Les biocarburants

Actuellement, les combustibles fossiles fournissent la majeure partie des besoins énergétiques des pays industrialisés. Toutefois, les gaz à effet de serre qui en résultent affectent de manière dramatique les systèmes naturels via le changement climatique qu’ils provoquent. Par conséquent, de nombreux pays se sont fixés des objectifs de réduction des gaz à effet de serre et ont ratifié des accords internationaux pour la réduction des impacts des activités humaines sur les milieux naturels. Ces accords internationaux sont notamment le protocole de Kyoto pour le changement climatique et la Convention sur la diversité biologique concernant la perte de biodiversité.

Dans ce contexte, les biocarburants sont considérés comme une énergie renouvelable. Pourtant, de nombreuses études ont montré que non seulement les biocarburants n’apportent aucune amélioration mais leur impact pourrait être encore plus négatif sur l’environnement (mais également sur l’économie) que les combustibles fossiles.  

Qu’est-ce qu’un biocarburant ?

Un biocarburant est un carburant produit à partir de matériaux organiques non-fossiles, provenant de la biomasse.

Il existe actuellement deux filières principales : la filière huile et dérivés (biodiesel) et la filière alcool, à partir d’amidon, de cellulose ou de lignine hydrolysés.

Les biocarburants représentent par conséquent une alternative pour réduire notre dépendance aux combustibles fossiles, et ainsi limiter les émissions de dioxyde de carbone anthropiques.

Néanmoins l’intensification agricole et l’expansion des cultures sont un des principaux facteurs responsables de la modification des habitats, des changements environnementaux et de la perte de la biodiversité. Or la demande pour les biocarburants peut conduire à l’expansion de l’agriculture au détriment des habitats et de la biodiversité.

Biocarburant et émissions de gaz à effet de serre

Les forêts tropicales abritent plus de la moitié des espèces terrestres. Par exemple, les forêts de l’Asie du Sud-est sont parmi les pus riches en espèces mais également les plus menacées. Les forêts tropicales stockent environ 46% du carbone mondial résultat de la vie terrestre et 25% du carbone mondial résultat de la déforestation. Par conséquent, il y a une contradiction entre la destruction des forêts tropicales, véritable puits à carbone, pour la mise en place de zones agricoles à des fins de biocarburants (devant soit disant réduire les émissions de carbone).

Le Palmier à huile (Elaeis guineensis) est origine d’Afrique de l’Ouest et a remplacé le soja (Glycine max) comme l’oléagineux le pus échangé. La production mondiale d’huile de palme a augmenté de façon exponentielle au cours des 40 dernières années. Actuellement, 85 % de la production a lieu en Indonésie (43%) et en Malaisie (42%), des pays dont la perte annuelle de forêt tropicale est d’environ 2 millions d’hectares. L’augmentation de la demande mondiale en biocarburant pourrait favoriser une expansion rapide des plantations de palmiers à huile dans les forêts et les tourbières, couvrant une surface de plus de 27 millions d’hectares en Asie du Sud-Est.

Danielsen et al. montrent qu’il faudrait entre 75 et 93 ans pour que les émissions de dioxyde de carbone économisées par l’utilisation de biocarburants, compensent la perte de puisement du carbone par les forêts remplacées par les cultures. La durée augmente 600 ans si l’habitat d’origine était des tourbières.

La plupart des biocarburants ont une performance environnementale globale qui est pire que l’essence, bien que leur performance relative varie considérablement. Seuls les biocarburants produits à partir de déchets comme l’huile de cuisson recyclée, ou à partir de la biomasse ligneuse ont un impact environnemental meilleur que celui de l‘essence.

Impact sur la biodiversité

La conversion des forêts pour les cultures conduit à un appauvrissement significatif des communautés d’espèces. Ainsi la plupart des forêts forestières ont disparu et ont été remplacées par des espèces non forestières généralistes à faible importance pour la conservation. Les espèces affectées sont généralement des espèces ayant un régime alimentaire spécialisé, des espèces nécessitant des caractéristiques d’habitat particulières (ex : espèces nécessitant des grands arbres pour leur cavité). La flore présente au niveau des plantations a également été gravement appauvrie par rapport à celle des forêts. Les espèces nécessitant des conditions forestières (ombre…) sont les plus touchées.

Outre l’extinction de certaines espèces liée à la disparition de leurs habitats, les plantations peuvent affecter les milieux naturels de diverses autres manières. Ainsi, l’hydrologie des tourbières en bordure des plantations peut être affectée par le drainage des plantations. La construction de routes et l’urbanisation associée à l’expansion des cultures peuvent également contribuer à l’augmentation des gaz à effet de serre. Les écosystèmes aquatiques peuvent également être affectés par l’accumulation de sédiments dans les cours d’eau causés par l’érosion des sols et le ruissellement des engrais et pesticides issus des plantations. Les engrais et pesticides peuvent être utilisés en masse pour augmenter le rendement des productions agricoles.

Le remplacement des forêts à haute diversité biologique par des monocultures d’huile de palme afin de réduire l’utilisation des combustibles fossiles pourraient accélérer les changements climatiques et la perte de biodiversité. L’huile de palme n’est pas la seule culture impliquée dans ce problème, c’est le cas également des cultures de soja ou encore de canne à sucre qui sont également en pleine expansion dans les pays tropicaux.

Impact économique

Outre l‘impact des biocarburants sur le milieu naturel, qui nous intéresse plus particulièrement ici, il est indispensable de prendre en compte avant leur développement, les autres impacts indirects de leur mise en place. Ainsi, leur déplacement a provoqué une augmentation des prix de la nourriture et de l’eau. La FAO prévoit une augmentation du prix des produits alimentaires de 20 à 50 % d’ici 2016. L’utilisation croissante des céréales, du sucre, des oléagineux et des huiles végétales pour satisfaire les besoins d’une augmentation rapide de l’industrie des biocarburants serait l’un des principaux facteurs.

Conclusion

L’utilisation de biocarburants en remplacement des énergies fossiles devraient avoir des effets bénéfiques sur l’environnement dans les pays les utilisant. Mais on constatera par contre un très fort impact environnemental de ces biocarburants dans les pays les produisant sur l’environnement, avec notamment l’acidification des sols, l’utilisation excessive d’engrais, la perte de biodiversité, la pollution de l’air et la toxicité des pesticides.

Crutzen et al. indiquent que la production de biocarburants couramment utilisés, comme le biodiesel à partir du colza et le bioéthanol issu du maïs (maïs), contribue plus au réchauffement de la planète par les émissions de N2O qu’au « refroidissement » en évitant l’utilisation d’énergies fossiles. Ceci d’autant plus que lors de leur analyse, ils n’ont pas considéré l’utilisation de combustibles fossiles dans les exploitations agricoles, et l’utilisation d’engrais et de pesticides pour la production de biocarburants. Par exemple, l’étude montre que l’utilisation du biodiesel dérivé des graines de colza pourrait produire entre 1 et 1.7 fois plus de gaz à effet de serre que ceux produits lors de l’utilisation d’un diesel conventionnel. Pour le maïs, ce montant a été estimé de 0.9 à 1.5. Selon cette étude, cela indiquerait qu’il est peut-être mieux de continuer à utiliser de l’essence plutôt que cultiver et brûler des biocarburants. La canne à sucre cultivée pour biocarburant au Brésil, était la seule récolte reconnue comme ayant une balance favorable d’économie de gaz de serre et d’émissions, parce qu’elle exige moins d’engrais que d’autres cultures utilisées pour produire des biocarburants.

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