Faire son compost

Le compostage est un procédé de transformation biologique des matières organiques, en présence d’eau et d’oxygène par le biais de micro-organismes (bactéries, champignons, actinomycètes) et d’organismes de plus grande taille (lombrics, acariens, cloportes, myriapodes, coléoptères et autres insectes). Le produit obtenu se transformera dans le sol en humus. Au bout du processus de compostage, on obtient ce que l’on appelle un compost mûr qui a une couleur foncée et une structure grumeleuse. À l’instar de ce qui se passe dans la nature, dans les litières forestières ou de prairies, le compostage à domicile se fait le plus souvent sans élévation notable de température.

En effet, si les réactions de dégradation des matières en présence d’oxygène produisent bien de la chaleur, celle-ci s’échappe facilement, contrairement à ce qui se passe dans le compostage industriel. Cela n’empêche pas le compostage de bien se dérouler et le compost d’être de bonne qualité. En effet, la plupart des germes pathogènes ne résistent pas à la concurrence des micro-organismes du compostage.

A quoi sert le compostage ?

Le compostage permet limiter la quantité d’ordures ménagères que vous devrez faire enlever par la collectivité. Le recours à l’incinération, à la mise en décharge et au transport des déchets est ainsi réduit. Il permet aussi de produire un amendement de qualité pour votre terre. Il renforce le stock d’humus dans le sol et améliore sa fertilité. De plus, vous ferez également des économies en évitant vos achats d’engrais.

Que peut-on composter ?

Tous les déchets organiques, à différents degrés, sont compostables :

  • les déchets de cuisine : épluchures, marc de café, filtres en papier, pain, laitages, croûtes de fromages, fanes de légumes, fruits et légumes abîmés (sauf si ils ont été traités), sachets de thés, etc. ;
  • les déchets de jardin : tontes de gazon, feuilles, fleurs fanées, mauvaises herbes, etc. ;
  • les déchets de maison : mouchoirs en papier et essuie-tout, cendres de bois, sciures et copeaux, papier journal, cartons salis (mais non souillés par des produits polluants), plantes d’intérieur, etc. ;
  • les déchets agricoles : fumiers d’animaux (ne pas utiliser de fumier provenant d’un élevage «  »industriel » »), paille de blé, les aiguilles de conifères, etc.

Quelques déchets se dégradent plus difficilement et demandent quelques précautions :

  • les déchets très ligneux ou durs (tailles, branches, os, noyaux, coquilles, trognons de chou, etc.) qu’il vaut mieux broyer avant ;
  • les graines de certaines plantes (tomates, potirons et quelques mauvaises herbes) qui se maintiennent en vie lors du compostage et qui peuvent regermer. La viande peut tout à fait être compostée pour autant qu’on la mette hors d’atteinte des animaux et qu’elle soit placée en petits morceaux au centre du tas. Les coquillages et les coquilles d’oeufs ne se décomposent pas. Mais leur usure apporte des éléments minéraux tandis que leur structure facilite l’aération.

Les déchets à ne pas composter

Certains déchets ne doivent pas être mis dans le compost comme les plantes malades, la viande, le poisson, les produits laitiers, les excréments d’animaux domestiques, les « mauvaises herbes ». Plastique et tissus synthétiques, verre et métaux ne se dégradent pas. Il faut absolument les écarter pour obtenir un compost de qualité. On évitera aussi le contenu des sacs d’aspirateur, les poussières étant principalement d’origine synthétique ; les bois de menuiseries et de charpente, car presque toujours traités chimiquement, vernis ou peints ; la litière pour chat et les couches-culottes qui ne sont pas entièrement biodégradables. D’une façon générale, aucun produit chimique, huile de vidange, etc., ne doit être mélangé au compost.

Le mélange est nécessaire

On ne peut donc pas faire un vrai compostage avec une seule de ces catégories. Pour faire un bon compostage, il faut mélanger des catégories opposées :

  • les carbonés avec les azotés ;
  • les humides avec les secs ;
  • les grossiers avec les fins.

Pour réaliser ces mélanges, vous pouvez soit brasser les déchets dès le départ, soit les disposer en couches minces alternées si c’est possible.

Les techniques de compostage

Le compostage en tas

C’est le dispositif le plus simple si l’on dispose d’un grand jardin avec beaucoup d’arbres et de buissons, une grande pelouse et/ou d’un grand jardin potager. Cette technique consiste à regrouper les déchets directement sur le sol afin de former un tas d’une hauteur variable (0,5 m à 1,5 m en moyenne). Le principal avantage du compostage en tas est la souplesse et la facilité d’utilisation. Le compostage en tas convient à ceux qui disposent de place et n’ont pas beaucoup de temps à consacrer au compostage. Le manque d’arrosage est compensé par les pluies périodiques. L’aération naturelle est souvent importante et limite ainsi les risques d’asphyxie. L’évaporation relativement aisée peut aider à combattre l’excès d’eau. Mais le mieux est quand même de surveiller et de mélanger régulièrement votre compost.

Le tas de compost doit être placé sur un espace de terre grossièrement labouré pour éviter le compactage préalable du sol et pour permettre les échanges de décomposeurs, micro-organismes, vers, insectes, champignons,…. Dans un premier, une couche composée de matériaux grossiers tels que des tiges ou des branchages coupés en petits morceaux ou encore du broya doit être composée. Sur cette première couche, les déchets de cuisine et de jardins pourront être déposés.

Le compostage en tas n’a pas que des avantages, il est ainsi plus lent et moins esthétique que le compostage en bac. Le tas est à la merci d’animaux (chiens, chats, rongeurs, etc.) qui peuvent éventuellement être attirés par les épluchures, les os et la viande et autres restes de cuisine. Déposer les déchets frais au milieu du tas peut être une parade efficace. Le tas est exposé aux aléas climatiques, aux précipitations, au vent, à la sécheresse, au froid qui ont pour conséquence de rendre le processus irrégulier. Une surveillance régulière permet de pallier ces inconvénients. Par ailleurs, la vision d’un tas n’est pas du goût de tout le monde. Le compostage est un peu plus long : il faut de six mois à un an pour obtenir un compost mûr prêt à l’emploi.

Le compostage en bac

Un composteur, aussi appelé « bac à compost » ou « silo à compost », se présente sous la forme d’une structure en bois, en métal ou en plastique. Il contient un volume réduit de déchets à composter et limite les effets de surface tels que l’assèchement ou le refroidissement. Il peut être plus ou moins ouvert sur l’extérieur. Vous pouvez le mettre à l’abri des aléas climatiques et assurer une décomposition homogène pour l’ensemble de la masse. Les composteurs fermés placent les déchets hors de portée des animaux. Un composteur vous permet de fabriquer votre compost même si vous ne disposez que de peu de place. Le compostage peut être rapide (quatre à cinq mois). Il convient uniquement pour les petits volumes (jusqu’à 1 000 litres). Vous pourrez remédier à cette contrainte en utilisant plusieurs composteurs. Pour que le compostage en bac fonctionne correctement, il faut y consacrer du temps. Le fait que le composteur soit fermé ne signifie pas que le compostage se fasse seul. Il faut le surveiller fréquemment pour éviter des dérives (sécheresse, pourrissement nauséabond) qui sont irréversibles en l’absence d’intervention de l’opérateur. Le brassage est malaisé dans un composteur. Le plus simple est de le vider complètement et de le remplir en prenant soin de ne pas mélanger les déchets frais et le compost en maturation. Le mieux pour cela est de disposer de deux (ou plus) bacs : le premier pour les déchets les plus frais, le dernier pour la maturation du compost.

Conseils compostage

Aérer le compost

Au cours du compostage, les micro-organismes ont besoin d’oxygène. Ils sont asphyxiés si l’air ne circule pas dans la masse en compostage et remplacés par d’autres produisant du méthane, puissant gaz à effet de serre, et des gaz malodorants. Deux solutions sont à mettre en œuvre :

  • l’existence dans le mélange en compostage de matières grossières qui permettent une aération passive permanente des déchets ;
  • un brassage régulier (notamment au début du compostage lorsque l’activité des micro-organismes est la plus forte, puis tous les 1 à 2 mois). Pas d’inquiétude, c’est facile : une fourche et quelques minutes suffisent !

Le brassage permet non seulement de décompacter le tas et de l’aérer, mais aussi d’assurer une transformation régulière.

Surveiller l’humidité

Le compost doit être humide (comme une éponge pressée) mais sans excès. Trop d’humidité empêche l’aération, ce qui a pour conséquence de freiner le processus de compostage et de dégager des odeurs désagréables. Pas assez d’humidité : les déchets deviennent secs, les micro-organismes meurent et le processus s’arrête.

Il est facile d’arroser quand le compost est trop sec. L’assécher quand il est trop humide est un peu plus difficile. On pourra l’étaler quelques heures au soleil ou le mélanger avec du compost sec ou de la terre sèche.