20 oiseaux en voie de disparition

N’est-il pas étrange de penser que les dinosaures existent encore sous certaines formes sur notre Terre ? Les oiseaux constituent en effet leurs plus proches descendants, bien que les siècles passants aient engendré une multitude d’évolutions.

Un bec corné et édenté est progressivement venu prendre la place d’une mâchoire autrefois pourvue de dents pointues, tandis que les os de leurs ailes se sont soudés avec le temps, là où étaient dissimulés à l’origine plusieurs doigts griffus. 

Essentielles au vol, au camouflage mais aussi au maintien d’une température corporelle optimale, ce sont ces ailes recouvertes de plumes qui représentent aujourd’hui l’un des traits les plus distinctifs des oiseaux bien que tous, comme l’autruche, n’aient pas la capacité de voler. Quelques rares espèces, telles que le kiwi, en sont même totalement dépourvues ! 

Vertébrés ovipares à sang chaud et au squelette généralement creux, les oiseaux englobent actuellement près de 11 150 espèces réparties en une trentaine d’ordres différents. Puisqu’ils se rencontrent pratiquement partout à travers le monde et que leur habitat influe largement sur leur comportement, tous présentent en effet des spécificités morphologiques ou sociales adaptées à leur mode de vie.

Il y a ceux qui ont appris à résister au froid glacial des régions polaires, là où d’autres bravent au quotidien les températures extrêmes des déserts chauds de notre planète. Il y a les grands carnivores et les petites espèces consommatrices de graines tandis que d’autres encore, habitués aux milieux aquatiques, savent distinguer dans la vase les petites particules qui composent leurs repas.

Qu’ils soient migrateurs ou non, les oiseaux jouent dans tous les cas un rôle majeur au sein de la biodiversité, qu’il s’agisse de la pollinisation des plantes, de la dissémination des graines ou de la régulation des espèces d’insectes nuisibles.

Une espèce sur huit serait pourtant aujourd’hui menacée d’extinction et la situation est d’ailleurs particulièrement préoccupante en France où les campagnes se sont vidées d’un tiers de leurs oiseaux en l’espace de 15 ans. Au cœur du problème, une agriculture toujours plus intensive et qui s’ajoute à l’urbanisation, à la pollution et à la chasse déjà observées. 

Certaines espèces font ainsi face à un rythme d’extinction 100 fois supérieur à la normale.

Kakapo

Reconnaissable à son plumage jaune et vert, le kakapo ou perroquet-hibou est une espèce de grands perroquets dont la taille peut atteindre les 60 centimètres. 

Ses ailes, trop courtes pour sa morphologie, en font l’unique perroquet au monde incapable de voler. Elles lui servent toutefois à garder l’équilibre et à impressionner ses adversaires durant la saison des amours.

Strictement végétarien, son bec caractéristique lui permet quant à lui de broyer les graines et les fruits dont il se nourrit, et qui ne manquent pas dans les forêts qu’il occupe. L’urbanisation et l’introduction d’espèces prédatrices classent toutefois désormais le kakapo parmi les animaux en danger critique d’extinction.

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Manchot empereur

Mal à l’aise sur la banquise avec sa démarche empotée, incapable de voler du fait de ses ailes trop courtes, le manchot empereur étonne pourtant par ses mécanismes d’adaptation qui lui permettent de survivre dans l’une des zones les plus hostiles de la planète. 

Ses quatre couches de plumes serrées l’aident à conserver une température corporelle d’environ 38°C, même lorsque l’air ambiant frôle les -40°C. Ses ailes semblables à des nageoires et ses pattes palmées lui permettent quant à elles de se déplacer rapidement dans les eaux glacées où vivent les petits animaux dont il se nourrit.

Les journées se passent ainsi autour du continent antarctique, entre recherche de nourriture et soins apportés aux petits. Le réchauffement climatique pèse toutefois lourd sur le manchot empereur, tout comme l’accroissement du tourisme et la surpêche qui le prive progressivement de ses proies.

Gorfou sauteur

Une touffe de plumes jaunes et noires perchée sur la tête, une taille moyenne et une tête massive, le gorfou sauteur se rencontre dans les régions subantarctiques où il vit en colonies, dans les amas de roches et de végétation.

Parfaitement adapté aux plongées profondes, c’est en mer qu’il passe la plupart de son temps à chasser poissons et crustacés tout en prenant garde au léopard de mer ou au requin bleu pour qui il constituerait une proie idéale.

Hors de l’eau, ce sont les activités humaines en plein essor et la pollution qui perturbent sa reproduction et le classent parmi les espèces menacées.

Harfang des neiges

Avec son plumage d’un blanc immaculé dans lequel disparaît en partie son bec, il parvient à se fondre parfaitement dans son environnement. Le harfang des neiges se rencontre dans la toundra arctique où il semble préférer les zones ouvertes parsemées de végétation et de rochers, jamais très loin du littoral.

À la différence de beaucoup d’autres espèces de sa famille, c’est en journée qu’il est actif, regagnant son nid composé de mousses et de lichens au crépuscule après avoir chassé oiseaux, crustacés et petits mammifères tout au long du jour. 

Sa proie favorite, le lemming, est un petit rongeur en voie disparition sous l’effet du réchauffement climatique et dont la diminution prive le harfang des neiges de sa source principale de nourriture. 

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Tourterelle des bois

Difficile d’observer la tourterelle des bois, bien qu’il s’agisse d’une espèce commune. Présente à travers les plaines cultivées et les zones arbusives, elle se reconnaît sans mal avec son plumage gris-bleu et ses ailes rousses teintées de noir.

La fin du mois de juillet marque chaque année pour elle le début d’une longue migration en direction du continent africain, après avoir niché à travers l’Europe durant la première partie de l’année. 

Si elle connaît aujourd’hui un déclin rapide dans les milieux qu’elle occupe, c’est qu’elle est une proie privilégiée pour les chasseurs. La France notamment autorise toujours la chasse à la tourterelle des bois, alors même que le rythme de régression de l’espèce y est l’un des plus préoccupants.

Macareux moine

Le macareux moine est l’une des quatre espèces de macareux existantes, et le seul que l’on rencontre en Atlantique Nord. 

Capable de voler malgré sa silhouette rondelette et ses difficultés d’atterrissage, c’est un oiseau marin progressivement devenu l’un des emblèmes du Canada. Mais nous l’observons également sur nos côtes à partir de mars, et plus particulièrement dans l’archipel des Sept-Iles, au cœur des Côtes d’Armor où il retrouve chaque année le même terrier.

Une ultime colonie en France qui ne compte plus que 200 individus et que menacent encore les marées noires et les dégazages sauvages.

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Ara hyacinthe

Avec son plumage bleu chatoyant et le pourtour jaune vif de son œil, l’ara hyacinthe fait partie de ces espèces extraordinaires que l’on rencontre encore dans la forêt tropicale brésilienne. 

C’est là, parmi la végétation dense qu’il se nourrit de noix, de cacahuètes et de fruits frais, participant activement à la dispersion des graines autour de lui. Son envergure pouvant atteindre les 1,5 mètres en fait aussi la plus grande espèce au sein de sa famille.

Fragilisé par le braconnage et la destruction de son habitat, l’ara hyacinthe est passé de 100 000 à 2000 individus en l’espace de quelques décennies.

Perroquet jaco

Le perroquet jaco, ou gris du Gabon d’après la couleur de son plumage, est l’une des espèces de perroquets les plus prisées par les particuliers. Il faut dire que son caractère curieux et sa tendance au bavardage en font un animal particulièrement sociable. 

À l’état sauvage, c’est dans le centre ouest de l’Afrique que nous le rencontrons, dans les plantations et les forêts riches en graines de toutes sortes. Si son commerce est désormais interdit, le perroquet jaco reste menacé par le déboisement de son environnement et par le trafic illégal d’espèces.

Ara militaire

L’ara militaire que l’on retrouve dans les forêts tropicales au Mexique et en Amérique du Sud est facilement reconnaissable à son plumage vert et à la tache rouge présente sur son front. 

Animal diurne, c’est à l’aube qu’il quitte la cime des arbres et les falaises qui lui servent d’abri à la recherche de noix et de graines que son bec solide lui permet de décortiquer sans mal. Quelques haltes régulières pour se nourrir également de certains dépôts argileux lui permettent de résister au poison caché dans quelques-uns de ses aliments.

Menacé par la déforestation et la capture domestique, l’ara militaire ne compte plus que 10 000 individus à travers le monde. 

Albatros hurleur

Aussi connu sous le nom de grand albatros, l’albatros hurleur est le représentant le plus imposant de sa famille. 

S’il apparaît relativement maladroit sur terre, il fait preuve d’une extraordinaire habilité dans les airs et sur les flots. C’est là qu’il se nourrit de poulpes et de calamars principalement la nuit, ne regagnant les îles environnantes que pour établir son nid avec le ou la partenaire avec qui il passera sa vie.

Ce sont aujourd’hui les techniques de pêche modernes et l’introduction d’espèces invasives qui classent l’albatros hurleur parmi les espèces menacées.

Bec-en-sabot

Curieux animal que le bec-en-sabot. Derrière son allure vaguement préhistorique, ce grand échassier endémique du continent africain semble partager des caractéristiques avec de nombreuses espèces différentes. 

C’est dans les zones marécageuses de la région du Nil que nous le rencontrons, occupé à déloger poissons et petits animaux aquatiques de leur cachette. Plutôt silencieux, la saison des amours le pousse à claquer du bec à la manière des cigognes pour se faire entendre. 

C’est avant tout la destruction de son habitat qui fait aujourd’hui du bec-en-sabot une espèce menacée.

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Fuligule milouin

Le fuligule milouin est une espèce de canards reconnaissable à son œil rouge vif et sa tête d’un brun flamboyant. Habitué aux étangs d’eau douce et saumâtre répartis à travers l’Europe et l’Afrique du Nord notamment, il forme lors de ses migrations d’hiver de larges troupes de près de 500 individus.

Dans les zones aquatiques qu’il fréquente, riches en végétation, en lentilles d’eau et en crustacés, il se révèle être un plongeur hors pair capable de tenir en apnée une quinzaine de secondes.

Fragilisé par de fréquentes intoxications au plomb, le fuligule milouin souffre aussi de la destruction de son habitat.

Padda de Java

Malgré sa petite taille, difficile de ne pas remarquer le padda de Java dans la nature avec son plumage bleu-gris et son bec rouge vif. Réparti à travers plusieurs îles d’Indonésie dont l’île de Java d’où il tire son nom, il s’agit d’une espèce plutôt grégaire que l’on peut observer dans les plaines ou les prairies et jusqu’aux abords des villes.

Le moment de la récolte du riz sur les îles entraîne généralement la formation de grands rassemblements qui pourront occasionner d’importants dégâts dans les cultures. Aussi le padda de Java est-il considéré comme une espèce nuisible, chassée par les agriculteurs. La perte de son habitat constitue une autre grande menace.

Aigle impérial

L’aigle impérial est un grand rapace reconnaissable à son plumage brun teinté de blanc au niveau des ailes. Présent à travers le sud-est de l’Europe et l’Asie centrale, il peut être sédentaire ou migrateur en fonction de son aire de répartition. 

C’est en tout cas dans les zones boisées qu’il se rencontre, ne quittant les hautes branches que pour gagner les zones découvertes qui constituent son terrain de chasse. 

L’aigle impérial compte aujourd’hui parmi les espèces en danger du fait de la chasse et de la destruction fréquente de ses nids par l’Homme.

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Vautour percnoptère

Plutôt diurne, le vautour percnoptère s’observe entre l’Europe et l’Afrique à travers une multitude d’habitats différents. S’il niche dans les falaises, c’est en effet autour des zones cultivées, des marais, des steppes et jusqu’en bordure des villes qu’il trouve sa nourriture.

Quittant le vieux continent à la fin août, ses migrations le conduisent jusqu’au sud du Sahara, où il passera l’hiver.

Fragilisé par l’usage intensif de pesticides dans l’agriculture, le vautour percnoptère fait aussi face à des contaminations fréquentes dues à l’ingestion d’espèces jugées nuisibles, mortes empoisonnées.

Vautour de Rüppell

Le vautour de Rüppel est une espèce de vautour de grande taille que l’on rencontre en Afrique, dans de nombreux milieux montagnards et forestiers. Reconnu pour être plutôt lent avec une vitesse moyenne ne dépassant que rarement les 35 km/h, il l’est aussi pour son altitude de vol certifiée au moins une fois à plus de 11 000 mètres au-dessus du niveau de la mer. 

Les empoisonnements accidentels et la perte d’habitat qui constituent ses principales menaces ont d’ores et déjà fait passer ses populations sous les 30 000 individus.

Serpentaire

Malgré son plumage gris clair et ses longues pattes semblables à celles d’un échassier, le serpentaire appartient bien à la famille des faucons. Présent notamment dans les écosystèmes forestiers, ce grand rapace africain doit son nom à son régime alimentaire essentiellement ophiophage. Autrement dit, ses proies privilégiées sont les serpents et les couleuvres qu’il avale tout rond après les avoir tuées. 

Si c’est en hauteur qu’il construit son nid et si ses parades nuptiales donnent lieu à d’élégants ballets aériens, c’est au sol que le serpentaire passe la majeure partie de sa vie. De quoi le rendre vulnérable face à une chasse illicite croissante au cœur de son aire de répartition.

Cacatoès blanc

Endémique des forêts réparties à travers l’archipel des Molluques en Indonésie, il n’est pas difficile de repérer le cacatoès blanc à l’état sauvage de par ses cris réguliers. 

L’espèce ne descend pourtant que rarement à terre, préférant de loin la cime des arbres où elle peut se nourrir de graines et de fruits. S’il participe ainsi à la régénération des forêts, le cacatoès blanc peut aussi engendrer d’importants dégâts dans les champs où il lui arrive de se nourrir.

La persécution dont il est victime est toutefois due à son caractère joueur et son plumage immaculé qui a donné lieu à un important trafic illégal pour en faire un animal domestique.

Grue couronnée

La grue couronnée est un oiseau grégaire que l’on rencontre essentiellement en Afrique centrale. 

Très friande d’insectes, de mollusques voire d’amphibiens, ce sont les zones humides qu’elle fréquente, alternant entre rizières et marais répartis dans les milieux semi-désertiques. Des milieux fréquemment drainés et détruits pour les besoins agricoles qui poussent la grue couronnée à vivre sur des territoires de plus en plus réduits.

S’ajoutent aussi la pollution, la chasse et l’exploitation pétrolière.

Paon spicifère

Originaire d’Asie du Sud-Est, le paon spicifère est un animal discret dont la vie est étroitement liée aux milieux aquatiques qu’il fréquente. Les trois sous-espèces connues sont ainsi réparties dans une poignée de pays où les périodes de reproduction semblent varier en fonction de l’arrivée de la mousson.

Très sédentaire, le paon spicifère doit faire face à une chasse massive pour sa chair, ses plumes et même ses poussins couplée à la destruction de son habitat par l’Homme qui entraîne à elle seule un déclin important parmi les populations de l’espèce.