Avec ses pattes et son cou démesurément longs, la girafe est non seulement l’animal le plus haut au monde mais aussi l’un des plus lourds. Strictement herbivore, ce sont près d’une centaine d’espèces de plantes dont elle se régale dans la savane africaine, malgré une préférence marquée pour les acacias.
Neuf sous-espèces de girafes se partagent actuellement le continent africain, liées par un mode de vie en petits groupes et une tendance à se nourrir au lever du jour ou à la tombée de la nuit, lorsque les feuilles tendres sont plus faciles à saisir. Si le lion constitue le seul prédateur naturel du grand mammifère, la croissance démographique, le braconnage et l’absence de réelles mesures de protection ont entraîné l’effondrement de 40% de ses populations en l’espace de 30 ans.
Endémique de l’Afrique, la girafe était présente autrefois à travers la quasi-totalité du continent. Son aire de répartition s’est progressivement réduite, mais l’espèce parcourt encore les savanes broussailleuses que l’on rencontre notamment au Kenya, au Botswana, en Tanzanie, au Niger et jusqu’en Afrique du Sud où elle a été progressivement réintroduite. La girafe a en revanche disparu de la majorité des pays d’Afrique de l’Ouest.
Au 19ème siècle, alors que seuls les peuples indigènes chassaient la girafe, celle-ci se regroupait encore en large troupeaux de plusieurs dizaines d’individus. Mais l’essor de la chasse au trophée et plus récemment le recul de son habitat face à l’accroissement démographique ou le braconnage ont décimé ses populations et l’espèce est à présent protégée dans pratiquement tous les pays qu’elle occupe encore.
Alors que les menaces se sont accentuées ces dernières années, les mesures de conservation restent encore insuffisantes et c’est avec une relative surprise que l’espèce a rejoint en 2016 la grande famille des espèces en voie de disparition.
En plus de la conversion des milieux naturels en pâturages pour le bétail, la girafe est aussi confrontée à l’étalement des populations humaines sur son territoire couplé à la multiplication des infrastructures telles que les routes et les lignes électriques. La fragmentation des terres et la répartition de l’espèce en petits groupes isolés les uns des autres complique également la reproduction et pose la question du renouvellement des générations dans les années à venir.
Aujourd’hui encore, la girafe ne bénéficie pas du même niveau de protection d’un pays à l’autre. En Somalie, en Ethiopie, en Namibie ou en Afrique du Sud par exemple, sa chasse reste autorisée tout comme au Swaziland où l’espèce est d’ailleurs considérée comme l’un des gibiers les plus prisés qui soit.
Le braconnage n’en reste pas moins pratiqué même dans les pays où la chasse à la girafe est interdite, que ce soit pour le commerce de viande de brousse ou pour la peau, les cornes, les os et la queue du mammifère, utilisés de diverses manières dans la médecine traditionnelle.
De près d’un million d’individus répartis sur le continent africain dans les années 90, l’espèce ne dépasse plus aujourd’hui les 150 000 animaux.
Bien qu’adaptée aux grandes chaleurs, la girafe est désormais confrontée à des sécheresses plus fréquentes du fait de la hausse des températures. Des sécheresses qui entraînent avec elles la raréfaction de la nourriture disponible et des points d’eau.
À la différence d’autres espèces africaines emblématiques telles que le lion ou l’éléphant, la girafe reste encore relativement méconnue. Faute de données suffisantes, la réalité de son déclin conserve toujours de nombreuses parts d’ombre qui compliquent la mise en place d’éventuelles mesures de protection.
Pour contrer cette extinction silencieuse qui s’opère sous les yeux des scientifiques et des populations locales, les études se multiplient aujourd’hui afin d’établir les projets adéquats. La girafe réticulée et la girafe masaï comptent à présent parmi les espèces en danger tandis que la nubienne et la Kordofan sont classées comme en danger critique d’extinction mais dans d’autres régions comme en Afrique du Sud, les populations du mammifère se sont stabilisées et recommencent même à croître.
Tandis que nos connaissances s’affinent progressivement, ce sont de nouveaux programmes de conservation qui seront amenés à apparaître et avec eux l’espoir d’observer des retombées positives pour toutes les sous-espèces de girafe, quelle que soit la région dans laquelle elles évoluent.