L’élevage intervient dans les cinq principaux mécanismes responsable de l’érosion de la biodiversité : modification des habitats, réchauffement climatique, invasions biologiques, sur-exploitation des espèces et pollution. Son rôle est variable dans chaque facteur mais souvent son impact se fait de manière directe et indirecte, renforçant ainsi les conséquences de sa présence.
La destruction, la fragmentation et la dégradation des habitats sont considérés comme la principale menace pour la biodiversité mondiale. C’est une des principales menaces pour les oiseaux, les amphibiens et les mammifères, affectant ainsi plus de 85% des espèces menacées dans les trois classes citées précédemment.
Les activités agricoles à grande échelle (agriculture, élevage et les cultures pérennes comme le café ou l’huile de palmier) impacteraient près de la moitié des espèces d’oiseaux menacées à l’échelle mondiale par la destruction des habitats. Une proportion similaire des oiseaux serait également affectée par l’agriculture à petite échelle et l’agriculture de subsistance. La déforestation (abattage des arbres) menacerait environ 30% des espèces d’oiseaux menacées, la collecte du bois de chauffage toucherait 15% des oiseaux et les plantations d’arbres environ 10%.
L’élevage est une des principales causes de changements des habitats (déforestation, destruction des forêts riveraines, drainage des zones humides), que ce soit pour le bétail directement ou pour la production d’aliments pour ce dernier. Les activités d’élevage contribuent également directement par le surpâturage à la désertification.
La modification des habitats par l’élevage a commencé depuis la domestication des habitats il y a plus de 10 000 ans. A cette époque, l’utilisation du feu, le pastoralisme et l’agriculture ont été les principaux impacts. Ainsi, la plupart des ressources naturelles européennes (puis mondiales) ont été modifiées par les activités humaines et certaines zones ont été largement détruites par la déforestation, l’agriculture et le surpâturage.
Le lien entre l’élevage et la déforestation est aujourd’hui reconnu, et est actuellement le plus important en Amérique latine où le surpâturage par les bovins provoque une réduction du couvert forestier. Cette dernière est estimée à près de 24 millions d’hectares disparu au cours des 10 dernières années. Près des deux tiers de cette perte devrait être convertie en zone de surpâturage, occasionnant ainsi un fort impact pour la biodiversité locale. En plus de l’activité d’élevage, ces terres devraient être utilisées pour la production intensive de sojas ou autres aliments destinés à la l’alimentation du bétail. De telles destructions ne sont pas limitées l’Amérique latine, mais également présentes au Brésil, en Argentine…
Outre la destruction des forêts, la progression de l’élevage a provoqué une fragmentation des paysages, accompagné d’une pollution des milieux et d’une érosion des sols, avec à la clé de graves conséquences pour la biodiversité. L’utilisation de terres déjà fragmentées est susceptible de renforcer la sensibilité des espèces présentes.
Les zones définies comme des hopspot de biodiversité ne sont pas épargnées par cette menace. C’est le cas par exemple de la montagne des Andes qui renferment près de 6% des plantes et des vertébrés du monde entier, et qui va être affectée par le pâturage et l’utilisation de terres cultivées (précédés d’une déforestation des terres).
La fragmentation des habitats occasionne une réduction du nombre d’espèces présentes dans les patches. En effet, on a par exemple montré que les grandes îles abritaient un plus grand nombre d’espèces que les petites îles. Darlington a de plus montré qu’en réduisant la superficie par un facteur de 10, on divisait le nombre d’espèces de Carabidae présent par deux.
Outre cette réduction de la diversité, la fragmentation est responsable : d’une diminution de la variabilité des habitats présents, d’une augmentation des installations d’espèces exotiques envahissantes, d’une diminution de la taille des populations sauvages, d’une augmentation de la consanguinité (et donc une érosion intraspécifique de la biodiversité), et enfin d’une perturbation de l’équilibre naturel des espèces (et en particulier de l’équilibre proies – prédateurs).
De tels effets de la fragmentation dans les paysages utilisés par le pâturage sont souvent aggravés par l’utilisation du feu. Ce dernier est utilisé dans de nombreux pays (Afrique, Australie, Brésil…) pour la création et la gestion des pâturages. Les autres fragments sont souvent très fragilisés par l’utilisation d’une telle technique, notamment car leurs bordures sont souvent brulées également. Ceci est expliqué par le faible contrôle de l’incendie qui est effectué, conduisant ce dernier à avoir souvent une progression bien plus importante et à pénétrer à l’intérieur des forêts. Le régime des incendies favoriseraient de plus l’installation et la progression des espèces envahissantes.
Le labourage des terres utilisé il y a plusieurs centaines d’années pour favoriser les processus biologiques est une des premières formes d’intensification des pratiques agricoles. Mais les impacts de ce dernier sur la biodiversité, étaient nettement moindres aux impacts actuels provoqués par l’intensification des pratiques agricoles par la mécanisation ou l’utilisation de produits chimiques à la suite de la révolution industrielle.
Aujourd’hui, on considère que le pâturage traditionnel extensif a un impact positif sur la biodiversité par la création et le maintien d’un paysage hétérogène, mais également par son rôle dans la dispersion des propagules (zoochorie).
Le pâturage de manière intensif associé à l’utilisation de produits pur maintenir la productivité et la dégradation des sols peut conduire à une baisse de la fertilité des sols. De plus, l’utilisation accrue des herbicides pour le contrôle des graminées indésirables peut constituer une autre menace pour la biodiversité.
La tendance actuelle à une intensification de la production des récoltes conduit à un modification profonde des micro et macro habitats. L’amélioration des techniques permet aujourd’hui l’utilisation des terres à un régime plus important et l’utilisation de terres jusque la inexploitées (souvent dans des régions à fort intérêt écologique).
La dégradation des zones de pâturage est la plupart du temps une inadéquation entre la densité du cheptel et la capacité de la zone à supporter le pâturage et le piétinement. Cette problématique est souvent plus fréquente dans les zones à faible résilience comme les régions arides et semi-arides qui sont caractérisées par une production de biomasse irrégulière.
Une pression de pâturage excessive sur les écosystèmes terrestres arides conduit à une fragmentation du couvert herbacé et augmentation de la surface de sol nu (c’est-à-dire de la désertification).
L’augmentation des zones de pâturages dégradées dans les zones arides et semi-arides est une source de menace inquiétante pour la biodiversité. Bien que la quantification de cet impact soit difficile à réaliser, on constate toutefois que de nombreux systèmes de pâturages sont en cours de désertification. C’et le cas en Afrique, en Australie ou encore dans le sud-ouest des Etats-Unis où ces zones ont connu une forte réduction de la population végétale et une perte de la biodiversité.
Souvent ces systèmes sont dominés par quelques espèces ligneuses qui dominent la majorité de la surface et laissent peu de couvert herbacé. Le pâturage va également favoriser l’érosion sur certains paysages. La réduction de la couverture herbacée par le pâturage peut ainsi profiter à la végétation ligneuse dans la compétition d’accès aux ressources hydriques.
La couverture herbacée est ainsi remplacée par une végétation ligneuse vivace, qui remplace les graminées annuelles.
L’impact des espèces ligneuses sur les communautés herbacées est très variable et va dépendre essentiellement des espèces ligneuses présentes et des spécificités du site. Ainsi les effets peuvent soit être positifs, soit neutres, soit négatifs.
Le changement d’une prairie à un bois via le processus de développement des ligneux peut affecter plusieurs fonctions clés des écosystèmes : la décomposition et le cycle des nutriments la production de biomasse ou encore la conservation des sols et de l’eau. La dynamique d’interception des précipitations, de l’écoulement de surface et la pénétration de l’eau dans le sol dans les zones sur pâturées est telle que l’eau issue des précipitations est souvent perdue vers les systèmes de drainage, induisant ainsi une augmentation de l’érosion des sols.
Le changement climatique affecte la biodiversité principalement par trois facteurs : modification du climat moyen, changement dans l’incidence ou la gravité des événements climatiques extrêmes et changement dans la variabilité du climat.
Une étude réalisée par Thomas et al. en 2004 intitulée « Extinction risk from climate change » estime qu’entre 15 et 37% des espèces pourraient être menacé par le changement climatique.
Les impacts du changement climatique sur la biodiversité seront notamment les suivants :
Des études suggèrent que le réchauffement climatique pourrait devenir la principale menace pour la biodiversité. L’impact combiné du réchauffement climatique et de la perte d’habitat pourraient avoir des conséquences catastrophiques à l’avenir. Les modifications des habitats provoquées par le réchauffement climatique pourraient ainsi conduire les espèces à migrer vers des zones déjà dégradées et fragmentées, réduisant ainsi leur chance de survie.
L’augmentation de la température occasionnée par le réchauffement climatique provoque d’ores et déjà une modification du calendrier de reproduction des espèces (faune et flore), une modification du calendrier de migration, une modification de la répartition des espèces et de la taille des populations, et une fréquence des maladies et des ravageurs augmentée.
Le réchauffement climatique devrait avoir les espèces et les écosystèmes de part une augmentation de la chaleur, de la sécheresse et une fréquence plus importante des perturbations comme es incendies de forêts.
L’élevage contribue au changement du climat par l’émission de nombreux gaz à effet de serre comme indiqué dans l’article suivant Impact de l’élevage sur l’environnement. C’est une des principales sources d’émissions de gaz à effet de serre pour nombre d’entre eux. De plus, en tant que principal facteur de modification du paysage, le secteur de l’élevage peut aussi aggraver l’impact du changement climatique sur la biodiversité. Cet impact peut toutefois être amélioré par une réduction de l’élevage intensif, vers un élevage plus respectueux de l’environnement.
Autrefois, les écosystèmes naturels évoluaient de manière isolée sur les continents et les îles, limités par des obstacles biogéographiques comme les océans, les montagnes… Aujourd’hui, presque tous les écosystèmes sont fonctionnellement connectés par la capacité humaine de transports des matériels biologiques sur de grandes distances (voie aérienne, maritime…). Les hommes ont ainsi transporté des animaux et des végétaux d’une partie du monde à l’autre que ce soit volontairement (animaux d’élevage) ou involontairement (animaux comme les rats présents à bord des bateaux de commerce qui s’échappaient sur les îles). Un grand nombre de plantes cultivées aujourd’hui ont ainsi été transplantées d’un continent aux autres pays du monde. C’est le cas par exemple du maïs, des pommes de terre, des tomates ou encore du cacao.
Une forte proportion de ces espèces introduites sont devenues envahissantes (installation puis propagation démesurée) et ont ainsi causé des dommages écologiques et économiques. Les espèces envahissantes peuvent avoir une incidence sur les espèces indigènes soient pour l’accès aux ressources (nourriture, habitat…) soit par l’introduction d’agents pathogènes ou de parasites qui vont entrainer des maladies voire la destruction de leur habitat. Outre les dommages écologiques, ces espèces peuvent affecter durablement l’économie ou la santé humaine.
On considère aujourd’hui les invasions biologiques comme la deuxième menace mondiale pour la biodiversité. Elles menaceraient 30 % des espèces d’oiseaux menacés, 11% des amphibiens, et 8 % des mammifères.
La contribution du secteur de l’élevage aux invasions biologiques va bien au delà de la simple introduction dans le milieu d’espèces animales destinées au bétail. Il faut également considérer des impacts indirects comme le fait que l’élevage joue un rôle majeur dans la modification des habitats qui favorisent les invasions biologiques ; ou encore le fait que des éleveurs ont intentionnellement implanté des espèces de plantes pour améliorer les pâturages.
Enfin, les animaux favorisent également directement la propagation des espèces envahissantes qui vont se fixer sur eux (zoochorie) et se répandre au cours de leur trajet (transhumance par exemple).
Selon l’UICN, une espèce exotique envahissante est une espèce qui s’établie dans des écosystèmes naturels ou semi-naturels et menacent la biodiversité. Par conséquent, le bétail d’élevage (quand il a recours à des espèces non indigènes) peut être considéré comme des espèces envahissantes, et notamment lorsque rien n’est fait pour minimiser son impact sur l’environnement et que sa présence conduit à une concurrence avec la faune sauvage pour l’eau ou encore l’accès à la nourriture (pâturage), à une introduction de maladies…
Les animaux d’élevage (bovins, ovins, caprins, lapins, ânes) sont d’ailleurs classés par l’Invasive Species Specialist Group de l’IUCN comme des espèces exotiques envahissantes. Les chèvres, porcs et lapins font parti de la liste des 100 espèces exotiques les plus envahissantes dans le monde.
Un des impacts les mieux connues est celui des espèces de mammifères herbivores (comme les chèvres) sur la végétation des petites îles, causant ainsi l’extinction des espèces indigènes et des changements dans la structure de la végétation. Ces changements provoquent un impact sur de nombreux autres organismes.
Outre les dégâts directs occasionnés par les espèces d’élevage, il faut noter également le rôle que jouent ces espèces dans la dispersion des graines qui est responsable de l’implantation d’espèces envahissantes dans des milieux déjà perturbés (soit par l’élevage soit par un autre phénomène) maos aussi des habitats encore intacts. Ainsi en Australie, plus de la moitié des d’espèces de plantes naturalisées sont dispersées par les vertébrés. Le bétail a par conséquent contribué à disperser les graines d’espèces exotiques et continuent encore de le faire aujourd’hui.
Enfin l’élevage joue aussi un rôle important dans la transmission d’organismes pathogènes. L’introduction de tels germes dans des milieux où les espèces ne présentaient pas d’immunité peut se révéler dévastateur. Ce fut le cas à fin du 19ème siècle en Afrique où l’introduction de la peste bovine a dévasté non seulement le bétail mais aussi tous les ongulés sauvages ! On peut citer également l’introduction de la variole aviaire et du paludisme sur Hawaï à partir de l’Asie qui a conduit à l’extinction des espèces d’oiseaux natives de plaines. Ce problème pourrait notamment se représenter aujourd’hui avec la grippe aviaire.
Depuis le développement des transports transocéaniques, la majorité des habitats d’Australie, d’Amérique et d’Eurasie ont été irrévocablement modifié par l’homme par ses activités, et aussi par l’introduction de plantes exotiques.
La production de bétail est une des activités humaines qui a permis l’introduction de plantes invasives via les mouvements transatlantiques. Des plus, le bétail a largement contribué au potentiel envahissant de ces espèces. La dispersion des graines a pu être réalisée soit par des graines accrochées sur les animaux soit à la dispersion de ces dernières dans les matières fécales des animaux.
Le pâturage intensif est susceptible de provoquer une destruction des espèces végétales natives, notamment à cause du fait que les organes de reproduction sexués des graminées natives sont situés au sommet et sont donc les premiers exposés aux ruminants. Ces disparitions d’espèces végétales favorisent ainsi l’installation de plantes exotiques envahissantes.
La destruction de forêts et autres milieux naturels pour le pâturage, par exemple en ayant recours aux incendies pour maintenir les milieux ouverts, permettent aux espèces exotiques d’envahir les nouveaux milieux ainsi « créés ». L’utilisation régulière des régimes d’incendies pour maintenir des zones de pâturages pour le bétail provoquent une disparition progressive des arbres et arbustes (et donc une baisse de la biodiversité) qui sont remplacés par des espèces pionnières, non indigènes.
On désigne par le terme surexploitation l’utilisation non durable des espèces pour la nourriture, les médicaments, le carburant, la construction de matériaux, la culture, les sciences ou encore les loisirs. La surexploitation des ressources est désignée comme la troisième cause mondiale d’extinction des espèces. Elle affecterait 30% des oiseaux menacés, 6% des amphibiens et au moins un tiers des mammifères (les espèces de mammifères de grandes tailles sont particulièrement menacés, en particulier les ongulés et les carnivores). Concernant les poissons marins, elle est évaluée comme la principale cause d’extinction à l’échelle mondiale. Le secteur de l’élevage affecte la surexploitation de la biodiversité par trois principaux phénomènes.
Les conflits entre les éleveurs et la faune sauvage existent depuis la domestication du bétail, notamment à cause de deux phénomènes : les interactions entre la faune sauvage et la faune domestique, et la compétition pour l’accès à la nourriture et à l’eau.
Une des principales menaces est l’éradication des grands prédateurs lors de grandes campagnes par les bergers qui voulaient se protéger de la prédation des troupeaux par ces derniers. Ces grandes campagnes ont conduit à l’extinction locale de plusieurs espèces en Europe, comme l’ours ou le loup. En Afrique, des espèces comme le lion, le guépard ou le léopard ont été affectées. Aujourd’hui encore, de telles tensions existent dans les régions où un système de pâturage extensif est encore en activité, et où de grands prédateurs sont encore présents ou ont été réintroduits. Par exemple, la réintroduction de l’ours dans les Pyrénées ou le retour du loup dans les Alpes a conduit à de violents affrontements entre éleveurs et associations de protection de l’environnement. Plusieurs cas de destruction ont d’ailleurs été notés, alors même que les éleveurs sont bien indemnisés en cas de perte de leurs troupeaux.
Dans les pays d’Afrique, un grand nombre de parcs nationaux sont de superficies trop faibles pour accueillir des populations viables de grands prédateurs. Or ces populations ont souvent besoin de vastes territoires de chasse, ce qui les contraint à élargir leur domaine vital en dehors des parcs nationaux. Le développement des cultures (et donc la réduction de la surface disponible pour le pâturage) repousse les éleveurs à proximité de ces parcs nationaux. La présence de zones riches en fourrage et en eau à proximité de ces parcs a le même effet d’attrait en direction des parcs. Il y a donc un conflit entre les prédateurs naturels présents aux abords des parcs pour leur alimentation et la présence des bergers attirés par les ressources disponibles en périphérie.
Une autre source de conflit est la diminution des populations d’ongulés sauvages à cause des activités humaines. Par conséquent, les prédateurs naturels sont contraints de chercher d’autres proies pour s’alimenter. Bien que le bétail ne constitue pas un aliment de premier choix pour les prédateurs naturels, c’est une source de nourriture facilement accessible. Cette prédation n’a fait que renforcer la menace des éleveurs sur ces prédateurs naturels.
Il faut également ajouter à cela la crainte des éleveurs au cours des dernières décennies du risque de contamination du bétail par des maladies transmises par les animaux sauvages (mammifères, oiseaux…). Les animaux sauvages étaient ainsi considéré comme des réservoirs de maladie (cas du sanglier ou des buffles), des vecteurs de maladie ou encore comme des hôtes intermédiaires (mouches, mollusques). Afin de limiter les risques de contamination des animaux domestiques (et donc de limiter la transmission d’agents pathogènes et de parasites) des mesures d’éradication des animaux « réservoirs et vecteurs » ont été mis en place, conduisant jusqu’à l’éradication des mammifères sauvages (cas du blaireau qui est considéré comme un réservoir de la tuberculose pour les bovins). Cette menace a de plus été aggravée au cours des dernières décennies avec la mise en place de système de production intensif (des milliers d’animaux concentrés dans un espace limité), où l’introduction de nouveaux agents pathogènes peut avoir un impact dramatique (cas de la grippe aviaire où les oiseaux sauvages sont accusés de transmettre la maladie).
La raréfaction de la faune sauvage et la dégradation des habitats par les activités humaines ont conduit les dirigeants internationaux à mettre en place tout un panel de surfaces protégés dans un grand nombre de pays du monde. L’extension des surfaces protégées et des surfaces destinées à l’agriculture ont conduit à une diminution de la surface disponible pour le pâturage. Ainsi les conflits entre éleveurs et zones protégées (abritant souvent des ressources nettement plus abondantes qu’en périphérie du fait de leur non utilisation des terres) sont particulièrement fréquents, et notamment lors des périodes de sécheresse où les troupeaux peinent à trouver une nourriture adéquate.
De nombreux éleveurs ont du mal à comprendre les programmes de conservation. Notamment lorsque leur bétail est menacé par la soif et/ou la famine alors que les ressources restent abondantes pour les animaux sauvages. Les éleveurs sont donc tentés de faire paître leurs animaux dans les parcs nationaux.
Les populations marines de poissons sont face à de graves menaces à l’échelle mondiale. La principale menace est la surexploitation des espèces par les pécheurs qui ont réduit de façon dramatique les stocks de poissons affectant la viabilité de nombreuses espèces. La FAO estime que plus de la moitié des stocks de poissons sont pleinement exploités, 17 % sont surexploités et 7% sont épuisés. Le stock de 7 des 10 premières espèces exploitées représentent 30% du total mondial des captures de poissons, et sont pleinement exploités ou surexploités.
Le secteur de l’élevage contribue à la surexploitation par le recours à la production de farines de poissons pour nourrir le bétail.
La biomasse des prédateurs de poissons dans l’Atlantique du nord a diminué de deux tiers au cours des cinquante dernières années. Une baisse similaire a été notée chez d’autres espèces de poissons comme les anchois ou encore les poissons plats au cours du 20ième siècle. L’impact de la surpêche va au-delà du simple impact sur les populations cibles de la pêche. La réduction des effectifs de poissons et la disparition de certaines espèces affectent toute la chaine trophique. La surpêche a raccourci certaines chaînes trophiques ou à faire disparaitre un ou plusieurs maillons essentiels. Ceci a accru la vulnérabilité des systèmes naturels, et indirectement a réduit les stocks de poissons au sommet de la chaîne alimentaire pour la consommation humaine.
L’élevage joue un rôle important dans la pression de pèche des poissons. On estime que près du quart de la production mondiale de pèche est utilisée pour la farine ou l’huile de poisson destinée à l’alimentation animale. Environ 17% de la production de farine est fabriquée à partir des restes de poissons et n’a que peu d’impact sur les stocks de poissons. Mais 83 % provient des captures directes de poissons destinées à la fabrication de farines.
La farine de poissons est utilisée pour l’alimentation des volailles et la production porcine dans les pays développées et les pays en passe de l’être. On estime la production annuelle de farines de poissons à 67 millions de tonnes.
Il faut 45 kg de poissons humide pour produire 1 kg de farine de poissons ce qui nécessite des captures annuelles de 20 à 25 millions de tonnes de poissons entiers plus 4 millions de tonnes de restes de poissons.
Plus de 80% de la production mondiale de poissons provient de 10 pays : Pérou (31%), Chili (15%), Chine, Thaïlande, Etats-Unis, Danemark, Islande, Norvège, Japon et Espagne. La chine est le plus gros importateur mondial de poissons suivi par l’Allemagne, le Japon et Taïwan. Actuellement plus de la moitié (53%) des farines de poissons est utilisée pour le secteur de l’élevage : dont 29% pour a production porcine et 24% pour la production de volailles.
Des recherches sur la nutrition et le développement des fermes aquacoles ont conduit à une amélioration de la situation concernant l’utilisation des farines de poissons pour l’alimentation des volailles avec une forte baisse de la demande (de 60 % à 24 %). La demande semble se stabiliser actuellement. Ce n’est toutefois pas le cas de la production porcine qui a vu sa part augmenter de 20 à 29% en 10 ans.
Entre 1990 et 1997, la demande de poissons a augmenté de 31 % tandis que l’offre n’a augmenté que de 9%. Ceci a sans doute conduit de nombreux pécheurs a augmenté la pression de pèches et à surexploiter les stocks de poissons (en dépassant notamment les quotas de pèche). Les flottes de pèches s’aventurent plus loin des zones traditionnelles, au large de plateau continental, et ont tendance à pécher dans des eaux plus profondes pour répondre à l’augmentation de la demande mondiale.
Depuis la domestication du bétail par l’homme, l’homme a cherché à sélectionner les races qui étaient le plus adapté aux conditions environnementales et qui lui offraient le meilleur rendement. Ainsi plus de 6300 races d’animaux domestiques ont été identifiées depuis le début de l’élevage. Aujourd’hui, plus de 1300 de ces races sont éteintes ou en danger immédiat d’extinction. C’est en Europe où on enregistre les plus forts taux d’extinction (55% pour les mammifères, et 69% pour les oiseaux). En Asie, 14% des races sont menacées et 18% en Afrique.
Cette érosion de la biodiversité génétique est résultat d’une certaine compétition entre les races, pour déterminer celles qui offriront le meilleur rendement aux éleveurs. De plus, au cours du 20ème siècle, les recherches effectuées pour une meilleure production de viande, de lait ou des œufs se sont concentrées sur un petit nombre d’espèces, favorisant ainsi le développement de ces dernières. Ceci est accentué par une homogénéisation des conditions environnementales à l’échelle mondiale, un meilleur contrôle des paramètres climatiques et nutritionnels. Aujourd’hui un faible nombre de races représente la très grande majorité de la production mondiale.
Cette nouvelle orientation d’uniformité des races permet d’accroître les gains financiers pour les éleveurs en augmentation la productivité (sélection de races plus productives, plus adaptées au détriment de races locales moins productives).
Il est toutefois important de préserver ces espèces afin de préserver la diversité génétique des races de bétail. Outre la nécessité de préserver des espèces qui sont aujourd’hui moins utiles à l’homme, la préservation de ces races pourraient s’avérer utile à l’avenir en cas de modifications des conditions climatiques. Certaines de ces races menacées d’extinction pourraient s’avérer résistantes à des maladies rares ou futures qui pourraient décimer les troupeaux uniformes des exploitations d’aujourd’hui. En effet, tout le bétail ayant tendance à avoir le même patrimoine génétique, une seule maladie pourrait entraîner une pandémie ç l’échelle mondiale qui n’affecterait pas d’autres races, avec un patrimoine différent.
De plus, les races exploitées aujourd’hui le sont en fonction des conditions climatiques présentes actuellement. Or une modification de ces conditions (et notamment avec le problème des changements climatiques que l’on rencontre) pourrait rendre inapte ces espèces de bétail aux nouvelles conditions alors que des races inexploitées le seraient (meilleur adaptation au froid, au chaud…).
Au cours des cinquante dernières années, la pollution apparait comme un des moteurs des changements dans les écosystèmes terrestres, d’eaux douces ou côtiers. Cette menace est en augmentation croissante et conduit au déclin très rapide de la biodiversité de ces écosystèmes. Elle affecte ainsi 12% des espèces d’oiseaux menacés, 29% des amphibiens, 4% des mammifères. Le fait que les amphibiens apparaissent plus menacés que les autres espèces témoignent du fait que les milieux aquatiques semblent les plus menacés par la pollution.
La pollution affecte la faune de diverses façons : soit par une mortalité directe, soit en réduisant la fécondité de l’espèce, soit en réduisant les ressources alimentaires ou encore en dégradant ses habitats de reproduction ou d’alimentation.
Les flux de nutriments (notamment azote et phosphore) résultant des activités humaines terrestres rejetées dans les cours et les océans sont en augmentation à l’échelle mondiale. Les principales sources de nutriments anthropiques sont les activités agricoles et industrielles : résidus d’engrais, déchets d’élevage, eaux usées, effluents industriels, émissions atmosphériques.
Cet excédent de flux nutritifs a conduit à l’eutrophisation des lacs, des rivières et des eaux côtières. Il conduit notamment à l’augmentation de la croissance du phytoplancton et peut favoriser également la croissance d’espèces toxiques dans le milieu. Cette augmentation massive de la biomasse provoque une augmentation de la consommation d’oxygène dissous, pouvant conduire à une hypoxie du milieu, et par conséquent à une mortalité massive des poissons et autres organismes vivants.
De plus en milieu marin, le déversement des éléments nutritifs peut conduire à un boom phytoplanctonique qui va modifier la turbidité de l’eau, diminuer la pénétration de la lumière et porter ainsi atteinte aux communautés biologiques benthiques.
La prolifération d’algues productrices de toxines peut provoquer l’accumulation de toxines dans les coquillages à des niveaux qui peuvent être mortels pour les autres espèces marines mais aussi pour l’homme. Les organismes marins affectés par les toxines des algues sont notamment les oiseaux marins, les tortues marines, les dauphins, les baleines,…
Les pluies acides provoquent une réduction de la diversité dans les lacs et ruisseaux. Pour l’instant, le phénomène a de faibles conséquences en régions tropicales, qui concentrent une grande part de la biodiversité d’eau douce du monde.
La pollution peut agit directement sur les organismes (par intoxication) ou indirectement en endommageant leurs habitats. Les pollutions liées aux élevages ne font pas exception. Selon l’IUCN, un des effets les plus dévastateurs de la toxicité directe liée à l’élevage sur la faune sauvage est présente chez les vautours. En Asie du sud, les vautours du genre Gyps ont diminué de plus de 95% au cours des dernières années en raison des effets toxiques des produits vétérinaires (médicaments) comme le diclofénac.
Ce dernier est consommé par les ces oiseaux nécrophages se nourrissant de carcasses d’animaux traités avec le médicament. Le diclofénac est largement utilisé en médecine humaine depuis des années, mais l’est aussi en médecin vétérinaire en Inde depuis le début des années 1990.
Des résidus de médicaments utilisés dans la production de bétail comme les antibiotiques et les hormones ont également été retrouvés dans différents milieux aquatiques. Les hormones provoquent des perturbations endocriniennes chez la faune sauvage mais aussi chez l’homme. Les hormones, comme les stéroïdes, peuvent rester dans les tas de fumiers jusqu’à 9 mois. Elles peuvent ainsi contaminer l’eau par ruissellement. Cela provoque des troubles du développement, des troubles neurologiques, des troubles endocriniens voire même des changements de sexes chez certaines espèces de poissons. Les virus et pathogènes des espèces d’élevage peuvent également contaminer les espèces sauvages en se retrouvant dans les milieux aquatiques.
Les pesticides provoquent également des effets écotoxicologiques sur la faune et la flore aquatique. Certaines pesticides sont très résistants et provoquent chez la faune sauvage des impacts comme des cancers, des tumeurs, des lésions, des perturbations immunitaires et endocriniennes, des malformations embryonnaires…
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