Le gavial du Gange, un reptile sacré en voie de disparition

Le gavial du Gange, un reptile sacré en voie de disparition

Seule espèce de son genre, le gavial du Gange n’est pas seulement sur le déclin mais compte parmi les animaux en danger critique d’extinction. Bien que protégé depuis les années 70, le reptile a finalement été rattrapé par l’accroissement du trafic fluvial et la progression de l’agriculture qui a conduit à l’assèchement des terres à travers l’Inde notamment.

Il faut dire qu’avec ses pattes très courtes, le gavial du Gange n’est guère à l’aise sur la terre ferme, préférant les cours d’eau parcourus de végétation où il peut attraper poissons et crustacés à l’aide de sa mâchoire étroite. Inoffensif pour l’Homme malgré sa taille impressionnante, l’impact de la chasse n’est pas non plus à négliger.

  • Apparence : dos osseux, mâchoire étroite terminée par une protubérance
  • Longueur du corps : de 2,7 à 6 mètres
  • Poids : de 160 à 250 kg
  • Longévité : 25 à 30 ans
  • Distribution : Inde, Népal
  • Régime alimentaire : poissons, crustacés, petits amphibiens

Zones de répartition naturelle du gavial du Gange

En dépit de son nom, le gavial du Gange ne se rencontre plus dans le fleuve sacré indien. Il a également disparu de la Birmanie, du Bangladesh et du Pakistan mais survit encore en dans les rivières Chambal, Girwa, Ken, Son, Ramganga et Mahandi en Inde ainsi que dans la rivière Rapti-Narayani au Népal. 

La rivière Chambal étant l’une des zones où les populations de l’espèce sont les plus importantes.

Pourquoi le gavial du Gange est-il en voie de disparition ?

Associé au dieu Vishnu et considéré comme un animal sacré, le gavial du Gange n’est pas épargné de la chasse pour sa peau épaisse très recherchée dans le secteur de la maroquinerie. Ce sont également la perte de son habitat naturel et la surpêche qui ont poussé au bord de l’extinction le reptile dont on ne compte plus aujourd’hui que quelque 200 individus. 

La perte de son habitat naturel

Présent essentiellement en Inde, deuxième pays le plus peuplé du monde après la Chine et en fort développement, le gavial du Gange subit de plein fouet les conséquences de l’accroissement des activités humaines. 

En cause notamment, le détournement des rivières destinées à irriguer de nouvelles plantations ou à permettre l’urbanisation. Très mal à l’aise sur la terre ferme, pratiquement incapable de se déplacer d’une rivière à une autre, le gavial du Gange ne peut malheureusement pas s’adapter à la modification de son habitat.

La pêche

Strictement piscivore, le gavial du Gange doit aussi composer avec le développement de la pêche qui le prive de ses mets de prédilection. Celle-ci s’est accompagnée d’un trafic accru de la navigation sur les cours d’eau qu’il occupe, et de l’abandon de filets maillants qui constitueront parfois pour l’espèce des pièges mortels.

Accusé de concurrencer les pêcheurs justement, le gavial du Gange peut aussi être chassé, simplement en représailles.

Le commerce illégal

Bien qu’inscrit en annexe I de la CITES et donc protégé de toute forme de commercialisation, le gavial du Gange continue d’être chassé afin d’alimenter le marché noir de multiples façons.

Le grain particulier de sa peau est tout particulièrement recherché en maroquinerie tandis que sa graisse et la bosse située au bout de sa mâchoire sont censées posséder respectivement des propriétés médicinales et aphrodisiaques. Elles entrent ainsi régulièrement dans la confection de remèdes traditionnels en Inde et au Népal.

Ses œufs quant à eux sont encore largement consommés par les populations tribales, entraînant le pillage fréquent des nids de l’espèce.

Très peu adapté à la vie en captivité, le gavial du Gange fait toutefois l’objet de plusieurs programmes d’élevage puis de réintroduction dans des réserves préservées à travers l’Inde et le Népal. La Conservation Alliance Gavial (GCA) créée en 2007 s’est notamment fixé pour objectifs de maintenir une population stable de l’espèce en éduquant les populations autochtones et en recréant les conditions les plus proches possibles du mode de vie naturel de l’animal. Des mesures qui se sont pour l’heure révélées inefficaces voire insuffisantes dans le meilleur des cas, compte tenu des efforts déployés. 

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