nourrit.
Actif essentiellement la nuit, le rhinocéros noir souffre encore de la diminution de son habitat naturel et du braconnage pour sa corne, qui alimente encore dans certaines régions du monde un commerce très lucratif. L’écornage auquel procèdent les garde-chasses n’empêche pas pour l’heure les braconniers d’abattre les animaux devenus invendables.
Le chat à pieds noir est l’un des plus petits chats sauvages d’Afrique et doit son nom aux poils sombres qui recouvrent ses soles plantaires afin de le protéger du sol brûlant. Exclusivement nocturne, l’animal a opté pour un régime très diversifié puisque la liste de ses proies inclut plus d’une cinquantaine d’espèces en tous genres.
Des oiseaux aux insectes en passant par quelques reptiles, le chat à pieds noirs n’hésite pas également à se mesurer à des animaux plus gros que lui. Son pelage de couleur brune parsemé de tâches plus foncées lui permet de se camoufler efficacement et il faut dire que le félin doit faire face à une multitude de prédateurs du fait de sa petite taille.
Présent notamment dans les zones désertiques d’Afrique du Sud, le chat à pieds noirs est aussi victime de la perte de son habitat entraînée par le surpâturage et qui réduit considérablement le nombre de ses proies. Les poisons et les pièges abandonnés destinés à d’autres animaux constituent aussi pour lui une redoutable menace.
La durée de vie exceptionnellement longue de la tortue sillonnée ne l’a pas empêchée de rejoindre les rangs des espèces en danger.
Plus grosse des tortues continentales, on remarque chez les mâles une sorte d’écaille en forme de fourche présente à la base du cou ce qui lui vaut parfois le nom de «tortues à éperons». Elle se révèle particulièrement utile lors de la saison de reproduction, pour dissuader les éventuels rivaux.
Habituée aux zones désertiques où les écarts de températures sont importants, la tortue sillonnée se réfugie généralement dans de longues galeries afin d’échapper à la fraîcheur des nuits et à la chaleur accablante de la journée. C’est aussi dans le sable que les femelles pondront leurs œufs tandis que la température ambiante déterminera le sexe des futurs petits.
Aujourd’hui en recul face à l’urbanisation croissante, la pollution ou le surpâturage destiné à l’alimentation humaine, l’espèce est aussi mise en péril par la chasse et la capture domestique. Sa viande est en effet très prisée par les tribus nomades tandis qu’elle constitue pour d’autres un moyen de communiquer avec les défunts.
Avec ses deux bosses remplies d’amas graisseux et ses larges pattes parfaitement adaptées aux longues marches, le chameau de Bactriane fait partie des emblèmes du désert à travers le monde.
Pour l’aider à résister au vent et au sable, sa tête aux sourcils broussailleux et aux oreilles bordées de poils est aussi complétée de narines épaisses qu’il peut fermer à volonté. Sa fourrure lui permet de son côté de supporter à la fois le froid et la chaleur tandis que les plantes même les plus épineuses sont réduites en morceaux sans difficulté par sa mâchoire puissante. Quant à l’eau, très rare dans les steppes et les déserts d’Asie centrale, le chameau de Bactriane peut en avaler plus d’une centaine de litres en quelques minutes.
Rassemblé généralement en petits groupes d’une trentaine d’individus maximum, l’animal se révèle aussi être un bon nageur et un coureur remarquable avec une vitesse de pointe d’environ 65 km/h.
Ce sont aujourd’hui la mécanisation du transport transdésertique et l’élevage de plus en plus important de la chèvre cachemire qui constituent d’importantes menaces. Certaines populations du chameau de Bactriane connaissent d’ores et déjà un déclin alarmant.
On la rencontre dans quelques zones éparses à travers l’Europe et plus encore au Maroc, en Tunisie et en Algérie. La tortue mauresque est une petite tortue d’une vingtaine de centimètres de long adaptée à de nombreux habitats différents parmi lesquels les plaines, les forêts de type méditerranéen et les semi-déserts.
Adaptée aux milieux secs et pauvres en végétaux, elle se nourrit pourtant de fleurs, de graines mais aussi de fruits et de plantes cultivées lorsqu’elle en trouve voire de quelques vers et escargots si l’occasion se présente.
À l’inverse de beaucoup d’autres espèces des zones désertiques, la tortue mauresque est active en journée du printemps jusqu’au début de l’été avant que les fortes chaleurs estivales ne la poussent à s’enfouir sous les buissons pour passer la saison.
Fragilisée au siècle dernier par des exportations massives en direction de l’Europe, la tortue mauresque reste vulnérable face à la mécanisation agricole et à la désertification de ses habitats naturels. Bien que protégée, l’espèce souffre aussi du braconnage destiné à la fabrication de souvenirs pour les touristes (banjos, cendriers, paniers…). Un marché qui touche principalement les femelles, dotées des plus grosses carapaces.