L’abricot possède une histoire romantique qui débute dans les vallées reculées de l’Arménie antique, d’où son nom scientifique « armeniacum » lui rend hommage. Alexandre le Grand découvrit ce fruit doré lors de ses conquêtes orientales et l’introduisit en Grèce, où il fut surnommé « praecocium » (précoce) par les Romains pour sa maturité hâtive. Les caravanes de la Route de la Soie transportèrent précieusement ces « œufs du soleil » vers l’Occident, où ils devinrent symboles de richesse dans les harems ottomans. Les sultans de Samarkande cultivaient des variétés d’exception dans leurs jardins secrets, tandis que les moines de Provence développèrent l’art de les sécher au soleil méditerranéen. Les conquistadors espagnols les plantèrent dans leurs missions californiennes, créant les vergers légendaires de la côte ouest américaine. Aujourd’hui, ce velours doré continue d’enchanter par sa délicatesse éphémère et son parfum envoûtant, incarnant la douceur des étés méditerranéens et la nostalgie des jardins d’Orient.

L’abricot est le fruit de l’abricotier, arbre de la famille des Rosaceae, du genre Prunus, et plus précisément de l’espèce Prunus armeniaca. Originaire d’Asie centrale (Chine, Arménie, Caucase), l’abricotier est aujourd’hui cultivé dans toutes les régions au climat méditerranéen et tempéré chaud. Cet arbre de taille moyenne peut atteindre 6 à 8 mètres de hauteur et vivre une cinquantaine d’années, formant une couronne arrondie au feuillage caduc vert tendre.
L’abricotier peut se cultiver en pot dans les régions aux hivers rigoureux. Choisissez un grand contenant d’au moins 50 cm de diamètre avec un excellent drainage. Le substrat doit être riche, bien drainé et légèrement calcaire. L’exposition plein soleil est indispensable, abritée des vents froids. L’arrosage doit être régulier en été mais modéré en hiver. La taille s’effectue après récolte pour maintenir la forme. Rentrez l’arbre si les températures descendent sous -15°C. Certaines variétés naines sont spécialement adaptées à la culture en bac.
L’abricot présente une forme arrondie légèrement aplatie, mesurant 3 à 6 cm de diamètre selon les variétés. Sa peau veloutée caractéristique, d’un orange doré parfois teinté de rouge, protège une chair tendre et parfumée. Le fruit présente souvent un sillon médian marqué, héritage de sa formation dans la fleur. Au centre, un noyau dur renferme une amande au goût d’amande amère.
La chair de l’abricot offre une saveur délicate et parfumée, mêlant douceur sucrée et acidité rafraîchissante selon les variétés et la maturité. Sa texture fondante et juteuse libère des arômes complexes évoquant la pêche, l’amande et parfois des notes florales ou miellées. Les meilleures variétés développent un parfum envoûtant qui embaume dès qu’on les approche du nez, témoignage de leur richesse aromatique exceptionnelle.
Les variétés d’abricots se distinguent par leur période de maturité, leur taille et leurs qualités gustatives. Parmi les précoces, ‘Précoce de Saumur’ ouvre la saison dès juin, suivie de ‘Luizet’ aux gros fruits parfumés. ‘Bergeron’ domine la production française avec ses fruits fermes et savoureux, parfaits pour le transport.
Les variétés tardives comme ‘Rouge du Roussillon’ prolongent la saison jusqu’en août. ‘Pêche de Nancy’ se distingue par sa chair fondante exceptionnelle, tandis que ‘Polonais’ offre des fruits de gros calibre. Les variétés du Midi comme ‘Orangé de Provence’ s’adaptent parfaitement aux climats chauds.
Certaines variétés anciennes comme ‘Alberge de Montgamet’ ou ‘Abricot du Valais’ sont préservées par les conservatoires pour leur patrimoine génétique unique.
L’abricot est exceptionnellement riche en bêta-carotène (provitamine A), lui conférant sa belle couleur orangée et des propriétés antioxydantes remarquables. Avec 1380 μg pour 100g, il couvre largement les besoins quotidiens et protège la peau du soleil, améliore la vision nocturne et renforce le système immunitaire.
Riche en vitamine C (10mg pour 100g), il contient également du potassium essentiel à l’équilibre hydrique, des fibres douces favorisant la digestion et des polyphénols aux propriétés anti-inflammatoires. Avec seulement 48 calories pour 100g, l’abricot est un fruit minceur idéal.
Sa richesse en lycopène (antioxydant) et en lutéine protège contre les maladies cardiovasculaires et certains cancers. Les abricots secs concentrent tous ces nutriments et constituent un excellent en-cas énergétique naturel.
Notre analyse des meilleurs fruits pour la santé
Un abricot de qualité doit être souple au toucher sans être mou, avec une peau veloutée sans meurtrissures ni taches brunes. La couleur orange doit être uniforme et intense, signe de maturité optimale. Un bon abricot dégage un parfum intense et caractéristique.
Évitez les fruits trop durs qui n’ont pas atteint leur maturité gustative, ou trop mous qui se détériorent rapidement. Les abricots avec leur pédoncule se conservent mieux. Choisissez de préférence des fruits de production locale pour garantir fraîcheur et qualités gustatives, l’abricot supportant mal les longs transports.
L’abricot se déguste principalement frais, nature ou en salade de fruits. Il sublime les tartes, clafoutis, compotes et confitures grâce à sa chair fondante et parfumée. Séché, il enrichit tajines, couscous et pâtisseries orientales. L’abricot accompagne parfaitement agneau et volaille en cuisine méditerranéenne. Les noyaux peuvent être cassés pour récupérer l’amande, utilisée en pâtisserie mais avec modération car elle contient de l’acide cyanhydrique.
En médecine traditionnelle, l’abricot est réputé pour ses propriétés émollientes et adoucissantes. Sa richesse en bêta-carotène protège la peau des méfaits du soleil et favorise le bronzage naturel. Les fibres solubles régulent le transit intestinal en douceur. L’huile d’abricot, extraite des noyaux, nourrit et assouplit les peaux sèches et matures.
L’huile de noyau d’abricot, bien que non essentielle, possède des propriétés cosmétiques remarquables. Riche en vitamines A et E, elle régénère les peaux fatiguées et constitue une excellente base pour les mélanges aromatiques. Son parfum délicat et fruité évoque l’été méditerranéen et la douceur de vivre, créant une atmosphère apaisante et sensuelle.
L’abricotier fleurit très tôt au printemps, souvent dès février-mars, produisant de petites fleurs blanches rosées avant l’apparition des feuilles. Cette précocité explique sa vulnérabilité aux gelées tardives. La récolte s’étale de juin à août selon les variétés et les régions, avec un pic en juillet.
Cette saison courte et la fragilité du fruit rendent l’abricot particulièrement précieux et attendu. Les conditions météorologiques printanières déterminent largement la qualité et la quantité de la récolte annuelle.
L’abricot est un fruit fragile qui se conserve peu de temps. À température ambiante, il continue de mûrir mais se détériore rapidement en 2-3 jours. Au réfrigérateur, il se garde une semaine maximum mais peut perdre de ses arômes.
Pour une conservation plus longue, l’abricot peut être séché au soleil (méthode traditionnelle méditerranéenne), congelé dénoyauté ou transformé en confitures et compotes. Les abricots secs se conservent plusieurs mois et concentrent les saveurs et nutriments. Une fois coupé, le fruit s’oxyde rapidement ; ajoutez quelques gouttes de citron pour préserver sa couleur.
Les abricotiers, malgré leur origine méditerranéenne, souffrent des dérèglements climatiques qui perturbent leur cycle délicat. Le réchauffement avance la floraison, exposant les fleurs aux gelées tardives désastreuses. Les canicules estivales grillent les fruits avant maturité, tandis que les orages de grêle détruisent des récoltes entières en quelques minutes.
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La culture intensive privilégie quelques variétés commerciales au détriment des variétés locales anciennes, provoquant une érosion génétique dramatique. Ces variétés traditionnelles, adaptées aux terroirs spécifiques, possèdent souvent une meilleure résistance naturelle et des qualités gustatives uniques qui disparaissent avec elles.
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La sensibilité de l’abricotier aux maladies fongiques (moniliose, coryneum) pousse vers l’usage intensif de fongicides qui contaminent les sols et les nappes phréatiques. Ces traitements répétés affectent la microbiologie des sols et la faune auxiliaire, essentielles à l’équilibre des vergers.
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L’agriculture biologique de l’abricot, bien que plus délicate, préserve la qualité exceptionnelle de ce fruit et protège les écosystèmes méditerranéens. Les variétés résistantes et les techniques alternatives comme la confusion sexuelle permettent de réduire les intrants chimiques. Soutenir les producteurs bio et les conservatoires variétaux contribue à préserver ce patrimoine fruitier méditerranéen unique.
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