Le cassis possède une histoire héroïque méconnue qui débute dans les monastères médiévaux d’Europe du Nord, où les moines cultivaient cette « groseille noire » pour ses vertus médicinales exceptionnelles. Au XVIIIe siècle, la Royal Navy britannique découvrit que le cassis contenait bien plus de vitamine C que les agrumes traditionnels, sauvant ainsi des milliers de marins du terrible scorbut lors des longues traversées. L’abbé Félix Kir immortalisa ce petit fruit en créant son célèbre apéritif à base de cassis de Bourgogne et de vin blanc aligoté. Durant la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement britannique encouragea massivement sa culture domestique pour compenser la pénurie d’agrumes, faisant du cassis un véritable trésor national de santé publique qui perdure aujourd’hui dans nos jardins et nos assiettes.
Le cassis est un arbuste de la famille des Grossulariacées, du genre Ribes, originaire des régions tempérées du centre et du nord de l’Europe et du nord de l’Asie. C’est une plante rustique qui peut pousser dans différents types de sols, mais préfère l’humidité et a besoin d’une bonne quantité d’ensoleillement. L’arbuste peut atteindre 1,5 m de hauteur et de diamètre, formant une touffe dense aux rameaux érigés. Ses feuilles caractéristiques, palmatilobées et dentées, dégagent un parfum intense lorsqu’on les froisse.
Le cassissier se cultive très bien en pot sur terrasses et balcons. Choisissez un contenant d’au moins 40 cm de diamètre avec un bon drainage. Il préfère un substrat humifère, légèrement acide et bien drainé. L’exposition mi-ombre est idéale, évitez le plein soleil brûlant. L’arrosage doit être régulier, surtout en période de fructification. Taillez après récolte en supprimant les branches de plus de 3 ans. La fructification commence généralement la deuxième année. En hiver, le pot peut rester dehors car le cassis résiste jusqu’à -20°C.
Les baies ressemblent à des petites billes d’environ un centimètre de diamètre, avec une peau brillante et noire caractéristique. On les trouve sous forme de grappes pendantes de 8 à 20 baies, chaque baie étant portée par une petite tige. La peau, lisse et tendue à maturité, présente parfois des reflets bleutés. Les grappes mesurent généralement 5 à 10 cm de longueur et pendent élégamment sous le feuillage vert tendre.
La chair, plus claire que la peau et de couleur rouge-violet, a un goût acidulé très caractéristique et intensément aromatique. Les baies mûres développent une saveur complexe mêlant acidité franches et notes sucrées, avec des arômes puissants et typés qui évoquent la terre et les sous-bois. Cette intensité gustative fait du cassis un fruit qui ne laisse jamais indifférent : on l’adore ou on le redoute, mais on ne l’oublie jamais.
Il existe différentes variétés de cassis dont les particularités résident dans une plus ou moins grande sucrosité des baies et leur période de maturation. Les variétés précoces comme ‘Noir de Bourgogne’ mûrissent dès juin avec des baies de taille moyenne mais très parfumées, traditionnellement utilisées pour la crème de cassis.
La variété ‘Andega’ produit de très grosses baies sucrées, parfaites pour la consommation fraîche, tandis que ‘Ben Sarek’ offre un excellent compromis entre productivité et résistance aux maladies. ‘Wellington XXX’ se distingue par ses grappes longues et ses baies uniformes, idéales pour la transformation industrielle.
Les variétés tardives comme ‘Ben Hope’ prolongent la saison jusqu’en août avec des fruits très riches en vitamine C. Certaines variétés modernes comme ‘Ben Connan’ ont été sélectionnées pour leur résistance naturelle aux pucerons et leur facilité de récolte.
100 grammes de cassis contiennent trois fois la quantité de vitamines C recommandée pour un adulte (180mg contre 80mg recommandés). Cet apport exceptionnel en antioxydants empêche les radicaux libres d’endommager les cellules, participant ainsi à la diminution des risques de cancers, de maladies cardio-vasculaires et à la régulation de l’hypertension.
Le cassis contient plusieurs types de vitamines B essentielles (B1, B5 et B6) qui augmentent le métabolisme en favorisant l’assimilation des protéines, des glucides et des lipides. L’apport en fer est important avec 20% des apports journaliers pour 100 grammes. Le fer permet le transport de l’oxygène vers les cellules et participe à la protection contre les déficiences immunitaires.
L’huile extraite des pépins contient un type particulier d’oméga 6 (acide gamma-linolénique) qui peut soulager les inflammations, en particulier les douleurs et pathologies des muscles et des articulations. Des études montrent que la consommation régulière de cassis pourrait jouer un rôle dans la prévention de la maladie d’Alzheimer grâce à ses anthocyanes protecteurs du cerveau.
Notre analyse des meilleurs fruits pour la santé
Des baies de cassis mûres dégagent une odeur assez forte et très agréable, leur peau est tendue et d’un noir profond et brillant. Il faut toujours choisir du cassis déjà mûr, car contrairement à d’autres fruits, il ne continue pas à mûrir après cueillette.
Il faut surtout veiller à ce qu’il n’y ait pas d’insectes sur les fruits et à ce qu’ils soient bien secs. Il faut également les examiner attentivement afin de déceler toute trace de moisissure. Des baies qui commencent à moisir sont certainement le signe que le mûrissement est trop avancé ou que la conservation a été défaillante.
Le plus simple si vous le récoltez vous-même est de goûter une baie qui semble mûre afin d’évaluer sa qualité. Si vous les achetez, vous pouvez demander au commerçant s’il est possible de goûter. Les grappes doivent être bien fournies, sans baies flétries ni tiges desséchées.
Le cassis se consomme principalement transformé en confitures, gelées, sirops, sorbets et pâtisseries grâce à son goût puissant et sa richesse en pectine naturelle. La célèbre crème de cassis entre dans la composition du kir, mais aussi de nombreux cocktails. Les baies fraîches subliment les salades de fruits, yogourts et céréales. En cuisine salée, elles accompagnent magnifiquement le gibier, le canard et les fromages de chèvre. Les feuilles infusées donnent une tisane aux vertus diurétiques.
Les feuilles de cassis, riches en flavonoïdes, possèdent des propriétés anti-inflammatoires et diurétiques reconnues. En infusion, elles soulagent les rhumatismes, l’arthrite et la rétention d’eau. L’huile de pépins de cassis, exceptionnellement riche en acide gamma-linolénique, traite les problèmes de peau (eczéma, psoriasis) et régule les déséquilibres hormonaux. Les bourgeons en gemmothérapie stimulent les glandes surrénales.
L’absolue de cassis, bien que rare et coûteuse, offre une fragrance puissante et verte utilisée en parfumerie de luxe pour ses notes de tête animales et végétales. Les feuilles fraîches, riches en composés aromatiques, peuvent être utilisées en sachets parfumés. Cette essence évoque la fraîcheur des sous-bois et la vitalité de la nature sauvage.
La floraison des arbustes a lieu au printemps sous forme de petites grappes discrètes et les fruits peuvent être récoltés tout l’été, généralement de juin à août selon les variétés et les régions. La période de récolte du cassis dépend de la variété mais aussi de la région et des conditions atmosphériques dans lesquelles il a poussé. Cette étalée sur plusieurs semaines permet de profiter de ce fruit exceptionnel pendant une grande partie de l’été.
Tous les fruits ont une durée de conservation assez limitée, mais c’est encore plus vrai pour le cassis qui se conserve plutôt mal cru. Il est donc conseillé de le consommer rapidement après sa récolte, ou de le cuisiner sous forme de confitures, tartes, sorbets, smoothies, etc.
Si vous souhaitez les conserver crues, les baies de cassis doivent être mises au réfrigérateur dès leur cueillette ou leur achat. Il ne faut surtout pas les laver avant le stockage et enlever toute baie abîmée pour éviter l’apparition et la propagation des moisissures. Le temps de conservation est limité à environ quatre jours au réfrigérateur.
Il est tout à fait possible de congeler du cassis et de le garder ainsi jusqu’à 6 mois. Il faut cependant savoir qu’à la décongélation les baies auront perdu leur forme, mais garderont leur saveur pour des préparations cuisinées.
Le cassis, adapté aux climats tempérés frais, souffre des étés de plus en plus chauds et secs. Les vagues de chaleur précoces perturbent la floraison et réduisent la fructification. Cette culture traditionnelle du nord de l’Europe risque de migrer vers des latitudes encore plus septentrionales, bouleversant les terroirs historiques comme la Bourgogne.
En savoir plus
Les cassissiers sauvages disparaissent progressivement des haies et lisières forestières, remplacés par des cultures intensives ou l’urbanisation. Cette perte de diversité génétique appauvrit le patrimoine fruitier et réduit la résilience face aux maladies et aux changements climatiques. Les variétés anciennes locales sont particulièrement menacées.
En savoir plus
L’usage intensif de pesticides dans certaines cultures commerciales de cassis contamine les sols et affecte les pollinisateurs essentiels à cette plante. Les résidus chimiques persistent dans l’environnement et peuvent se retrouver concentrés dans ces petits fruits à peau fine, particulièrement sensibles aux pollutions.
En savoir plus
La culture biologique du cassis préserve la qualité exceptionnelle de ce fruit santé et protège les écosystèmes. Sans pesticides de synthèse, elle favorise la biodiversité des jardins et la santé des sols. Planter des cassissiers dans son jardin contribue à maintenir cette diversité fruitière et offre un habitat précieux aux oiseaux et insectes auxiliaires.
En savoir plus