Le puffin cendré

Le puffin cendré

Le Puffin cendré (Calonectris diomedea) est le plus grand oiseau pélagique, de la famille des Procellariidés, nicheurs d’Europe. Son plumage du dessus est brun à gris brun, celui de dessous blanchâtre, le cou et la tête sont gris. Il possède un grand bec jaune rosé, clair à sa base, sombre à son extrémité et pourvu de narines tubulaires.

Cet oiseau possède de longues ailes souples et étroites, gris brun dessus et blanches bordées de brun dessous. Les parties supérieures sont gris brunâtre. Le ventre et la poitrine sont blancs, avec les côtés de la poitrine, le cou et la tête gris sale. Le bec est jaune rosé pâle avec une tache sombre à l’extrémité. Il n’y a pas de dimorphisme sexuel. L’aspect des juvéniles est semblable à celui des adultes.

  • Taille : 45-56 cm
  • Envergure : 100-125 cm
  • Poids : 700-800 g

Zones de répartition naturelle du puffin cendré

L’aire de répartition du Puffin cendré en Méditerranée s’étend des îlots de Grèce aux îles Zaffarines (Espagne), sur près de 150 sites. Les trois-quarts des effectifs sont concentrés dans le canal de Sicile. En Atlantique, le Puffin cendré se reproduit sur les îles Açores, Madère et Canaries. Enfin, on retrouve une troisième sous-espèce au niveau du Cap Vert. 

En France, le millier de couples reproducteurs de Puffin cendré recensé occupe 25 sites, dont plus de la moitié se localise en Corse. Les principales colonies françaises sont les îles Cerbicales et Lavezzi, en Corse ; et les archipels d’Hyères, du Frioul et de Riou, en Provence. La population européenne de l’espèce est estimée entre 270 000 et 290 000 couples. La plus grosse population est retrouvée au niveau des Azores avec 188 000 couples. Les îles Canaries hébergent 30 000 couples, Madeire entre 16 000 et 25 000 couples, l’Italie entre 15 000 et 18 000 couples. La France héberge entre 970 et 1200 couples dont 220 à 250 couples sur l’Archipel de Riou, 200 à 250 couples sur l’archipel des îles d’Hyères et entre 590 et 715 couples en Corse répartis sur 17 sites.

    Biologie

    Écologie

    Le Puffin cendré est un oiseau marin pélagique, qui passe la majeure partie de sa vie en mer, revenant à terre uniquement pour la nidification. Il niche dans les zones tempérées, sur les îles ou les côtes rocheuses de la Méditerranée et de l’est-Atlantique. Le Puffin cendré se reproduit aussi bien sur des petites îlots de quelques kilomètres carrés que sur de grandes îles, du niveau de la mer jusqu’à 435 m d’altitude.

    Comportement

    L’espèce ne revient à terre que pour les besoins de la nidification. C’est un oiseau nocturne qui est fortement influencé par la clarté lunaire. L’espèce est grégaire tout au long de l’année. Elle niche dans des colonies de tailles variables qui peuvent être parfois mixtes (Puffin yelkouan (Puffinus yelkouan) par exemple). Les individus se regroupent en mer pour pêcher avec des congénères ou d’autres oiseaux marins. Ils forment ainsi parfois au large de vastes « radeaux » de plusieurs milliers d’individus qui attendent la nuit pour retourner sur les sites de reproduction. Entre septembre et mars, les puffins cendrés quittent leurs aires de nidification. Les populations méditerranéennes quittent la Méditerranée et rejoignent les populations atlantiques en passant par Gibraltar entre mi-octobre et mi-novembre. Certains individus hivernent au large des côtes orientales de l’Amérique du Nord ou de l’Amérique du Sud. D’autres descendent vers le sud et atteignent ainsi l’Afrique du Sud et l’océan Indien. Des individus erratiques ont été signalés en Nouvelle-Zélande.

    Reproduction

    La saison de reproduction démarre entre la mi-mai et début juin. Le Puffin cendré niche sur des substrats variés (îles plates, rocailleuses ou falaises) dans des cavités, des grottes, des terriers qu’ils creusent lui-même ou qui sont déjà creusés (par des lapins par exemple). L’espèce peut également nicher dans des trous de murs de bâtiments humains. La nidification dans un terrier lui assure une protection contre les prédateurs. La femelle pond un seul œuf que les deux parents vont incuber pendant 52 jours. Les jeunes seront nourris par les deux parents, une seule fois par nuit. Ils prendront leur envol après 89 jours. Le Puffin cendré est un oiseau marin longévif (jusqu’à 24 ans) à maturité sexuelle tardive (entre 5 et 13 ans).

    Régime alimentaire

    Le régime alimentaire se compose essentiellement de poissons, de calmars, de crustacés et occasionnellement de planctons. Contrairement à d’autres espèces de puffins, il capture ses proies en surface et non en plongeant. Il profite souvent des bancs de thons ou d’espadons qui ramènent des proies en surface pour les capturer. Il peut également profiter des rejets de la pèche industrielle et récupérer des poissons rejetés à la mer par les chalutiers.

    Menaces

    Les effectifs sur les colonies françaises sont stables depuis la fin du 20ème siècle. La situation est identique en Méditerranée, excepté sur l’île de Gozo (Malte) qui semble être la seule en déclin à cause du braconnage en mer et sur les sites de reproduction. Le Puffin cendré est confronté à une multitude de menaces que ce soit à terre (sur ses sites de nidification) ou en mer lors de la recherche de nourriture. Une des principales menaces affectant l’espèce semble être les invasions biologiques et l’action négative de ces prédateurs introduits aux différents stades biologiques. Les rats noirs (Rattus rattus) occasionneraient ainsi une prédation sur les œufs et les jeunes poussins, les chats harets (Felis catus) sur les adultes et notamment les individus prospecteurs et le Lapin de Garenne (Oryctogalus cuniculus) provoque un effondrement des terriers de nidification lors de la construction de galeries. Les captures accidentelles d’adultes par les filets de pèche et les palangres représentent la principale menace de l’espèce en milieu marin.

    La menace représentée par les palangres a été identifiée plus récemment, notamment au niveau du golfe du Lion, dans le détroit de Bonifacio, en Italie et dans les eaux maltaises. A ces captures accidentelles, il faut rajouter également l’impact négatif des pêches sur les populations de proies de l’espèce. On pourrait également citer comme menaces les dérangements sur les sites de nidification par les activités touristiques, l’urbanisation côtière en Méditerranée, les dérangements lumineux et sonores à proximité des sites de nidification, la menace de déversements d’hydrocarbures en Méditerranée suite à une augmentation du trafic maritime, le réchauffement des eaux Méditerranéenne…