L’environnement est actuellement au centre des débats publics (climat, qualité de l’air, occupations des sols, biodiversité). Il est soumis à la pression de diverses activités humaines (ex. transports, industrie, urbanisation, agriculture) qui exercent des impacts variés. L’analyse de l’évolution des différents paramètres environnementaux met en avant une situation contrastée. Plusieurs points positifs sont à souligner, en particulier concernant les émissions de gaz à effet de serre ou de polluants atmosphériques. De nombreux défis restent cependant à relever, notamment en matière d’artificialisation d’espaces agro-forestiers ou naturels et de protection de la biodiversité.
Le bilan atmosphérique est certainement celui qui a connu l’évolution la plus favorable. Cette problématique est actuellement au cœur du débat public, avec la question de la limitation des émissions de gaz à effet de serre, et notamment du dioxyde de carbone. Entre 1990 et 2004, les émissions de gaz à effet de serre françaises ont baissé de 5,6% alors que dans le même temps les émissions mondiales ont augmenté de 24%. Les émissions françaises (8,4 tonnes équivalent CO2/habitant) se situent en dessous des émissions moyennes émises au niveau communautaire (10,2 teq CO2/habitant).
Bien que ce résultat soit satisfaisant à l’échelle nationale, il ne faut pas oublier que le réchauffement climatique est un phénomène à l’échelle mondiale Les effets négatifs du changement climatique induit par l’augmentation de la concentration atmosphérique en gaz à effet de serre ne connaissent pas de frontière. Par conséquent, nous sommes obligés de nous intéresser aux émissions des autres pays. La seule amélioration française ne suffira pas à améliorer la situation.
Sur le plan de la qualité de l’air, on constate également une amélioration au cours des dernières années. En effet, la qualité de l’air de nombreuses villes de France s’est améliorée entre 2000 et 2008. Les indices de pollution des principaux polluants se sont améliorés, excepté pour l’ozone dont l’indice connait une certaine volatilité.
Bien que l’examen des milieux aquatiques laisse apparaître une relative amélioration de la qualité des eaux superficielles, cela ne signifie pas pour autant une bonne qualité des milieux aquatiques. En effet, le niveau de pollution des milieux est toujours relativement élevé, et peut être temporairement aggravé lors des épisodes de sécheresse. On constate par exemple une baisse de 55 % de l’indice de pollution en ammonium en 10 ans. L’indice est toutefois stable pour les nitrates. Ces informations traduisent une amélioration dans les pratiques agricoles sans toutefois revenir à un état correct.
La situation ne semble toutefois pas s’améliorer concernant les pesticides. On constate une progression de certains pesticides comme les glyphosates. La situation s’améliore néanmoins pour une petite part d’entre eux comme l’atrazine (interdite en 2003).
Au cours des 30 dernières années, la consommation intérieure de matières est restée stable passant de 13,6 à 14,3 tonnes/habitants. Concernant la productivité matérielle apparente (PIB/besoin apparent en matières), on constate une augmentation d’environ 24 % de 1990 à 2007 : alors que le produit intérieur brut croissait de 38 %, le besoin en matières n’augmentait que de 11 %.
Il apparaît toutefois que la production des déchets industriels non dangereux se stabilise sur la période 1999-2006 autour de 20 millions de tonnes. Il en va de même s’agissant de la production des déchets dangereux, stable autour de 7 millions de tonnes sur la période 2004-2006. Variable selon les types de déchets, le taux global de valorisation (recyclage ou incinération avec récupération d’énergie) dépasse les 50 % en 2006.
La pollution au plomb est toujours présente, elle doit être reliée à la fois au trafic routier actuel mais également passé pendant la période de trafic automobile sans pot catalytique et sans essence sans plomb.
Le phosphore est également très présent dans l’espace agricole en général du fait de l’accumulation des engrais. Le cuivre se concentre, quant à lui, dans les zones viticoles suite à l’application régulière de sulfate de cuivre.
Dans les eaux souterraines, le niveau de pollution reste élevé et tend même à s’accroître. Ainsi le nombre de points de mesures où les teneurs de nitrates ont augmenté ont progressé. En dépit des efforts consentis pour stabiliser, voire diminuer certains des polluants des eaux de surface, la qualité des eaux souterraines se dégrade pour ce qui concerne les nitrates et les pesticides. Là encore, la « mémoire des eaux profondes » sera longue à effacer.
La synthèse met en évidence la poursuite de l’artificialisation de l’espace. L’artificialisation des milieux naturels a progressé de 3 % (soit 82 000 hectares), les milieux les plus affectés étant les terres agricoles (avec 76 000 ha détruits).
Une des principales causes de l’artificialisation des surfaces est l’étalement des villes et le développement des infrastructures routière et ferroviaire. Ces dernières provoquent non seulement une destruction des milieux naturels (1300 ha/an) mais également une fragmentation des habitats.
Le phénomène d’étalement urbain n’est pas identique dans toutes les villes. Toutefois si le pourcentage d’extension est variable suivant les années, il faut considérer plus le cumulatif sur une longue période qui entraîne des effets quasi irréversibles sur l’espace. Cet étalement urbain est notamment la résultante de l’accroissement démographique, qui est gros consommateur d’espace. En effet, de 1992 à 2004, la surface occupée par l’habitat a crû environ cinq fois plus vite que la population. Ceci s’explique par la volonté des ménages d’acquérir des logements plus grands, plus confortables.
L’urbanisation affecte tout type de milieu naturel, et notamment des habitats très sensibles et à fort intérêt écologique comme le littoral qui subit toujours une pression importante. Particulièrement riche sur le plan naturel, il présente actuellement une densité de population environ 2,5 fois plus importante que la densité métropolitaine. L’artificialisation dans les zones inondables est également une source de préoccupation : de 1999 à 2006, l’augmentation du nombre de logements y atteint 8 %, soit le même taux que celui enregistré en dehors de ces zones à risque. Ceci pose en outre de nombreux problèmes avec les risques d’inondations.
L’état de la biodiversité française continue de se dégrader. Les causes sont multiples mais sont toutes liées aux activités anthropiques (fragmentation, urbanisation, pollution, réchauffement…).
Seul point positif à noter, la surface des espaces protégés a continué d’augmenter. Mais dans le même temps, l’état de conservation des habitats d’intérêt communautaire a continué de se dégrader et s’avère mauvais pour plus de 50 % des sites examinés dans les domaines biogéographiques atlantique et continental. L’état de conservation des espèces n’est pas bon non plus, le diagnostic concernant la flore et certaines espèces faunistiques (comme les oiseaux) n’est pas bon.
L’état de la biodiversité marine est également contrasté. Des progrès sont notés pour les espèces de pleine eau en Atlantique du Nord-Est, alors que l’état des stocks des espèces de fond marin se dégrade.