Pas si facile d’approcher l’aigle impérial, mais il n’est pas rare de l’apercevoir tournoyant haut dans le ciel, profitant de ses larges ailes et des courants d’air chaud ascendant pour planer sans épuiser ses réserves d’énergie.
Lorsqu’il se pose enfin, c’est également en altitude dans les arbres ou les falaises notamment, là où il installera son nid. Reconnaissable à sa nuque jaune pâle sur un plumage brun-noir, l’aigle royal se divise en plusieurs sous-espèces migratrices ou sédentaires, toutes menacées par la dégradation de leur habitat naturel et les effets du changement climatique.
L’aigle impérial se rencontre dans l’hémisphère nord, à travers les reliefs de moyenne et de haute altitude en Europe et les forêts de plaines que l’on observe en Asie notamment. Plutôt habitué aux arbres de grande taille capables de supporter le poids de son nid, le rapace aura tendance à éviter les steppes et les vallées érodées dépourvues de végétation, quand bien même les proies y seraient en quantité suffisante.
S’il sait s’adapter aux situations changeantes et à la progression humaine dans une certaine mesure, l’aigle impérial n’en reste pas moins très dépendant de la qualité et de la tranquillité de son habitat naturel. Tandis que les activités anthropiques se développent et que la proximité avec l’Homme se fait plus fréquente, l’espèce tend à abandonner ses sites de nidifications quitte à rejoindre des régions moins favorables.
L’évolution constante des paysages laisse malheureusement craindre un avenir difficile pour le rapace, et la nécessité de composer avec un habitat de plus en plus fragmenté.
En zone de montagne tout particulièrement, la multiplication des installations destinées aux sports de plein air (voies d’escalade, via-ferrata, chemins de randonnées…) font peser des menaces supplémentaires sur des espaces naturels déjà impactés par la fragmentation liée à l’urbanisation et à l’agriculture. Transformés pour l’installation humaine mais aussi la mise en place de cultures et le nourrissage des troupeaux, les territoires favorables à l’aigle impérial et à ses proies ne cessent de se réduire.
En cause également, le déploiement des énergies renouvelables à travers les pays qui a donné lieu à l’accroissement du nombre d’éoliennes installées dans les milieux naturels de l’oiseau. En plus de grignoter son territoire de chasse, on constate un risque de mortalité directe du fait des pales des aérogénérateurs.
Les lignes électriques aériennes et les câbles de remontées mécaniques disposés à flanc de versant sont aussi chaque année sources de collisions et d’électrocutions, le rapace les utilisant fréquemment comme perchoir pour avoir une vue dégagée sur son environnement.
Les zones encore préservées sont quant à elles de plus en plus accessibles par la terre ou par les airs, troublant encore davantage la tranquillité de l’espèce.
La hausse des températures et la modification de la fréquence des précipitations ne sont pas sans incidence sur les proies dont se nourrit l’aigle impérial. Situé au bout de la chaîne alimentaire, le rapace est, comme tous les prédateurs, particulièrement impacté.
En représailles de la menace qu’il représente pour les chèvres et les moutons, ou bien dans le cadre du commerce illégal de l’espèce, l’aigle impérial n’est pas épargné par la chasse. Capturé aussi pour la fauconnerie, on déplore tout autant le pillage de ses œufs qui diminue considérablement les effectifs de ses populations.
Plus rares mais à ne pas négliger, l’aigle impérial risque enfin l’empoisonnement en se nourrissant des rongeurs empoisonnés destinés aux grands carnivores tels que l’ours et le loup.
Face à la méconnaissance des impacts humains sur la survie de l’espèce, le déclin se poursuit encore tandis que de nouveaux projets d’aménagement du territoire font régulièrement leur apparition. Les enjeux pour les années à venir seront de concilier accroissement urbain, activités anthropiques et respect de la biodiversité à travers différents projets qui redonneront une place essentielle à la faune et à la flore des milieux que nous occupons.