L’Himalaya : biodiversité, menaces, et conservation

On retrouve une grande diversité d’écosystèmes qui vont des prairies alluviales et des forêts de feuillus jusqu’aux prairies alpines au dessus de la limite des arbres. Des plantes vasculaires ont même été enregistrées au delà de 6000 m. Le hotspot abrite des populations importantes d’oiseaux et de grands mammifères, comme les vautours, les tigres, les élépéhants, les rhinocéros et de buffles.

Le hotspot de l’Himalaya s’étend sur un arc de plus de 3000 km de long. Il comprend tous les sommets de montagne situés plus de 8000 m d’altitude dans le monde. Cela comprend la plus haute montagne (le Mont Everest) ainsi que plusieurs régions avec les plus profondes gorges du monde.

Cette chaîne de montagne couvre une superficie de près de 750 000 km². Elle est divisée en deux :

  • L’Himalaya oriental : Népal, Bhoutan, Bengale occidental, Sikkim, sud-est du Tibet, Myanmar du nord.
  • L’Himalaya occidental : Kumaon-Garhwal, Cachemire et nord du Pakistan

Les importantes différences d’altitude des montagnes de l’Himalaya, passant de 500 à plus de 8000 m d’altitude ont provoqué une importante diversité d’écosystèmes qui vont des prairies alluviales (parmi les plus hautes du monde) aux forêts de feuilles subtropicales le long des forêts tempérées de feuillus, aux forêts de conifères dans les hautes collines et aux prairies alpines au dessus de la limite forestière.

Biodiversité

Les variations géologiques, climatiques, altimétriques, ainsi que la complexité topographique contribuent à la diversité biologique des montagnes le long d’axes est-ouest et nord-sud.

Flore

On retrouve dans le hotspot de l’Himalaya environ 10 000 espèces de plante dont 3 160 sont endémiques. On retrouve également 71 genres endémiques et 5 familles endémiques (Tetracentraceae, Hamamelidaceae, Circaesteraceae, Butomaceae et Stachyuraceae). La famille des Orchidaceae est celle qui abrite le plus d’espèces avec 750 espèces dont beaucoup d’espèces d’orchidées endémiques (la plupart ayant été découvertes récemment, d’autres espèces pourraient par conséquent être retrouvées). Dans l’est de l’Himalaya, on retrouve également une grande diversité de plantes comme le rhododendron, Primula, ou encore Pedicularis.

Malgré la présence de glace permanente à partir de 5500-6000 m d’altitude, on retrouve des plantes vasculaires se développant à ces altitudes. C’est le cas de plantes en coussin ou encore d’une plante d’éboulis de la famille de la moutarde, la Ermania himalayensis, retrouvée à plus de 6300 m d’altitude.

Faune

Oiseaux

Près de 980 espèces d’oiseaux ont été enregistrées dans ce hotspot, dont seulement 15 sont endémiques. La caille de l’Himalaya (Ophrysia superciliosa) appartient à un genre endémique du hotspot, cette espèce est en danger critique d’extinction.

Parmi les espèces endémiques, on retrouve le Faisan de Wallich (Catreus wallichii), le Tragopan de Hastings (Tragopan melanocephalus), le Torquéole de Mandell (Arborophila mandellii), le Turdinule des Mishmi (Spelaeornis badeigularis), la Mésange à gorge blanche (Aegithalos niveogularis) et le Bouvreuil orange (Pyrrhula aurantiaca).

Certains des plus grands oiseaux d’Asie vivent dans ce hotspot, la plupart étant d’ailleurs menacés par les activités humaines. C’est le cas notamment des vautours (Gyps sp.) qui ont subi une baisse spectaculaire de leurs effectifs après le traitement des bovins par du diclofénac (anti-inflammatoire). Les Calaos sont également menacés dans les forêts de feuillus par la destruction des arbres de nidification et le manque de sources de nourriture.

Les autres espèces phares du hotspot sont notamment le Canard à ailes blanches (Cairina scutulata), l’Héron impérial (Ardea insignis) et l’Outarde du Bengale (Houbaropsis bengalensis).

Mammifères

Environ 300 espèces de mammifères ont été recensées sur ce hotspot, dont une douzaine est endémique. Parmi les espèces endémiques, on retrouve le Semnopithèque de Gee (Trachypithecuc geei) présent dans une petite superficie de l’Hmalaya oriental, le Thar de l’Himalaya (Hemitragus jemlahicus) et le Sanglier nain (Sus salvanius) présent dans le Parc National de Manas. On retrouve également un genre endémique, l’Ecureuil volant (Biswamoyopterus biswasi), qui est en danger critique d’extinction.

Les mammifères présents dans les basses terres sont notamment des Langurs (Semnopithecus spp.), des Dholes (Cuon alpinus), des Ours paresseux (Melursus ursinus), des gaurs (Bos gaurus), et plusieurs espèces de cervidés comme le Cerf aboyeur (Muntiacus muntjak) et le Sambar (Cervus unicolor). Dans les montagnes, on retrouve des espèces comme le Léopard des neiges (Uncia uncia), l’Ours noir (Ursus thibetanus) et divers ongulés comme le Grand Bharal (Pseudois nayaur), le Takin (Budorcas taxicolor) et les mouflons (Ovis ammon). On retrouve dans les prairies alluviales les plus grandes densités de tigres (Panthera tigris) du monde. Dans le Brahmapoutre et le Gange, on retrouve des sites d’importance mondiale du Dauphin du Gange (Platanista gangetica), espèce d’eau douce.

Reptiles

175 espèces de reptiles ont été recensées sur ce hotspot dont plus de 50 sont endémiques. Toutefois les effectifs pourraient être plus importants, peu d’études ayant été réalisées. Un seul genre endémique est connu, représenté par une seule espèce de lézard (Mictopholis austeniana).

Amphibiens

105 espèces d’amphibiens sont présentes dont 40 sont endémiques. La plupart de ces espèces sont des grenouilles ou des crapauds, mais il existe deux espèces de caeciliens dont l’un (Ichthyophis sikkimensis) est endémique et se retrouve dans le nord de l’Inde et l’extrême Est du Népal à des altitudes de 1000 à 1500 m.

Poissons d’eau douce

270 espèces de poissons occupent le hotspot donc 30 sont endémiques. On les retrouve dans l’Indus, le Gange et le Brahmapoutre. Les trois familles les plus diversifiées parmi les 30 familles présentes sont les Cypirnidae (93 espèces dont 11 endémiques, carpes), les Balitoridae (47 espèces dont 14 endémiques, loches) et les Sisoridae (34 espèces dont 4 endémiques, poissons chats).

Les menaces écologiques

Malgré l’éloignement et l’apparente inaccessibilité de l’Himalaya, ce hotspot n’a pas été épargné par une perte de la biodiversité. Une présence humaine dans les montagnes de l’Himalaya existe depuis des milliers d’années. L’augmentation du marché mondial a incité les populations à puiser davantage dans les ressources naturelles de la région et a encouragé l’immigration et la circulation dans la région. L’homme est par conséquent de plus en plus dans les écosystèmes les plus productifs qui sont également les plus riches en biodiversité.

La population est encore en croissance dans le hotspot et continue de déboise massivement les forêts et d’exploiter les prairies pour les cultures. Les abattages illégaux d’arbres sont essentiellement situés sur des pentes abruptes, ce qui entraîne une sévère érosion des sols.

Bien que la majorité des cultures ait lieu à moins de 2000 m d’altitude sur les pentes exposées à la mousson, on retrouve au-delà des cultures d’orge, de pomme de terre ou encore de sarrasin dans les vallées intérieures. Ces zones peuvent également être défrichées l’été pour le bétail en utilisant le feu, ce qui constitue une menace supplémentaire pour la biodiversité.

Les vastes zones d’habitat naturel restant dans le hotspot sont fortement dégradées. Le surpâturage par le bétail domestique (bovins, yaks) est très répandu dans les basses terres et les écosystèmes alpins.

La flore des prairies alpine a été de plus surexploitée pour la médecine traditionnelle. Il en est de même pour les arbres qui sont surexploités pour le bois de chauffage ou l’exportation.

Enfin, le braconnage représente aussi une sérieuse menace pour plusieurs espèces du hotspot comme le Léopard des neiges (Uncia uncia) ou le Petit panda (Ailurus fulgens) qui sont recherchés pour leur fourrure.

Conservation et zones protégées

133 000 km² (soit environ 15%) du hotspot sont concernés par une mesure de protection dans la région de l’Himalaya dont 78 000 km² par des zones protégées rentrant dans les catégories I à IV de l’UICN.

Les premières aires protégées ont été mises en place au début du 20ème siècle pour assurer le rôle de sanctuaire de la faune. La plupart des aires n’ont été mise en place que récemment. Ainsi les parcs nationaux de Corbett, de Manas, de Kaziranga, de Chitwan et de Sagarmatha constituent des sites d’importance pour leur contribution à la conservation d e la biodiversité.

Dans le nord-est de l’Himalaya côté indien, un réseau d’aires protégées a été créé et abrite d’importantes populations d’éléphants et de tigres. Au Népal, 21 zones protégées couvrent une superficie de 26 000 km².

Au sein du Bhoutan, les parcs ont peu fait pour la conservation de la biodiversité. La plupart des parcs du royaume sont situés sur de vastes zones de roches et de glaces permanentes. Neuf aires protégées (5 parcs, 3 sanctuaires de la faune, 1 réserve naturelle intégrale) couvrent 26% de la superficie totale des terres du royaume. Depuis 1999, 9% des terres ont été rajoutées sous forme de 12 corridors biologiques permettant de relier les parcs et les réserves pour assurer le transit d’espèces comme les tigres ou les léopards des neiges qui suivent le mouvement saisonnier des proies.

Néanmoins, un grand nombre de zones protégées de l’Himalaya, notamment dans les basses terres le long des versants exposés au sud, sont trop petites pour maintenir des populations viables d’espèces menacées. Des efforts devraient être de plus faits pour accroitre les actions de conservation dans les zones adjacentes. De plus, parmi les aires protégées, 17% d’entres elles sont situées à travers les zones de montagnes de l’Himalaya constituées de roches et de glaces permanentes qui sont biologiquement pauvres. Le réseau des aires protégées doit donc être élargi afin qu’il protège au mieux la biodiversité sur le long terme.

Les investissements financiers pour la conservation de la biodiversité dans le hotspot proviennent principalement des gouvernements, des organismes bilatéraux et multinationaux, et des ONG internationales et régionales. Le Fond pour l’environnement mondial (FEM), Le Programme de développement des nations unies (PNUD), la Banque mondiale, l’Union européenne (UE), l’Agence Danoise pour le développement international (DANIDA), le WWF et la fondation MacArthur soutiennent des projets visant à améliorer la gestion des aires protégées, la gestion des ressources naturelles.

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