Soja et déforestation : comment les deux sont-ils liés ?

Le soja est souvent présenté comme un aliment particulièrement bon pour la santé grâce aux protéines essentielles qu’il contient et sa bonne digestibilité. Pourtant, en dépit de l’engouement qu’il engendre dans les communautés végétariennes et végétaliennes qui y trouvent souvent une alternative idéale aux produits animaux, le soja n’est pas sans conséquences sur les écosystèmes, et il possède même un rôle clé dans la déforestation.

Voyons ensemble en quoi la culture du soja est un problème dans certaines zones du monde et les solutions disponibles pour y remédier.

Comment le soja est-il utilisé ?

Le soja cultivé est essentiellement destiné à l’alimentation animale. Près de 87% du soja produit dans le monde est ainsi destiné à l’élevage, tandis que seulement 7% sont utilisés pour la consommation humaine et 6% pour les biocarburants.

Contrairement à la croyance populaire, les bovins ne sont pas ceux qui consomment le plus de soja. Sur les 87% de soja produits pour l’élevage, 50% sont destinés à l’élevage de volaille, 24% à l’élevage de porc, 23% aux bovins (laitiers et allaitants) et le reste aux poissons d’élevage.

La consommation de viande rouge est souvent décriée dans son rôle particulièrement délétère sur les écosystèmes, notamment à cause de sa consommation importante en matières premières. Pour le soja, son rôle est relativement minime lorsqu’on le compare à celui de la volaille, des porcs et de l’industrie laitière qui sont responsables de près de 80% de la consommation de soja mondiale.

Les principaux lieux de culture du soja

On peut cultiver du soja dans des climats variés compris entre 20 et 30°C. Le soja n’a pas besoin de beaucoup d’eau pour se développer et supporte mal l’humidité. Pour ces raisons, la plupart du soja produit vient des Etats-Unis, du Brésil, d’Argentine, de Chine et d’Inde, pays où trouver un climat suffisamment chaud toute l’année avec une humidité limitée est possible.

Si la culture du soja n’est pas partout problématique pour la déforestation, ce sont surtout les cultures du Brésil et d’Argentine qui sont les plus décriées en raison de leur rôle important pour la déforestation de l’Amazonie.

Le rôle du soja dans la déforestation

Le soja a un rôle prépondérant dans la déforestation, surtout en Amérique du Sud, en particulier au Brésil et en Argentine. 

Le développement économique de certains pays et la popularité de la viande ont en effet boosté la demande pour la viande, ce qui a nécessité une intensification de l’élevage. Pour répondre à cette demande importante, de nombreux éleveurs ont choisi le soja pour nourrir leurs bêtes, qui est une option très pratique pour l’élevage industriel.

Avec l’accroissement de la demande de soja pour l’élevage, les producteurs de soja ont dû à leur tour augmenter leur production de soja, et pour ce faire, ils ont étendu leurs zones de culture en empiétant sur la forêt alentour.

Quelles sont les conséquences de la déforestation causée par la culture du soja ?

Les conséquences de la déforestation causée par la culture du soja sont nombreuses.

Tout d’abord, la culture du soja est le plus souvent une monoculture, ce qui finit mécaniquement par appauvrir les sols, diminuer les rendements agricoles et réduire considérablement la biodiversité locale . La disparition d’un écosystème riche comme la forêt amazonienne brésilienne n’est ainsi absolument pas remplacée par une nouvelle biodiversité que pourrait apporter le soja.

La culture du soja et la disparition de la forêt amazonienne ont déjà des effets néfastes localement, notamment sur le climat et le rendement agricole. En détruisant des forêts, la température augmente et les précipitations diminuent, ce qui laisse les plantes cultivées (dont le soja) à la merci de la chaleur. 

La situation peut paraître rocambolesque : on déforeste pour planter davantage avec l’espoir de produire davantage, pour finalement avoir des conditions de culture défavorables qui diminuent le rendement et font produire moins. C’est pourtant la situation dans laquelle se trouvent plusieurs zones brésiliennes confrontées à des canicules toujours plus fréquentes et des terres de moins en moins fertiles qui diminuent drastiquement leurs rendements agricoles. 

Comment limiter l’impact du soja sur la déforestation ?

Si le soja est si néfaste pour les écosystèmes, et en particulier pour la déforestation, qu’est-il possible de faire pour s’en prémunir ?

Limiter sa consommation de viande

Limiter sa consommation de viande est l’option la plus efficace pour réduire l’impact de la déforestation causée par la culture de soja. Puisque 87% de sa culture est destinée à la nourriture animale, ce n’est pas en vous privant vous-même de soja que vous allez diminuer son impact environnemental. 

En revanche, opter pour une alimentation végétalienne, végétarienne ou simplement diminuer drastiquement votre consommation de produits animaux est un effort important certes, mais dont l’impact est non négligeable.

Choisir des lieux de production responsables

La culture du soja n’est pas un problème en soi. C’est détruire la forêt pour planter du soja qui est problématique.

Pour limiter la déforestation causée par l’industrie du soja, il est nécessaire de choisir des lieux où la culture du soja est responsable. Soit en relocalisant une partie de la filière en Europe, soit en taxant les importations de soja des pays qui déforestent pour cultiver du soja, soit en optant pour d’autres cultures moins problématiques pour l’alimentation animale.

Idéalement, les efforts consentis dans la limitation de consommation de viande et le choix de lieux de culture de soja responsables doivent être effectués conjointement pour limiter les effets dramatiques de la déforestation causée par la culture du soja.