Pollution par les munitions

Les munitions sont utilisées à la fois pour la chasse, les activités militaires ou encore le ball trap. Elles contiennent des métaux lourds très toxiques pour l’environnement, comme le plomb, qui occasionnent de sérieux dommages sur l’environnement et une mortalité accrue de la faune sauvage.

Le plomb est le métal le plus utilisé pour la fabrication des munitions et grenailles en raison de ses caractéristiques (poids, malléabilité et disponibilité). Mais c’est également un métal extrêmement toxique pour les animaux et pour l’Homme, qui peut avoir des conséquences graves. Responsable du saturnisme, c’est un puissant neurotoxique (à très faible dose chez le fœtus et l’embryon). Il n’est toutefois pas le seul polluant utilisé et présent dans les munitions, on peut citer notamment le mercure, l’uranium, l’arsenic…

L’impact des munitions n’est pas uniquement présent lorsqu’elles sont abandonnées dans le milieu naturel, il est également présent au moment de leur fabrication, lors du tir (ex : vaporisation de mercure issu de l’amorce ou de plomb et cuivre arraché par le frottement), et au moment de l’impact (ex : vaporisation, dispersion et inhalation d’uranium appauvri).

Munitions de chasse

Chaque année, environ 250 millions de cartouches sont tirées vers les chasseurs sur le territoire français. L’immense majorité d’entre elles se retrouvent dispersées dans les milieux naturels, dont près de la moitié dans les zones humides. Cette accumulation d’éléments métalliques et de plastiques de l’enveloppe dans le milieu naturel est responsable d’une importante pollution des habitats naturels. Les cartouches à grenailles de plomb sont responsables d’intoxications et d’un nombre conséquent de cas de saturnisme aviaire.

Une cartouche moyenne contient 200 à 300 billes de plomb soit 30 à 35 g de plomb toxique (sachant que pour abattre un seul oiseau, il faut tirer 3 à 6 cartouches selon les sources). Si chaque chasseur français (il y en a environ 1,7 millions) n’utilisait qu’une seule cartouche de 32 g chaque année, il y aurait déjà 54,5 tonnes de plomb dispersés dans l’Environnement, soit 545 t en 10 ans. On estimait dans les années 1990 qu’en France, 250 millions de cartouches étaient tirées annuellement dont 75% pour la chasse (soit environ6500 tonnes/an de plomb) et 25 % pour le ball-trap (plus de 2000 tonnes/an).

Le risque est aggravé en zones humides et/ou acides et accru à proximité des zones humides, forêts, landes, champs, élevages en plein air ou en enclos, pâturages, zones de cultures d’ensilage ou de fourrage.

Munitions militaires

Pour améliorer les caractéristiques cinétiques des projectiles, des métaux lourds ont été utilisés dans la plupart des munitions. Or, tous ces métaux sont toxiques, et en particulier le plomb auquel on ajoute généralement 7 à 10 % d’antimoine et d’arsenic également toxiques. Il est présent dans les balles, ou dans certaines amorces (azoture de plomb remplaçant le fulminate de mercure). Le plomb est l’un des éléments les plus toxiques en termes de risque/quantité, avec le mercure (présent sous forme de fulminate de mercure dans les anciennes Amorces). Le cadmium, également très toxique est également présent dans certaines munitions (militaires). Par ailleurs les nitrates ont été très utilisés dans les charges propulsives. Ce sont des eutrophisants de l’Environnement et ils peuvent contribuer à acidifier l’air (sous forme d’acide nitrique ou comme précurseurs de l’Ozone ou de gaz à effet de serre).

Impact des munitions

Chez tous les animaux à sang chaud, le plomb ingéré sous forme moléculaire passe rapidement pour partie dans le sang (le reste est évacué dans les excréments et moindrement dans l’urine). Il est concentré par les reins et le foie, ou fixé dans le cerveau et les os.

Les oiseaux d’eau qui n’ont pas de dents recherchent et mangent normalement de petits cailloux arrondis qui sont stockés dans le gésier où ils broient les aliments. Ils ingèrent par la même occasion du plomb (ou d’autres métaux lourds toxiques tels que le bismuth). Plus les aliments sont durs, plus ce plomb se solubilise vite. A titre d’exemple, 6 billes de plomb ingérées avec du maïs le matin sont parfois le soir en totalité déjà solubilisées et passées dans le sang de l’oiseau qui pourra en mourir. Ce plomb est passé dans son sang 20 fois plus vite que s’il avait été ingéré avec des aliments « mous ». Or le maïs ou le blé dur sont utilisés pour l’égrainage ou recherché par les oies et grues qui s’intoxiquent ainsi dans les champs chassés, ou situés autour des marais chassés ou de ball-trap.

Le plomb de chasse contamine la pyramide alimentaire. Ceci est clairement démontré par le traçage isotopique du plomb, notamment chez les inuits. Les sites de ball-trap sont également très concernés. Le plomb n’étant pas biodégradable, la grenaille se délite ou s’oxyde ou est peu à peu érodée ou enfouie, mais reste accessible ou biodisponible des décennies voire des siècles ou des millénaires. Dans les zones acides, la biodisponibilité et la bioconcentration peuvent être très aggravées. Toute la chaîne alimentaire est concernée. Exceptionnellement, même les plantes pourtant peu sensibles au plomb ne poussent plus ou presque plus… Les écosystèmes marins sont connus pour être particulièrement performant en matière de bioconcentration et biomagnification (ex pour le méthyl mercure). Les moules et huîtres peuvent rapidement et facilement concentrer à taux atteignant 700 000 fois à 1 million de fois des produits si peu présent dans l’eau qu’ils sont indétectables par les moyens classiques d’analyse.

Des substituts moins toxiques ou non toxiques existent. La grenaille d’acier semble la solution idéale du point de vue environnemental. Le 6 octobre 1999, le conseil national de la chasse et de la faune sauvage a souhaité que la France prenne des mesures concrètes pour tenir ses engagements imminents de l’Accord sur la conservation des oiseaux d’eau migrateurs d’Afrique-Eurasie (interdiction du plomb dans les zones humides pour l’an 2000 au plus tard).

Un autre problème est que de nombreux oiseaux ne sont que blessés à la chasse; ils s’enfuient avec des plombs incrustés dans leur chair. 20 à 30 % des individus apparemment sains d’oiseaux d’eau échantillonnés dans de nombreux endroits en Amérique du Nord étaient porteurs d’un ou de plusieurs plombs incrustés. Même chez des espèces protégées et difficiles à confondre avec des espèces chassables.

Il a été plus récemment démontré que des vautours et condors s’intoxiquent par ingestion de billes de plomb présentes dans la chair des cadavres qu’ils consomment ou en consommant la chair enrichie en plomb autour des blessures par balles qui ont tué des animaux qu’ils consomment. Le condor de Californie, second plus grand oiseau de monde est menacé de disparition et le saturnisme induit par la chasse semble -avec les collisions avec des véhicules ou lignes électriques – rester sa première cause de mortalité (chez l’adulte, les jeunes étant artificiellement nourris).

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