Phytothérapie : les bienfaits des plantes pour se soigner

Au gré de la prise de conscience collective sur les dangers de la pollution pour le corps humain et sur la consommation excessive et néfaste des médicaments, des formes de thérapie alternatives ont regagné en popularité. Depuis 1986, ces méthodes thérapeutiques à partir de plantes, basées sur un savoir millénaire, ont été officiellement reconnues comme médecine à part entière sous le nom de phytothérapie.

Le terme de phytothérapie est un nom composé dérivé du grec ancien φυτόν, « végétal » et θεραπεία, « cure », qui désigne le traitement ou la prévention des maladies par des plantes. Proche de l’aromathérapie, qui se sert des huiles essentielles extraites de plantes médicinales, la phytothérapie s’en distingue cependant par l’emploi global des plantes, dont les principes actifs sont extraits et concentrés dans des formes galéniques différentes – tisane, concoction, extraits etc. – tandis que l’aromathérapie se focalise uniquement sur les huiles essentielles. Même si la forme les sépare, la phytothérapie et l’aromathérapie restent semblables sur le fond. Le terme de phyto-aromathérapie est d’ailleurs fréquemment employé lorsque ces deux médecines sont associées.

Méthodes et préparations de base

Contrairement aux siècles passés, où il était possible d’acquérir les ingrédients de base de la phytothérapie chez l’apothicaire ou le pharmacien de quartier et où le savoir multi générationnel permettait de cueillir des ingrédients frais dans la nature, de nos jours, on ne trouve que des produits préparés dans des formes galéniques et des concentrations différentes qui se vendent en magasin bio, parapharmacie, pharmacie et sur ordonnance d’un médecin phytothérapeute officiellement reconnu.

Il est fortement déconseillé d’essayer de cueillir vous-mêmes des plantes en pleine nature et de préparer vos propres concoctions. D’un côté, seule une formation approfondie de pharmacologue et de botaniste peut vous prévenir de confondre plantes utiles et dangereuses. De l’autre, il faut toujours se rappeler que les plantes renferment des pouvoirs médicinaux que seul un expert sait doser et exploiter pour votre bénéfice. Même si la plupart des remèdes phytothérapiques ne produisent qu’un effet à long terme, ceci ne diminue en rien leur puissance. Ainsi l’arnica, qui fait des merveilles contre des petits maux et douleurs musculaires, peut avoir des effets néfastes sur votre système cardio-vasculaire si vous consommez une concoction trop concentrée et souffrez déjà d’hypertension. En même temps, certains produits phytothérapiques peuvent avoir des contrindications avec des médicaments prescrits par votre médecin. Il convient donc de s’en tenir aux produits disponibles en parapharmacie et pharmacie si vous souhaitez améliorer votre état de santé au quotidien. Pour des afflictions plus graves qui nécessitent des remèdes plus ciblés et puissants, il est impératif de s’adresser à un phytothérapeute accrédité.

Afin de vous permettre de vous repérer parmi les offres surabondantes et souvent assez confuses, voici les types principaux des formes galéniques sous lesquelles vous pouvez rencontrer des produits phytothérapiques.

Les plantes médicinales à l’état pur

La première catégorie des produits phytothérapiques comprend les plantes médicinales travaillées « en l’état », sans l’ajout d’autres substances.

Tisanes

La tisane se prépare à partir d’éléments frais ou séchés d’une plante médicinale. C’est la forme traditionnelle la plus simple pour profiter de leurs bienfaits. Il suffit de verser de l’eau bouillante sur vos plantes médicinales et de laisser infuser entre 5 min et 10 min. En magasin bio aussi bien qu’en parapharmacie, vous trouverez ainsi une large gamme d’herbes et de plantes séchées à l’origine certifiée que vous pouvez utiliser pour créer des petits moments de détente autour d’une tasse de thé 100% naturel et phytothérapique.

Poudres

Les poudres sont un autre produit obtenu à même les plantes, sans substances additives. Broyées de façon mécanique ou au fil d’un processus de cryobroyage, qui consiste à pulvériser la partie active de la plante séchée en la broyant sous azote liquide (-196°C), les plantes sont réduites en particules fines mesurant entre 100 microns et 300 microns.

La gamme des poudres phytothérapiques comprend à la fois des poudres en vrac qui se laissent mélanger à vos boissons et repas – eau, jus, yaourt etc. – et des poudres contenues dans des gélules qu’il faut avaler telles quelles. 

La plupart des poudres ont une concentration très faible des principes actifs de leurs plantes respectives et sont employées comme compléments alimentaires.

Liquides et extraits

D’une concentration plus grande, les liquides et extraits de plantes produisent des effets plus puissants que les poudres. Ils sont obtenus grâce à des processus complexes où la plante est passée dans des solvants différents puis séchée et transformée en un produit standardisé. Dans cette gamme de produits phytothérapiques, il y a également des grandes variations de concentration qui s’expliquent par des processus galéniques différents. Voici quelques formes principales à retenir.

Macération hydro-alcoolique

Pour produire cette forme galénique, des plantes fraîches sont immergées dans une solution à base d’eau et d’alcool et y sont laissées à macérer. Le produit fini se présente sous forme de flacons surmontés de compte-gouttes. Les macérations hydro-alcooliques, qu’on appelle aussi « teinture-mère », permettent de varier l’intensité du traitement phytothérapique et ont l’avantage de se conserver très longtemps – jusqu’à 5 ans. En revanche, elles ne conviennent ni aux enfants ni aux femmes enceintes.

Suspension intégrale de plante fraîche (SIPF)

Le procédé Suspensions Intégrales de Plantes Fraîches (SIPF) permet de conserver l’intégralité des constituants tels qu’ils se trouvaient à l’état natif dans la plante fraîche. Ce procédé est breveté depuis 1981 et a récemment été cédé au Laboratoire Synergia, qui vient d’obtenir la labellisation Agriculture Biologique par ECOCERT sur la totalité du procédé. 17 plantes sont disponibles en SIPF ainsi que le fucus, qui est une algue. La suspension intégrale de plante fraîche est obtenue par un processus complexe qui comprend le cryobroyage, la macération, la centrifugation ainsi que l’ultrapression moléculaire. Moins de 24h après la récolte, la plante est nettoyée, puis soumise au cryobroyage. Les plantes sont alors refroidies à -25°c par de l’azote afin de bloquer la dégradation enzymatique, puis broyées à -196°C en particules de 1 mm puis de 50 à 400 microns. L’étape suivante consiste à mélanger cette poudre fine à de l’eau et de l’alcool bio (30% d’alcool). Ce mélange est laissé en macération pendant plusieurs semaines pour ensuite passer en centrifugeuse ce qui permet de séparer la boue du jus macéré puis d’affiner ce dernier. La « boue » est asséchée par ultrapression moléculaire (40 bars), ce qui permet de récupérer un jus pur très concentré qui est mélangé ensuite au premier jus obtenu lors de la centrifugation. Avant d’être mise en ampoules ou en flacons, la suspension est contrôlée en vue du dosage des principes actifs et la concentration en alcool est ajustée afin de respecter la charte de fabrication.

Ce processus complexe permet de maintenir le blocage des dégradations enzymatiques et d’obtenir un micro-broyat de la plante totale. Le résultat fini a ainsi une biodisponibilité beaucoup plus importante que la poudre. La suspension intégrale de plante fraîche (SIPF) se présente soit en ampoules buvables, soit en flacons de verre teint.

Extrait fluide de plante fraîche standardisée (EPS)

Une autre forme galénique particulièrement appréciée en phytothérapie sont les extraits fluides de plante fraîche standardisée (EPS). Dans un premier temps, les plantes fraîches, de préférence issues d’une agriculture biologique ou raisonnée, sont récoltées au moment où la concentration en principe actif est la plus élevée. Dans les 24 à 48h suivant la récolte, elles sont congelées afin de stopper les processus de dégradation enzymatique et biologique. A l’étape suivante, les plantes sont cryobroyées, c’est à dire qu’elles sont réduites en fines particules à basse température. C’est à partir de l’étape prochaine que la fabrication des EPS se distingue des SIPF décrites ci-dessus. Pendant la lixiviation, on extrait un maximum de composés de la plante à l’aide de solvants, puis l’alcool utilisé pour la lixiviation est évaporé sous vide. Pendant une dernière étape, la standardisation, la quantité de glycérine d’origine végétale à ajouter au concentré d’extraits de plantes est ajustée afin de garantir une teneur en principes actifs équivalente d’un lot à l’autre.

Extraits fluides (EF) classiques

Les extraits fluides classiques sont obtenus en extrayant le principe actif contenu dans une poudre de plante sèche par lixiviation, c’est-à-dire par des passages répétés dans de l’alcool.  Le produit final a une bonne concentration en principes actifs.

Extraits secs (ES)

La fabrication des extraits secs se fait en trois phases. Tout d’abord, l’extraction des principes actifs, qui se fait à l’aide de solvants (eau ou alcool) par macération ou par lixiviation de la plante broyée. Ensuite, On passe à l’étape de la filtration afin d’obtenir un extrait liquide. Le processus se termine par le séchage qui permet d’éliminer le solvant liquide et obtenir un extrait sec. On obtient ainsi un produit de forte concentration utilisé pour la réalisation de gélules. Malgré leur aspect visuel similaire, il ne faut pas confondre les extraits secs avec de la poudre, qui contient une concentration largement inférieure de principes actifs que les ES.

Autres formes galéniques (aromathérapie)

Huiles essentielles (HE)

Les huiles essentielles sont obtenues par distillation à la vapeur d’eau ou par expression mécanique dans le cas des écorces ou zestes d’agrumes.

Ce processus consiste à porter à ébullition une chaudière pour obtenir une vapeur d’eau qui va traverser les plantes pour se charger en molécules aromatiques volatiles. Cette vapeur passe ensuite dans un serpentin qui permet le refroidissement et donc la condensation sous forme liquide, ce qui donne l’hydrolat d’une part et l’huile essentielle d’autre part.

Les huiles essentielles peuvent être ingérées sous forme de gélules, suppositoires et ovules. Elles peuvent également être employées en aérosol ou par le biais d’un diffuseur. On les trouve aussi dans des crèmes, pommades, gels et lotions. Les huiles essentielles doivent être manipulées avec précaution. Leur utilisation est interdite aux enfants de moins de 30 mois, aux personnes épileptiques ainsi qu’aux femmes enceintes et aux personnes souffrant d’insuffisance rénale. Les voies d’administration et les dosages recommandés pour l’adulte sont :

Voie Orale

  • 6 gouttes par jour soit 2 gouttes 3 fois par jour ainsi que
  • 8 gouttes par jour soit 2 gouttes 4 fois par jour pour les infections
  • 1 goutte correspond à environ 40mg d’huiles essentielles.

Voie cutanée, par massage ou friction

  • les huiles essentielles sont utilisées de préférence diluées à une ou plusieurs huiles végétales (de 1% à 30% suivant les indications thérapeutiques).

Voie aérienne

  • diffusion dans un brumisateur, 20 minutes plusieurs fois par jour, ou 2 gouttes par bol d’eau chaude ou 2 gouttes sur un mouchoir en papier ou dans un stick imprégné d’huiles essentielles.

Plantes phytothérapiques à connaître

Ci-dessous, vous trouverez quelques plantes très utiles et populaires en phytothérapie qui permettent de soigner et améliorer votre corps et esprit au quotidien.

Energie et tonus

Si vous manquez d’énergie au quotidien, ces plantes suivantes sont vos meilleurs alliés :

Le ginseng, réputé dans la médecine chinoise traditionnelle, que vous trouverez dans des gélules et ampoules buvables.

Le maca, une plante originaire d’Amérique du Sud, et dont les fruits séchés et broyés sont utilisés en poudre dans des préparations censées remplacer votre café du matin. Il est également  disponible en gélules et en suspensions buvables.

Riches en vitamine C, les baies de Goji ainsi que les cerises acérola contribuent également à garder la forme au quotidien.

Sommeil réparateur

Un sommeil réparateur est également essentiel pour se sentir bien dans son corps et sa tête. Les plantes de choix sont l’aubépine, la passiflore, la valériane ainsi que la lavande et le houblon. Vous les trouverez surtout en forme de gélules, souvent aussi mélangées à la mélatonine et au magnésium, ce qui renforce encore leurs bienfaits pour un bon endormissement et un sommeil réparateur.

Détox

Si vous souhaitez vous libérer des toxines accumulées et/ou nettoyer votre système digestif et endocrinien, il existe un grand nombre de plantes utilisées en phytothérapie :

Ainsi les jus et extraits de sève de bouleau sont un bon remède à la rétention d’eau. Par voie cutanée – huile de massage etc. – ils permettent également de lutter efficacement contre la cellulite. Cette action purifiante distingue également l’ortie et le pissenlit qui, en dehors de leur pouvoir diurétique, contribuent à combattre la peau d’orange et les impuretés cutanées. L’artichaut et le radis noir sont les meilleurs alliés pour nettoyer votre corps en profondeur. Disponibles surtout en gélules ou en suspensions buvables, ces plantes purifient les reins et améliorent l’élimination des toxines dans le foie.

Défenses immunitaires

Notamment à l’approche de l’hiver avec son lot de maladies, il est important de recourir à la phytothérapie pour renforcer le système immunitaire d’une façon efficace et naturelle. En dehors de l’extrait de curcuma avec ses propriétés anti-inflammatoires, c’est avant tout l’extrait d’échinacée, disponibles en gélule et en suspensions buvables, qui contribue à un système immunitaire bien actif et efficace.

Circulation et cardio-vasculaire

Pour ceux et celles qui passent trop de temps assis ou encore debout perchées sur de talons aiguilles, il peut être intéressant d’intégrer des produits phytothérapiques favorables à une bonne circulation dans les jambes. Ce sont avant tout la vigne vierge, l’hamamélis ainsi que le marronnier d’Inde dont l’action bénéfique sur la circulation a été exploitée en phytothérapie. La levure de riz rouge ainsi que les produits phytothérapiques enrichis en oméga 3 contribuent en outre à un bon fonctionnement cardio-vasculaire.

Quels que soient les carences ou petits maux de votre quotidien, la phytothérapie offre des solutions pour prévenir et guérir tout naturellement. Si des afflictions prolongées et graves nécessitent la consultation d’un phytothérapeute accrédité et la concertation avec un médecin spécialisé, l’usage de compléments alimentaires phytothérapiques au quotidien permet de prévenir et souvent d’éviter un grand nombre de maladies en même temps que d’améliorer votre qualité de vie.

Envie d’aller plus loin ?

La phytothérapie est un sujet vaste et relativement complexe se reposant sur des bases scientifiques. Si le sujet vous intéresse et que vous souhaitez approfondir vos connaissances, nous vous recommandons de vous tourner vers notre sélection des meilleurs livres sur les plantes médicinales.

Les meilleurs livres sur la phytothérapie