État des populations d'oiseaux en France

L’évaluation des menaces pesant sur les oiseaux nicheurs de métropole révèle une situation préoccupante : 73 espèces sur 277 sont actuellement menacées sur le territoire (11 en danger critique d’extinction, 20 en danger d’extinction et 42 espèces vulnérables).

L’intensification des pratiques agricoles et la régression des prairies naturelles ont entraîné le déclin de nombreuses espèces comme le Râle des genêts, classé “en danger”, et la Pie-grièche à poitrine rose, “en danger critique”. Cette dernière, en situation extrêmement précaire, ne compte plus aujourd’hui que 30 à 40 couples en France.

Persécutés par le passé, certains rapaces comme le Milan royal restent aujourd’hui victimes de tirs au fusil et d’empoisonnements par des appâts toxiques, malgré leur protection réglementaire. L’Aigle de Bonelli est quant à lui menacé par la raréfaction de ses proies (le lapin de garenne) et par son électrocution sur les lignes haute-tension. Le premier est classé “vulnérable” et le second “en danger”.

Parmi les espèces marines, le Pingouin torda et le Macareux moine, déjà victimes de la pollution due aux hydrocarbures, seraient désormais affectés par une réduction de leurs ressources alimentaires liée au changement climatique. Le réchauffement du climat entraînera sans doute à l’avenir la modification de l’aire de répartition de nombreuses espèces d’oiseaux, certaines pouvant disparaître de métropole du fait de leur déplacement vers le Nord. Trouvés sur le littoral breton, le Pingouin torda et le Macareux moine sont considérés comme “en danger critique” en France mais non menacés à l’heure actuelle à l’échelle mondiale.

La conjugaison de ces multiples menaces entraîne un déclin marqué de nombreuses populations d’oiseaux à l’échelle de la métropole. Le Râle des genêts a ainsi perdu 50% de ses effectifs en 10 ans, le Pic cendré apparaît en forte régression sur tout le territoire, et une espèce autrefois aussi commune que le Bouvreuil pivoine est aujourd’hui “vulnérable” du fait de son déclin de près de 60% en moins de 20 ans. Au total, alors que 12% des espèces d’oiseaux sont menacées d’extinction au niveau mondial, 26% des espèces nichant en métropole risquent de disparaître du territoire national.

Cependant, en dépit de cette situation préoccupante, différents exemples montrent que les efforts de conservation peuvent porter leurs fruits. Les actions de protection des zones humides engagés depuis plus de deux décennies ont permis d’améliorer la situation de plusieurs espèces, comme le Butor blongios et la Guifette moustac. Et après avoir disparu de France pendant près d’un siècle, le Vautour moine niche à nouveau dans les Grands Causses grâce au succès de son programme de réintroduction.