L’hippopotame, nouvelle cible privilégiée du commerce d’ivoire

L’hippopotame, nouvelle cible privilégiée du commerce d’ivoire

Immergé dans l’eau la majeure partie de la journée afin de résister aux fortes chaleurs, l’hippopotame n’est pas un mammifère facile à observer, et cela vaut peut-être mieux. En dépit de son image d’animal lourdeau et pacifique, l’espèce semi-aquatique sait en effet faire preuve d’une agressivité et d’une agilité insoupçonnées, qui lui valent d’être considéré désormais comme l’animal le plus dangereux d’Afrique. 

On ignore également souvent qu’il joue un rôle écologique essentiel dans les plans d’eau qu’il fréquente, en remuant le fond des rivières au fil de son passage et en les enrichissant de ses déjections. Si l’hippopotame amphibie adulte n’a guère de prédateurs naturels, à la différence de l’hippopotame nain, les deux sous-espèces font face depuis quelques années à un effondrement spectaculaire de leurs populations du fait de la réduction de leur habitat et du braconnage pour leur viande ou leur ivoire, maintenant que la chasse à l’éléphant est un peu plus réglementée.

  • Apparence : corps massif, membres court, peau épaisse, petites oreilles rondes plantées sur le haut du crâne
  • Longueur du corps : de 330 à 520 cm
  • Longueur de la queue : environ 56 cm
  • Hauteur au garrot : 150 cm
  • Poids : de 1500 à 1800 kg
  • Longévité : 40 à 50 ans
  • Distribution : Kenya, Ouganda, Tanzanie, Mozambique, Zambie
  • Régime alimentaire : herbes, plantes aquatiques, charognes dans de rares cas, suite à une carence nutritionnelle

Zones de répartition naturelle de l’hippopotame

Après avoir occupé par le passé de larges territoires à travers l’Afrique y compris en Egypte, en Afrique du Sud ou en Mauritanie, les populations d’hippopotame se concentrent aujourd’hui essentiellement au Kenya, en Ouganda, au Mozambique, en Zambie, en Tanzanie ou au Botswana. D’autres groupes, plus réduits, fréquentent également le Soudan, ou la République Démocratique du Congo.

L’habitat du mammifère inclut toujours un point d’eau, rivière, lac ou marais de mangrove, dans lequel l’hippopotame passera la majeure partie de ses journées, ne s’aventurant dans la savane qu’au crépuscule, pour se nourrir.

Pourquoi les hippopotames sont-ils en voie de disparition ?

Décimé par la chasse depuis les années 1990, l’hippopotame fait désormais face à d’autres menaces qui se sont accrues ces dernières années, telles que la perte de son habitat et le braconnage pour son ivoire.

Entre 128 000 et 148 000 individus vivent encore aujourd’hui en Afrique.

La chasse et le braconnage

Dans les années 1950 déjà, le braconnage pour l’ivoire de leurs canines entraînait la mort de milliers d’hippopotames et la demande s’est encore accélérée avec l’interdiction du commerce de l’ivoire d’éléphant, en 1989. Perçu comme un signe de richesse et de statut social, l’ivoire transformé en objets divers a été le point de départ d’un commerce international intense qui a gagné jusqu’à l’Europe, bien que la vaste majorité des exportations se fassent à destination de l’Asie du Sud-Est.

L’Ouganda et la Tanzanie sont particulièrement frappés par le braconnage, mais les échanges commerciaux avec la Zambie, le Zimbabwe ou le Malawi ne cessent d’augmenter.

D’un autre côté, l’hippopotame est également recherché pour sa peau et pour sa viande par les tribus locales chez qui l’élevage n’existe pratiquement pas mais aussi par certaines régions d’Afrique centrale qui voient dans la viande de brousse un mets délicat. 

La demande est telle aujourd’hui qu’aucune mesure de protection n’a pour l’heure été réellement efficace.

La perte de son habitat naturel

La croissance des populations humaines a toujours pour conséquence l’augmentation des besoins en terre et en eau, et la réduction des espaces naturels occupés par la faune. Bon nombre de pâturages fréquentés à l’origine par les hippopotames ont été convertis en terrains agricoles augmentant les conflits entre l’Homme et l’animal à proximité des points d’eau notamment.

Au Kenya par exemple, il semble que l’agriculture soit à l’origine de 63% des conflits de ce type.

La proximité entre l’Homme et l’animal

L’hippopotame ne fait pas la différence entre les plantes sauvages et les plantations installées par l’Homme et il n’est pas rare que l’animal engendre d’importants dégâts aux cultures.

Si certaines méthodes non violentes ont été mises en place dans certaines régions pour éloigner le mammifère importun, celui-ci est plus fréquemment tué par les populations locales d’autant que sa présence, potentiellement dangereuse, effraie.

Ce sont en partie ces nombreux conflits avec les humains qui retardent l’émergence de plans de conservation, d’autant plus que l’hippopotame ne trouve que peu de soutien à l’échelle internationale en dépit des nombreuses menaces auxquelles il est confronté.

La Zambie, où se concentre une large part de l’espèce, annonçait ainsi il y a quelques années la mise en place d’un plan de régulation conduisant à l’abattage de 2000 hippopotames. 

Les initiatives en faveur de leur protection évoquent aujourd’hui la nécessité pour les pays concernés par le braconnage d’étendre l’interdiction du commerce de l’ivoire à l’ivoire d’hippopotame, tel que l’applique déjà l’Ouganda. Des mesures aux résultats mitigés pour l’heure, puisque la demande alimentant le marché noir ne faiblit pas.

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