État des populations d’amphibiens dans le monde

La très grande majorité des espèces d’amphibiens a été évaluée (99%), soit 6260 espèces. Parmi ces dernières, on estime qu’environ le tiers sont menacées d’extinction ou sont éteintes (2030). 38 espèces sont considérées comme éteintes (dont 11 depuis 1980) et une seule comme éteinte à l’état sauvage. 2697 espèces ne sont pas considérées comme menacées à l’heure actuelle et 1533 espèces sont listées comme ayant des données insuffisantes. Parmi ces dernières, une proportion significative doit être menacée.

La répartition géographique de la diversité

L’Amérique du Sud et l’Ouest de l’Afrique sont les deux hotspots de biodiversité des amphibiens. Le Sud-est des Etats-Unis est également riche en amphibiens, et notamment en salamandres.

Le Brésil avec près de 800 espèces d’amphibiens (798) est le pays le plus riche, il est suivi de la Colombie avec 714 espèces et de l’Equateur avec 467 espèces. L’IUCN a ainsi listé les 20 pays les plus riches en amphibiens dans le monde, mais ces données sont toutefois liées à la pression de prospection dans les pays et ne reflètent pas forcément la réalité. Par exemple, des pays comme le Pérou est relativement peu étudié et devrait avoir des populations d’amphibiens certainement à la hauteur des trois pays les plus riches.

La répartition des espèces d’amphibiens menacées

La plus grande proportion d’espèces menacées, soit plus de la moitié des espèces menacées, est située dans une zone relativement limitée allant du sud du Mexique au sud de l’Equateur et du Venezuela, et dans les Antilles. Cette région est caractérisée par des espèces avec de petites aires de répartition, vivant souvent dans les régions montagneuses. Beaucoup de ces espèces ont été soumises à de sévères pertes d’habitats et à une maladie fongique (chytridiomycosis).

D’autres concentrations importantes d’amphibiens sont menacées dans les forêts atlantiques du sud du Brésil, dans les forêts de la Haute-Guinée en Afrique de l’Ouest, dans les forêts de l’ouest du Cameroun et de l’est du Nigéria, en Afrique Centrale, dans les montagnes de l’est de la Tanzanie, à Madagascar, en Inde, au Sri Lanka, au centre et au sud de la Chine, en Indonésie, en Malaisie et dans l’est de l’Australie.

Les pays hébergeant le plus grand nombre d’espèces menacées sont différents des pays hébergeant la plus grande diversité spécifique d’amphibiens. Ceci suggère soit que certains amphibiens sont plus sensibles à des menaces (menaces variant en fonction des pays) soit qu’il existe d’autres facteurs influençant la distribution des espèces menacées.

La Colombie, deuxième pays hébergeant le plus d’espèces, est le pays hébergeant le plus d’espèces menacées (214 espèces) devant le Mexique (211 espèces) et l’Equateur (171 espèces). La principale menaces pour les amphibiens en Colombie est la perte des habitats, mais des maladies comme la chytridiomycosis a également joué un rôle dans cette baisse.

Le Brésil, pays le plus diversifié, est classé seulement comme quatrième pays pour le nombre d’espèces menacées dont la plupart sont situées dans les forêts atlantique.

Si on analyse les pays dont les amphibiens sont les plus menacés en termes de pourcentage de la diversité présente, les pays du top 5 sont tous situés dans les Caraïbes. Au moins 70 % de l’ensemble des amphibiens de ces pays sont menacés d’extinction (92 % le sont à Haiti). Ceci est principalement le résultat d’importantes pertes d’habitat ainsi que de l’incidence de la maladie chytridiomycosis, notamment à Puerto Rico. Au Mexique (5ème en terme de diversité, 2ème en terme de nombre d’espèces menacées), plus de la moitié des amphibiens sont menacés (et 26 d’entre elles sont considérées comme peut être éteintes). Comme précédemment c’est principalement le résultat d’importantes pertes d’habitat ainsi que de l’incidence de la maladie chytridiomycosis. La plupart des autres pays sont situés en Amérique centrale ou en Amérique du sud.

Les préférences d’habitat

La plus grande majorité des amphibiens (presque 5000 espèces) est dépendante des forêts. Les autres habitats terrestres sont moins occupés par les amphibiens, en particulier les habitats plus secs comme la savane et les déserts. Ces résultats ne sont bien sur pas surprenants, les amphibiens étant connus pour leur préférence des habitats humides.

Seulement 4224 espèces d’amphibiens dépendent de l’eau douce lors de certaines étapes de leur cycle de vie. Les amphibiens étant connus pour leur double cycle de vie : les jeunes dépendant des milieux aquatiques, puis les adultes des habitats terrestres. Toutefois beaucoup d’espèces se développent directement à partir d’œufs sans passer par un stade larvaire. Beaucoup de ces espèces ne s’appuient donc pas sur un habitat d’eau douce.

Les habitats d’eau douce préféré par les amphibiens ont été divisés en fonction de si ils étaient immobiles ou coulants, si c’était des marais ou des marécages. Les habitats d’eau douce immobiles sont souvent des milieux temporaires (liés à la pluie) ou d’autres petits bassins d’eau douce.

La distinction entre les habitats d’eau douce a une influence majeure sur le fait qu’une espèce soit menacée ou pas. Les espèces qui sont associées à des eaux coulantes sont plus menacées que les espèces d’eau stagnantes.

Les menaces écologiques sur les amphibiens

La perte et la dégradation des habitats est de loin la menace la plus importante pour les amphibiens à l’heure actuelle, affectant près de 61 % des amphibiens (soit environ 4000 espèces). La grande majorité des amphibiens dépendent de la forêt tropicale, qui est l’habitat le plus menacé par la perte des habitats dans le monde.

La deuxième menace est la pollution qui touche une espèce d’amphibiens sur cinq (19 %) et 29 % des espèces d’amphibiens menacés. Bien que la maladie de chytridiomycosis semble être relativement moins importante pour les amphibiens, elle peut provoquer un déclin soudain et dramatique des populations entrainant des extinctions très rapides.

Il existe un certain nombre de stratégies d’atténuation comme la création d’aitres protégées (pour limiter la perte et la dégradation des habitats) mais il n’existe pas encore de solution disponible pour faire face à la chytridiomycosis dans la nature.