Polynésie-Micronésie : biodiversité, menaces, et conservation

Ce hotspot est composé de 4500 îles réparties dans le sud de l’océan Pacifique. 25 espèces d’oiseaux ont disparu de ce territoire depuis l’arrivée des européens il y a 200 ans. Les espèces sont victimes à la fois des espèces introduites envahissantes et de la chasse excessive. 

Ce hotspot incluse toutes les piles de la Polynésie et de la Micronésie, en plus des îles Fidji. Il est ainsi dispersé à travers 40 millions de km² dans l’Océan Pacifique. Près de 4500 îles de 11 pays sont incluses dans le hotspot. Ce dernier est l’un des plus petits en termes de superficie avec seulement 46 288 km². Il s’étend de l’archipel des Mariannes et de Palau au nord-ouest à l’île de Pacques à l’est, et d’Hawaï au nord aux îles de Cook, Tonga et Niue dans le sud.

Sur le plan géologique, les îles de la Polynésie et de la Micronésie sont composées d’ilots rocheux, d’atolls coralliens, d’îles calcaires surélevées et d’îles volcaniques comme c’est le cas à Hawaï, Fidji. Une activité volcanique est toujours présente sur les îles d’Hawaï, de Tonga, de Samoa et les îles Mariannes du Nord.

Un large panel d’écosystèmes est présent dans ce hotspot, qui abrite par exemple 12 biomes principaux de végétation. Le plus répandu est celui des plantes tolérantes au sel présentes le long du rivage de la plupart des îles du Pacifique. On retrouve également de la végétation telle que les mangroves, les zones humides côtières, les forêts tropicales, les forêts humides, les savanes, les forêts claires et des formations arbustives.

Une biodiversité unique et menacée

La présence de beaucoup d’écosystèmes insulaires et l’aire de répartition géographique très étendue ont conduit à un taux d’endémisme très important.

Flore

Il existe environ 5330 espèces de plantes indigènes originaires de Polynésie – Micronésie, dont plus de 3070 sont endémiques. On retrouve notamment une famille endémique aux îles Didji, les Degeneriaceae incluant l’espèce Degeneria vitiensis qui est d’un intérêt scientifique élevé grâce à ces critères floraux primitifs. Sur l’île d’Hawaï, on note un taux d’endémisme très important avec 87 % des plantes vasculaires endémiques. Sur cette dernière île, on retrouve par exemple un group de cinq espèces endémiques d’Argyroxiphium qui pousse sur les pentes des volcans.

Malheureusement, beaucoup de ces plantes sont fortement menacées. Par exemple, sur Hawaï, on retrouve aujourd’hui plus d’espèces invasives que de plantes indigènes. Plus de la moitié de la flore indigène restant sur Hawaï présente moins de 5000 individus. Au moins 14 espèces n’ont plus qu’un seul individu à l’état sauvage, et 46 espèces n’ont plus qu’entre 2 et 10 individus sauvages.

Faune

Oiseaux

Les oiseaux sont les principaux vertébrés terrestres présents dans ce hotspot. Ce dernier abrite 290 espèces d’oiseaux dont 160 sont endémiques. Le nombre d’espèces endémiques était autrefois 25 % plus important, mais ces espèces ont disparu suite à l’arrivée des européens sur l’île. Ce taux d’endémisme s’explique par l’isolement insulaire et la diversité topographique des îles. En plus d’une diversité spécifique, on note également une diversité à l’échelle du genre avec environ un quart des genres présents qui sont endémiques.

Mammifères

Les seuls mammifères terrestres indigènes de Polynésie sont 15 espèces de chauve-souris dont 11 sont endémiques. La plupart des espèces de chauve-souris endémiques sont présentes dans les îles élevées comme les îles Mariannes, Palau, Chuuk, Pohnpei, Yap, Samoa, Fidji ou Hawaï. La Chauve-souris à face de singe des Fidgi (Pteralopex acrodonta) est une des espèces de roussettes les plus primitives dans le monde. C’est le mammifère endémique de Fidji.

Le phoque moine hawaïen (Monachus schauinslandi) est une espèce nicheuse endémique dans ce hotspot. Il se reproduit principalement sur îles hawaïennes du nord-ouest. On estime la population à 1.500 individus.

Reptiles

On retrouve plus de 60 espèces de reptiles indigènes terrestres en Polynésie dont 7 espèces de serpents, le Crocodile marin (Crocodylus porosus) et plus de 50 espèces de lézards. Plus de 30 espèces de reptiles sont endémiques. Cette faune reptilienne est presque entièrement d’origine indo-pacifique, à l’exception de deux espèces d’iguanes : Iguane à bandes de Fidji (Brachylophus fasciatus) et l’Iguane à crête de Fidji (Brachylophus vitiensis) qui sont tous les deux endémiques des îles Fidji.

On retrouve également dans ce hotspot des geckos du genre Lepidodactylus. Ces derniers sont parthénogéniques, cela signifie qu’ils se « reproduisent » par parthénogénèse et donc qu’ils n’ont pas besoins de mâles pour se reproduire. Ils peuvent ainsi coloniser de nouvelles îles plus facilement.

Outre les 30 espèces endémiques de ce hotspot, on retrouve également deux genres e reptiles endémiques : le genre Brachylophus et le genre Ogmodon représenté par une seule espèce : le serpent des Fidji (Ogmodon vitianus). Cette espèce est membre de la famille des cobras.

Amphibiens

Seules trois espèces d’amphibiens sont indigènes du hotspot. Ce sont toutes les trois des espèces de ranidés du genre Platymantis. Deux espèces sont endémiques des îles Fidji, la grenouille arboricole des îles Fidji (Platymantis vitiensis) et la Grenouille de Palau (Platymantis pelewensis) qui est endémique de Palau.

Poissons d’eau douce

On ne retrouve pas de véritables poissons d’eau douce indigènes. Toutefois près de 100 espèces indigènes se trouvent dans les eaux douces à l’âge adulte (alors qu’ils sont en milieu marin au stade larvaire), dont 20 sont endémiques. Les Gobiidae et les Eleotridae représentent ainsi les groupes les plus importants de poissons d’eau douce du hotspot. Beaucoup d’entre eux sont d’ailleurs limités à une seule île ou à un groupe d’îles.

Invertébrés

La diversité des invertébrés en Polynésie-Micronésie est élevée pour certains groupes, notamment les escargots terrestres, qui sont une des caractéristiques dominantes des écosystèmes insulaires du Pacifique. Sur les 13 grandes familles autochtones d’escargots terrestres sur les îles du Pacifique, quatre sont endémiques du Pacifique central. Les îles d’Hawaï abritent plus de 763 espèces, dont 748 sont endémiques. Les îles Samoa ont 99 espèces indigènes, dont 64 sont endémiques.

Menaces écologiques

En raison de leur isolement et leur taille réduite, les écosystèmes des îles de la Polynésie-Micronésie sont extrêmement vulnérables à la dégradation des habitats et à l’introduction d’espèces envahissantes. Les espèces de ce hotspot sont parmi les plus menacés dans le monde, à cause de ces deux menaces. On y retrouve également les taux d’extinction des espèces les plus élevés du monde, notamment en ce qui concerne les oiseaux et les reptiles.

Les activités humaines sont sources de menaces pour la biodiversité depuis au moins 3000 ans. Les premiers colons ont ainsi introduit plusieurs plantes et animaux dont ils se servaient pour l’alimentation, la médecine, les matériaux de construction ou encore à des fins ornementales. Ils ont également converti les terres à des fins agricoles et ainsi conduit de nombreuses espèces d’oiseaux et de reptiles à l’extinction.

Les perturbations anthropiques ont conduit au fil des années à la création de savanes, de prairies et de forêts secondaires dans tout le hotspot. Les petites îles sont particulièrement touchées par la conversion de la végétation naturelle en végétation anthropique. Dans certaines îles du Pacifique, il ne reste quasiment plus aucune trace de végétation naturelle à cause de la pression humaine très importante. A Fidji, l’exploitation forestière a touché presque toutes les forêts de plaine. Globalement, les effets combinés de l’agriculture, de l’exploitation forestière et le développement n’ont laissé que 21 % de la végétation originale de la région, dans un état plus ou moins intacte. L’urbanisation croissante entraine également une dégradation environnementale supplémentaire.

L’isolement a rendu les milieux insulaires extrêmement vulnérables aux espèces exotiques envahissantes, en particulier l’introduction de prédateurs. Les espèces insulaires ont évolué depuis des millions d’années en absence de prédateurs, par conséquent l’introduction de rats, cochons, chèvres, chats ou encore mangoustes ont eu un effet dévastateur sur les populations de petits vertébrés sur de nombreuses îles. Dans certaines îles, des oiseaux sont également menacés par le paludisme aviaire qui a été introduit via des espèces de moustiques exotiques. Certaines espèces non indigènes de fourmis et d‘escargots ont également été très destructeurs lors de leurs introductions. La fragmentation des habitats augmente la puissance de dégradation des plantes et espèces animales envahissantes.

Les autres pressions sur le milieu naturel résultent de la chasse et du piégeage des chauves-souris. La surexploitation des oiseaux et des chauves-souris peuvent être particulièrement préjudiciables, car ces espèces agissent souvent comme pollinisateur et source de dispersion des espèces végétales indigènes. Une autre menace est le feu, qui est souvent utilisé pour défricher la terre. La montée des océans due au réchauffement climatique est une préoccupation majeure pour les atolls de faible altitude qui sont menacés de disparaitre complètement avec la montée des eaux.

Mesures de conservation et zones protégées

Au moins 356 zones protégées existent en Polynésie-Micronésie, qui couvre 18.722 km² de terre et de mer. Près d’un tiers de cette superficie se trouve à Hawaï. Excluant Hawaï, environ 154 de ces aires protégées sont terrestres, ce qui représente environ 6,7 %de la superficie de la zone.

La plupart des fonds actuels utilisés pour la conservation de cette région proviennent de subventions relativement modestes, issues essentiellement de la Banque Asiatique pour le développement et de divers organismes des Nations Unies, mais également de gouvernements comme ceux de la Nouvelle-Zélande, l’Australie, le Japon, la France ou les Etats-Unis. Les pays les moins développés souffrent d’un manque de capacité à mettre en œuvre des projets de conservation.

Au cours des derniers millénaires, le Pacifique a sans doute perdu plus d’espèces que n’importe quel autre territoire de la planète. Ainsi, des efforts de coordination à l’échelle régionale et la création de zones protégées sont nécessaires pour protéger la biodiversité. Un partage des informations et de la lutte contre les menaces communes est nécessaire, telles que les espèces exotiques envahissantes. Un exemple peut être la translocation d’espèces menacées d’une île abritant des espèces exotiques vers une île voisine qui est en dépourvue, le temps que l’île initiale voit ses espèces envahissantes éradiquées.

Une meilleure connaissance de la biodiversité du hotspot est nécessaire pour orienter les politiques de conservation. Certaines espèces sont particulièrement sous-étudiées comme les escargots terrestres ou les chauves-souris.

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