Comment préserver la biodiversité marine ?

De nombreuses espèces marines sont menacées d’extinction à cause des pratiques humaines (et notamment la sur pêche). Il convient donc de mettre en place des mesures afin de limiter notre atteinte sur le milieu marin, et de préserver les ressources marines.

La consommation de produits halieutiques a considérablement augmenté au cours du vingtième siècle, passant ainsi d’1,5 million de tonnes en 1850 à 60 millions de tonnes dans les années 1980. Cette surexploitation des ressources marines pour nourrir une population humaine croissante n’est pas sans conséquence sur la biodiversité marine. Il faut de plus prendre en compte en sus de ce bilan, les prises connexes rejetées à la mer, la destruction des fonds par chalutage, l’augmentation des captures en deçà de 400 m, la dégradation de la taille des prises, et la progression d’une aquaculture dévastatrice de beaucoup de milieux naturels. La FAO estime la moitié des stocks mondiaux sont exploités au maximum de leurs possibilités et qu’un quart est surexploité ou épuisé.

Il devient donc indispensable et urgent de préserver la biodiversité marine pour assurer sa pérennité. Cet article a pour objectif de présenter quelques unes des solutions à mettre en place pour y arriver.

Mettre en place des réserves marines protégées

Actuellement, les aires marines protégées ne constituent que 0,6 % de la surface totale des océans car elles sont situées sur les côtes et ne s’étendent que rarement aux limites des plateaux continentaux. Et ces aires n’assurent pas une protection absolue. Par exemple, en France, une aire marine protégée est « un espace délimité en mer, sur lequel est fixé un objectif de protection de la nature à long terme. Cet objectif est rarement exclusif : il est souvent, soit associé à un objectif local de développement socio-économique, soit articulé avec une gestion durable des ressources. ». Elle se caractérise également par un certain nombre de mesures de gestion mises en œuvre au profit de l’objectif de protection : suivi scientifique, programme d’actions, chartes de bonne conduite, protection du domaine public maritime, réglementation, surveillance, information du public… Ces réserves ne sont toutefois efficaces que pour la protection des espèces sédentaires qui permettent aux espèces de poissons de se reproduire et de se développer sans pression anthropique. Il faudra attendre un certain temps avant que la population ainsi reconstituée puisse coloniser des secteurs voisins non protégés. On constate au sein de ces réserves une augmentation de la ponte chez les femelles, de la fécondation chez les mâles, mais aussi une augmentation de la taille des individus. Concernant les espèces migratoires, ces réserves n’ont en effet qu’un effet plus limité. Mais elles peuvent (et doivent) être mises en place dans les zones de frai pour augmenter le taux de survie juvénile et ainsi favoriser le renouvellement de l’espèce.

Préserver les milieux côtiers

La préservation des ressources marines passe également par la préservation des milieux côtiers. Ces derniers devraient abriter selon les dernières estimations plus de 80 % de la population mondiale en 2050 et seront donc extrêmement fragilisés par les pressions anthropiques. Il est donc nécessaire de prendre en compte au plus vite la préservation de notre littoral. L’urbanisation du littoral est dorénavant limitée en France d’une part par la loi Littoral et d’autre part par le travail du Conservatoire du littoral et des espaces lacustres. Mais dans encore bon nombre de pays, les milieux côtiers sont le théâtre d’une urbanisation croissante qu’il convient de maitriser. Concernant les rejets de diverses origines (agricoles, station d’épuration,…), c’est certainement un des impacts majeurs sur les milieux littoraux. Les effluents d’azote et de phosphates agricoles, les rejets des eaux usées,… entrainent une prolifération des algues et autres bactéries en bord de mer pouvant avoir des conséquences néfastes sur la biodiversité mais également la santé humaine (cf les algues vertes en Bretagne). On constate également une augmentation de la turbidité des eaux, une modification des cycles planctoniques,… Il est donc nécessaire de renforcer la législation en vigueur afin de réduire les normes de rejets autorisés.

Raisonner l’aquaculture

Compte tenu de l’épuisement des stocks et de la progression (2 % par an) de la demande mondiale en produits aquatiques, l’aquaculture est une réponse de substitution à la surpêche. Pourtant l’aquaculture n’est pas sans conséquence sur l’environnement : les effluents produits sont très polluants, la production d’espèces carnivores est très consommatrice en alevins, l’utilisation croissante d’antibiotiques et autres médicaments ont des impacts sur les populations sauvages… Enfin, les fermes aquacoles pourraient avoir recours à l’introduction d’espèces exotiques, qui en cas d’introduction non volontaire (ou volontaire) dans le milieu naturel pourraient avoir de graves conséquences sur les espèces indigènes (voir chapitre « invasions biologiques »). Là encore une meilleure règlementation sur le fonctionnement des fermes aquacoles doit être mise en place. Il s’agit notamment

  • de règlementer l’utilisation des captures accessoires pour l’alimentation des espèces carnivores, de manière à ne pas inciter les pêcheurs à conserver les espèces qui auraient pu être relâchées ;
  • de renforcer la législation sur les rejets d’effluents dans le milieu naturel ;
  • d’interdire l’élevage d’espèces exotiques (pour éviter tout risque d’invasions biologiques) ;
  • de contrôler l’utilisation de médicaments qui pourraient affecter indirectement les espèces sauvages via les effluents.

Limiter les prises connexes

Pour compenser la diminution des stocks de poissons, les pécheurs ont recours à un véritable moissonnage des océans et à des technologies de plus en plus perfectionnées. Ceci entraine une augmentation des prises d’espèces non cibles, des prises de juvéniles ou d’espèces non commerciales. Les prises accessoires comprennent souvent des juvéniles d’espèces de poissons importantes sur le plan commercial (morue, rascasse, vivaneau rouge, maigre, thazard, thazard atlantique et truite de mer) ainsi que de tortues de mer.

Ces prises connexes sont très variables suivant les types de pêche : de 20 à 40 % et jusqu’à 80 % pour la pêche à la crevette. Elles peuvent constituer un grave problème si les ressources biologiques sont gaspillées, les populations d’espèces rares et en péril sont menacées et de nouveaux prélèvements sont effectués dans les stocks halieutiques déjà abondamment exploités.

Les espèces touchées sont notamment :

  • Les cétacés, phoques, loutres de mer ou tortues accidentellement et involontairement capturées dans les filets de pêche (dont chaluts).
  • Certains oiseaux plongeurs (albatros par exemple) capturés par le filet ou un hameçon alors qu’ils tentaient de manger des poissons piégés par ces dispositifs
  • Les poissons, crustacés ou autres organismes non ciblés (espèces sans intérêt commercial, ou non commercialisables pour des raisons de taille (immatures, juvéniles) ou d’interdiction de pêche) par une pêcherie et ramenés à bord par les filets ou hameçons.
  • Des espèces de poissons non visées, mais conservé ou vendu au rebut (Hall, 1996)
  • Des espèces indésirables d’invertébrés dont échinodermes et crustacés non commercialisables.

La Commission européenne a proposé diverses mesures visant à limiter les prises accessoires :

  • Réduire la surpêche : La surpêche qui frappe actuellement de nombreux stocks a pour effet de diminuer la biomasse et d’augmenter la capture de juvéniles non commercialisables et d’espèces non ciblées. Il est donc urgent de réduire l’effort de pêche et de mettre en œuvre des mesures appropriées pour développer la biomasse des stocks reproducteurs.
  • Fermeture temporaire de certaines zones : Il convient de fermer temporairement et en «temps réel» des zones dans lesquelles une grande proportion de juvéniles a été observée. Cette mesure consiste à avertir immédiatement les pêcheurs dès que le niveau des prises accessoires est jugée excessif dans une zone. Les navires devront alors quitter la zone, qui sera fermée à la pêche aussi longtemps que nécessaire.
  • Des engins de pêche plus sélectifs : Grâce à la recherche et aux progrès technologiques, les engins de pêche peuvent être considérablement perfectionnés afin de réduire les prises accessoires. L’adaptation des engins de pêche en vue d’accroître leur sélectivité doit cependant être réalisée pêcherie par pêcherie, car chaque situation y est différente.
  • Interdire les rejets : Selon la communication de la Commission, les mesures décrites ci-dessus doivent cependant être sous-tendues par un nouveau mode de gestion des rejets. Outre la réglementation des techniques et des zones de pêche, la Commission propose d’imposer une obligation de résultat. Les rejets seraient donc progressivement interdits et un taux maximum acceptable de prises accessoires d’organismes non commercialisables, de juvéniles ou d’espèces en dépassement de quotas serait fixé pour chaque pêcherie. Dans un premier temps, ces normes seraient basées sur une réduction par rapport à la situation actuelle, puis seraient progressivement abaissées afin d’encourager la recherche technologique et l’adaptation des pratiques de pêche. L’interdiction des rejets obligerait les pêcheries à prendre en compte le coût des prises accessoires (transport, manutention, etc.), ce qui constituerait une incitation supplémentaire à diminuer ce type de captures. Des dispositions réglementaires fixeraient le résultat à atteindre (c.-à-d. le maximum de prises accessoires acceptable) et les pêcheries seraient libres d’adopter les solutions les mieux adaptées à leurs pratiques et à la situation économique.

La labellisation d’une pêche et d’une aquaculture durable pourrait permettre de mettre en avant les pêches respectueuses du milieu marin, et ainsi inciter les pêcheurs à adopter des pratiques plus respectueuses. Un écolabel du FAO existe déjà, il s’agit du Marine Stewardship Council (MSC). Mais cet écolabel ne couvre que 7% des prélèvements mondiaux. Une action de promotion de ce label par l’Union européenne serait souhaitable dans la mesure où il ne semble pas indiqué de multiplier les labellisations pour des raisons de visibilité. Chaque pêcherie souhaitant être certifiée par le label MSC doit prouver qu’elle répond aux 3 principes fondamentaux :

Principe 1 : Pérenniser les stocks de poisson

L’effort de pêche doit se situer à un niveau qui permet d’assurer la pérennité des populations de poissons. Chaque pêcherie certifiée doit faire en sorte que son activité de pêche puisse s’exercer indéfiniment, sans conduire à la surexploitation des ressources.

Principe 2 : Minimiser l’impact environnemental

Les activités de pêche doivent être gérées de façon à maintenir la structure, la productivité, la fonction et la diversité de l’écosystème dont dépend la pêcherie.

Principe 3 : Système de gestion efficace

La pêcherie doit satisfaire à toutes les lois locales, nationales et internationales, et doit avoir mis en place un système de gestion lui permettant de s’adapter aux variations de l’état du stock et d’assurer la pérennité de son activité.

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