Impact des aéronefs sur l’avifaune

Les régions difficilement accessibles par voies terrestres et qui servaient jusqu’à présent de refuges aux animaux sauvages sont de plus en plus fréquemment survolées par des appareils volants les plus divers (Ingold et al., 1993). La France ne fait pas exception à ce constat, le nombre d’aéronefs les survolant étant en augmentation constante au cours des dernières années. Or les aéronefs volant à base altitude peuvent influer sur le comportement, la physiologie et la répartition de la faune et avoir avec le temps une incidence sur une population en réduisant le taux de survie et la performance de reproduction mais aussi en provoquant l’abandon de certains territoires. Par conséquent, il est important de déterminer les aspects particuliers des survols qui ont une incidence sur les animaux afin d’élaborer des stratégies de gestion en vue de réduire les effets néfastes.

Type d’appareils

Une étude n’a remarqué aucune différence significative dans la sensibilité des rapaces selon le type d’appareil impliqué (avions ou hélicoptères). D’autres avancent toutefois un élément contraire puisque le Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) réagirait différemment selon le type d’appareil impliqué (réaction dans 11 % des cas à un survol d’avion de ligne, 40 % des cas par un hélicoptère et 55 % pour un petit avion).

Distance minimale de fuite

La bibliographie indique une distance de fuite moyenne de 60 à 400 m, avec dans la majorité des cas une distance de 150 m, pour plusieurs espèces d’aigles, de buses ou de faucons. L’Urubu à tête rouge (Cathartes aura, famille des condors) ne présente aucune réaction pour des hélicoptères situés de 31 à 310 m du nid. Les rapaces semblent moins dérangés lorsqu’un hélicoptère vole parallèle à la falaise et s’approche du nid graduellement. Alors que les oiseaux surpris soudainement par la présence d’un hélicoptère apparaissant à partir du sommet de falaise, montrent des réactions de paniques et d’envols.

Réaction des oiseaux – Conséquences

La réaction des oiseaux en cas de perturbation est variable : curiosité, hostilité, mais parfois crainte ou comportement de totale indifférence. Le stress occasionné par des perturbations trop fréquentes peut avoir un impact sur la reproduction de l’espèce. Les facteurs de stress sont de type sonore provoquant soit une réponse comportementale (envol), soit des dommages auditifs à l’oiseau ; de type visuel avec une réponse comportementale ; enfin soit physique avec une collision avec l’oiseau.

Les principaux impacts des survols sur des populations de rapaces peuvent seulement se produire dans la première saison de reproduction qui coïncide avec une nouvelle activité. Les conséquences envisageables pour la reproduction sont une chute du nid, de l’œuf ou du poussin lors de l’envol du couveur ; une prédation lors de l’absence de l’adulte ; un affaiblissement des individus ainsi qu’une dépense d’énergie supplémentaire pour les adultes nécessitant des prospections alimentaires supplémentaires et donc une absence accrue sur le nid ; et un recul du nombre d’individus nicheurs sur les zones impactées à la recherche de sites plus favorables pour la nidification.

Des auteurs nuancent toutefois ce constat estimant que la probabilité que les survols d’un nid provoquent la mort du poussin par hyper ou hypothermie est négligeable, et que l’éclosion prématurée d’un poussin suite au survol n’a jamais été observée chez les rapaces.

Habituation des oiseaux

On peut néanmoins se questionner sur un éventuel phénomène d’habituation des oiseaux aux passages répétés des aéronefs devant les sites de reproductions. L’habituation se traduit par une réaction réduite, voire nulle d’un individu à un évènement suite à son expérience.

Elle limiterait ainsi les réactions, et donc les échecs de reproduction en cas de passage d’un aéronef à une distance tolérée par l’espèce. Ceci a déjà été observé chez des espèces de hiboux et de faucons. Le phénomène prend généralement plusieurs jours si les perturbations sont régulières et un mois si elles ne sont pas fréquentes. Si aucun impact durant la période de reproduction n’est observé sur des oiseaux non habitués, on peut supposer qu’aucun impact ne se produira au niveau de la population. Des auteurs attribuent la différence de distance de réaction et de distance de fuite à une différence d’habituation, et non une différence inter individuelle.

Ce phénomène pourrait cependant varier en fonction de la fréquence et du type de perturbation, et notamment du type d’appareils impliqués. En effet, la notion de danger pour l’oiseau pourra différer en fonction de la perception physique du son émis par les aéronefs et de l’interprétation mentale de ce son. Chez l’homme, les facteurs affectant la perception du bruit sont notamment le contenu spectral (la gamme de fréquence acoustique) et la modulation de volume dans le temps. On peut donc émettre l’hypothèse que le bruit émis par un hélicoptère pourrait ne pas avoir les mêmes conséquences sur la réaction de l’oiseau que celui émis par un avion de chasse, ou qu’un simple deltaplane.

Ce phénomène d’habituation impliquerait donc que les jeunes individus reproducteurs pourraient avoir un succès de reproduction moindre de part leur inexpérience dans la reproduction mais aussi par le fait qu’ils ne sont pas encore habitués aux dérangements. Ils seraient donc susceptibles d’avoir des réactions plus marquées qu’un oiseau plus âgé, qui s’est adapté.

Mortalité chez les oiseaux

Outre les conséquences directes sur la reproduction, il est nécessaire de considérer les conséquences indirectes. C’est le cas des mortalités par collision qui entraînent une diminution des effectifs reproducteurs mais peuvent aussi provoquer un échec si l’un des deux individus du couple en est victime.

Cas du Faucon pèlerin

Il a été montré chez le Faucon pèlerin (Falco peregrinus), qu’il n’y avait pas de réaction manifeste dans la plupart des survols militaires (78 % des cas). Il y a cependant des différences marquées entre les nids non survolés et les nids survolés dans le soin aux oisillons. Les résultats ont varié en fonction de l’étape de la nidification et du sexe de l’oiseau (les femelles étant plus assidues aux nids en cas de dérangement que les mâles). Cet élément doit être pris en compte dans l’analyse des résultats.

L’absence de réaction constatée durant les dérangements observés pourraient résulter de la présence de la femelle sur le nid plutôt que celle du mâle (la femelle couve majoritairement l’œuf) si cette dernière est elle aussi plus assidue lors de dérangements. Outre la différence de comportement selon le sexe de l’oiseau, les réactions dépendraient également de l‘âge : les jeunes faucons étant par exemple plus sensibles que les adultes. Chez le Condor de Californie (Gymnogyps californicus), le bruit des aéronefs provoquerait l’envol des adultes. Ces derniers pourraient lors de l’envol casser l’œuf en s’envolant précipitamment, mais aussi abandonner le nid.

Enfin l’absence de réaction constatée peut également être à l’origine d’une variation interindividus comme chez le Gypaète barbu.

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