Nous l’avons cru éteint durant les années 70 tant il se faisait rare. Malgré les programmes de protection mis en place, le kakapo ou perroquet-hibou reste aujourd’hui l’un des animaux les plus menacés de la planète.
Très répandu autrefois à travers la Nouvelle-Zélande, son incapacité à voler, ses cris stridents et son rythme de reproduction particulier sont autant d’éléments qui ont joué contre lui lors de la colonisation européenne, durant le XIXe siècle. L’oiseau nocturne doit depuis faire face à la déforestation, à la chasse et à des prédateurs toujours plus nombreux au point qu’il ne reste plus aujourd’hui qu’une poignée d’individus.
Le kakapo se rencontre exclusivement en Nouvelle-Zélande, dans une multitude d’habitats différents. Tantôt présent dans les régions côtières et les zones accidentées, nous le retrouvons aussi bien plus haut dans les montagnes et les milieux à la végétation dense. L’installation de l’Homme a toutefois considérablement grignoté son aire de répartition initiale.
Le plus gros perroquet au monde est aussi reconnu comme une espèce hautement vulnérable et ce, pour de nombreuses raisons. Incapable de voler, c’est à terre qu’il façonne son nid tandis que son unique mécanisme de défense consiste à s’immobiliser totalement en présence d’un prédateur. Cela ne l’empêche pas de se montrer particulièrement bruyant durant la saison des amours, avec des cris stridents qui auront tôt fait d’attirer tant les partenaires potentielles que d’autres animaux.
Strictement adapté à son milieu et aux prédateurs naturels avec lesquels il a cohabité durant de nombreuses années, l’arrivée de l’Homme s’est accompagnée de celle de nouvelles menaces qui ont lourdement impacté les populations de kakapo. Parmi elles, la chasse, la déforestation et l’introduction d’espèces animales qui lui étaient jusque-là inconnues.
Habitué aux oiseaux de proie indigènes auxquels l’espèce a très vite été confrontée à travers les îles néo-zélandaises, le kakapo a adopté un mode de vie nocturne et s’est doté d’un plumage vert, parfait pour le camouflage. Des techniques qui se sont rapidement révélées inefficaces face aux chiens, aux chats et aux rats introduits par l’Homme et qui comptent davantage sur leur ouïe et leur odorat pour débusquer leurs proies.
D’un autre côté, des espèces herbivores telles que les cervidés ont également fait leur apparition sur le territoire du kakapo, aux côtés des populations humaines. Juste assez pour donner lieu à une forme de concurrence nouvelle entre les animaux, pour la nourriture. Bon nombre de plantes de prédilection du kakapo se sont d’ores et déjà éteintes.
On estime que le kakapo était l’un des oiseaux les plus répandus en Nouvelle-Zélande lorsque les Polynésiens ont mis le pied à terre, il y a près de 700 ans. Rapidement, les maoris se sont tournés vers l’oiseau dans le cadre de la chasse, que ce soit pour sa chair ou pour ses plumes à partir desquelles il était possible de confectionner des vêtements. La tête de l’animal, soigneusement coupée et séchée, se transformait alors régulièrement en accessoire pour les oreilles.
Très peu connu du reste du monde à la fin du XIXe siècle, le kakapo devint finalement une formidable source de curiosité pour la communauté scientifique européenne, fascinée par cette espèce exotique. Des milliers d’individus furent ainsi capturés vivants ou morts afin d’alimenter les zoos, les musées ou les collections privées. Le déclin déjà observable de l’espèce n’a alors contribué qu’à accroître le nombre des captures avant que l’espèce ne se soit totalement éteinte.
Pour l’agriculture, le pâturage ou l’habitation, la zone habitable du kakapo ne cesse de se réduire au profit de la déforestation. L’espèce ne survit plus que dans quelques zones fragmentées de ce qui constituait son aire de répartition initiale.
La hausse des températures peut jouer un rôle dans la prolifération des virus et des bactéries. La chaleur enregistrée ces dernières années en Nouvelle-Zélande a ainsi contribué à la multiplication de certains champignons pathogènes à l’origine d’une infection respiratoire fongique appelée aspergillose.
Alors que l’espèce ne compte plus que 213 spécimens aujourd’hui, l’infection fut mortelle pour une dizaine d’oiseaux. Une quarantaine d’autres durent recevoir un traitement.
Conséquences de toutes ces menaces, seuls 50 kakapos vivaient encore en Nouvelle-Zélande dans les années 90. L’équivalent de plusieurs millions d’euros furent alors débloqués par les autorités locales afin de mettre en œuvre des programmes de sauvegarde destinés à offrir un peu de répit à l’espèce. Introduit progressivement sur de nouvelles îles spécifiquement aménagées et protégées des prédateurs, le kakapo reste une espèce lourdement menacée malgré des premières observations plutôt encourageantes pour l’avenir.