Grandes crises d’extinction : des fossiles géants révolutionnent les connaissances actuelles

L’histoire de la vie sur Terre est ponctuée de nombreuses crises d’extinctions, brèves périodes de forte diminution de la biodiversité, suivies de phases de reconquêtes de la biosphère, correspondant à la diversification des espèces qui ont survécu. Au cours des 540 derniers millions d’années, une vingtaine de crises plus ou moins intenses se sont ainsi succédées.

La plus dévastatrice d’entre elles s’est déroulée il y a 252,6 millions d’années avec une violence encore aujourd’hui inégalée : la crise permo-triassique qui décima plus de 90% des espèces marines alors existantes. Suite à une telle crise, les conditions environnementales sont sévèrement perturbées : baisse de l’oxygénation des océans, empoisonnement des eaux, compétition accrue, effondrement des chaînes alimentaires, etc. Jusqu’à présent, il était admis qu’en réponse à ces perturbations, certains organismes marins tels que les gastéropodes ou les bivalves étaient atteints par une réduction drastique de leur taille, pendant et après la crise.

Il fallait ensuite attendre plusieurs millions d’années pour que ces organismes recouvrent des tailles comparables à celles d’avant la crise. C’est ce que les scientifiques appellent l’ «effet Lilliput » en référence au fabuleux voyage de Gulliver qui s’échoua sur l’île éponyme où tous les individus, les Lilliputiens, étaient de petite taille. Une équipe internationale de paléontologues français, allemands, américains et suisses vient de découvrir des fossiles de gastéropodes de grande taille datés seulement de 1 million d’années après la crise permo-triassique. Ces chercheurs se consacrent depuis plusieurs années à l’étude de la reconquête qui suit l’extinction de masse permo-triasique. En concentrant leurs efforts sur des affleurements de l’Utah datés du début du Trias inférieur mais encore non-étudiés en détail, ils ont mis à jour des spécimens de gastéropodes exceptionnels, jusqu’à 7 cm, que l’on peut qualifier de « géants » en comparaison de ceux généralement retrouvés possédant une taille inférieure à 1 cm.

L’étude complémentaire de ces nouvelles faunes de gastéropodes indique aussi qu’elles ne sont pas plus petites que des faunes plus âgées ou que les faunes actuelles. Cette découverte réfute donc l’existence d’un effet Lilliput chez les gastéropodes pendant la majeure partie du Trias inférieur, ou du moins indique que son importance a été surestimée. De façon surprenante, la présence de ces gastéropodes de grande taille coïncide aussi avec une reconquête explosive du domaine océanique par certains organismes comme les ammonites. Ces différents événements suggèrent ainsi que la restructuration des écosystèmes marins était déjà bien engagée seulement un million d’années après la crise, ce qui est extrêmement rapide après une crise d’une telle ampleur.

Les scientifiques vont poursuivre l’étude des fossiles découverts dans ce gisement de l’Utah à la recherche d’autres espèces, comme les bivalves, pour vérifier ces nouvelles données. Mais ces travaux permettent déjà de penser que les paléontologues vont devoir réviser leurs estimations concernant l’impact immédiat et à long terme des crises d’extinction sur les espèces.

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